j'observe oleg de loin, sur la plage. j'sais plus comment agir, avec lui, et ça m'trouble. pourtant, rares sont les choses qui me troublent. après un long moment, j'vais le rejoindre. j'sais pas s'il m'a remarqué, mais mes cheveux roses ne sont pas très communs, donc j'imagine que oui. j'dis un timide « oleg. » puis j'souris sur le même ton, après avoir levé ma main dans les airs en guise de salutation.

je l'ai vu de loin depuis plusieurs minutes déjà et je sais qu'elle me regarde. je fais semblant de ne pas l'avoir vu et je me concentre totalement sur le cours que je suis en train de donner à des petits enfants. je suis fière d'eux, ils apprennent vite et ils démontrent qu'ils veulent en savoir plus. je souris et le cours se termine. je les laisse partir et nollie vient me rejoindre. - salut nollie, ça va ? je lui fais un sourire tout en la saluant de la main aussi et je sers les cahiers et tout.

« oui. » un oui assez discret, à vrai dire. j'suis timide. ça ne me ressemble pas. j'veux pas le brusquer, ou peut-être que j'veux pas être folle, comme d'habitude. peut-être que j'veux tout simplement pas le perdre. y'a un p'tit silence. pas si petit que ça, en fait. « et toi? » fake sourire. « ton cours s'est bien passé? »

je pense à sa question quelques secondes et je remarque son petit sourire qui est tout sauf vrai. - oui, ça s'est bien passé, j'avais de nouveaux élèves. et s'il te plait nollie, pas de faux sourire avec moi. comme si je ne l'a connaissais pas assez. je range une à une les petites planches et je me retourne vers elle. - qu'est-ce que je peux faire pour toi ? je souris.

« ooh.. cool. » il m'reproche mon faux sourire, mais j'suis incapable de faire autrement. j'hausse les sourcils, mais je ne réplique rien. il range les planches miniatures, puis j'trouve ça ma foi très mignon. il me demande ce qu'il peut faire pour moi.. et ça m'frustre. « comment ça? j'peux plus aller voir personne pour aucune raison, maintenant? vous vous êtes passés le mot? »

j'enfile un t-shirt quand elle me reproche de lui avoir demandé si elle voulait un truc, j'hausse les épaules. - je sais pas, ça fait plus d'une semaine qu'on s'est pas parlé, je fais seulement me demander. je m'assis sur le sol et je sors un cartable pour préparer mon cours de demain.

il est si.. détaché. comme l'autre de villerey. mon estime a maaal. très mal. la fille orgueilleuse que je suis déteste ça. j'fronce les sourcils. « eh bien non. j'voulais te voir, c'est tout. c'est normal, non? t'es mon meilleur ami, tout d'même. n'est-ce pas?! »

- ouais, même si je crois que c'est plus tout à fait ça depuis que je t'ai dit que je t'aimais.

j'lève mes deux bras dans les airs. « GÉNIAL. j'suis seule au monde, comme c'est classe. » fruuuustration 101, quand même la personne qui a toujours été là n'est plus.. là comme on l'voudrait. j'me retourne, puis j'marche sur le sable pour partir. mais j'me retourne encore, pour lui faire face. ceci-dit, j'sais pas quoi dire. j'ai rien à dire. et ça m'fruste davantage. alors j'fronce des sourcils, j'lance des éclairs, puis j'me rererereretourne pour continuer mon chemin.

- je crois que tu savais que t'allais me perdre un peu en couchant avec moi. je la laisse partir, car je peux rien faire de plus, elle sait déjà tout. même si ça fait mal.

- c'est pas grave nollie, c'est pas grave. et t'es pas stupide.

oleg, c'est l'type le plus calme que j'ai jamais vu d'ma vie. et moi, j'suis pas calme. ça non. j'suis en colère. « ah non. évidemment que j'suis pas stupide. c'est pour ça qu'j'ai personne. personne. »

- t'es pas toute seule, si t'arrêtais seulement de te rabattre sur un mec qui démontre rien pour toi, si t'arrêtais de faire en sorte que notre relation soit pas pareil comme avant en me parlant des mêmes choses, si t'arrêtais seulement d'être agitée et de devenir folle, et je dis pas ça pour être méchant. peut-être que ça irait mieux.

j'vais te tuer, pour ça, oleg. le 'folle' m'blesse profondément. j'm'assois sur le sable. faudrait pas que j'gueule. c'est qu'les folles qui gueulent. j'ai les larmes aux yeux. j'lui fais le mauvais doigt.

je détourne le regard lorsqu'il me fait un mauvais doigt. je soupire et je me mords la lèvre, car je sais que même si j'ai précisé que ce n'était pas méchant, ça lui a fait mal. je me lève et je m'assis à côté d'elle. - désolé, j'aurais pas du dire ça.

il s'assoit à côté d'moi, alors que j'regarde toujours devant. même si y'a rien à regarder. « tu l'penses. et tu m'connais mieux que quiconque. cool. »

- t'es pas folle, t'es seulement ... j'agite mes bras en l'aire en criant comme une fille.

il réussit à m'faire sourire. un peu. j'passe rapidement mes bras autour de sa taille puis j'le sers. « chhhh. shut up. t'vas passer pour un fou. »

je passe mon bras au tour de ses épaules en souriant. - on s'en fou. tu m'as manqué.

- attends que je réfléchisse, tu parles de jazz ?

« jazz? j'connais pas de jazz. » fake sourire, le retour. « on s'en fout. on s'fout de tout. en fait. »

- je continue de croire que tu devrais aimer quelqu'un d'autre, et je parle pas de moi.

« tu l'connais pas, oleg. » soupire. « c'est moi. c'est moi, qui est trop. trop trop. »