j'en pouvais plus d'hubert. sincèrement, ça avait beau être un de mes frères, j'arrivais plus à le supporter. et j'avais le choix que de l'endurer, vu que j'avais encore moins envie d'aller vivre chez maman. même en sachant qu'il y avait ollie. mais là, ce soir, c'était pas possible. c'est pour ça que j'avais envoyé un message à jazz. pour savoir si c'était envisageable que je vienne squatter chez eux pour la nuit. voilà l'avantage d'avoir neuf frères, presque autant de possibilités de fuite. après sa réponse affirmative, j'm'étais empressée de faire mes affaires pour la nuit. une fois ça fait, je préférais sortir de la maison et attendre sur le perron. j'descendais les escaliers jusqu'à la porte, sac à la main et me donnais juste la peine de lui lancé un : j'm'en vais ! avant de claquer la porte derrière moi, sans attendre aucune réponse. et j'm'asseyais là, devant la porte, attendant jazz avec impatience.

j'suis pas sûr de tout comprendre là, en fait, à c'qu'il se passe avec ellie. mais j'ai juste compris qu'elle a besoin d'un toit pour ce soir, et ça c'est pas un soucis, la porte est toujours ouverte, elle le sait bien. comme pour tous les autres, c'est sûr. j'enfile vite un t-shirt, mes pompes et je monte en voiture pour aller la chercher. et elle est déjà par terre devant chez papa avec son sac. elle monte dans la voiture et je démarre aussi sec pour repartir. qu'est-ce tu lui as fait subir à c'pauvre hubert ? j'souris en coin. j'sais qu'elle va me dire que c'est lui, pas elle. j'sais bien.

depuis qu'on est revenus en australie, qu'on est tous éparpillés, j'me sens plus à l'aise. j'ai l'impression que j'ai pas réussi comme mes frères, à retrouver une place. encore plus quand je me retrouve face à hubert. limite le descendant le plus parfait de notre père. et ça m'énerve. et je peux rien dire, parce qu'ils comprendraient pas. même ollie, il sait pas. donc je reste juste moi même, la princesse ellie qu'a rien d'une princesse. et ça perturbe personne. pendant que je pense à tout ça, jazz finit par arriver avec sa voiture. donc je me presse de rentrer à l'intérieur, histoire de quitter au plus vite cette maison pour la nuit. mais j'peux pas m'empêcher de sourire à la remarque de jazz. c'est vrai que généralement, c'est plutôt moi qui est au démarrage de mes coups de gueule avec hubert. la question est donc légitime. ce soir, pour une fois, rien. c'est juste l'accumulation des petites prises de tête quotidienne. je me contente de dire ça, en haussant des épaules avant de lui adresser un léger sourire. je minimise, je mens un peu. mais il comprendrai pas.

j'lui demande le pourquoi du comment, mais dans l'fond j'suis pas trop sûr que j'vais réussir à comprendre parce qu'on s'entend assez bien avec hubert, en fait. puis, j'suis même pas sûr d'avoir envie de savoir, parce que c'est juste une querelle et qu'on en a tous eu entre nous et que tout va finir par s'arranger après, de toute façon. mais elle m'dit que c'est rien, que c'est une accumulation, puis j'la comprends. ça arrive, ouais. boh. ça ira mieux demain, alors. ouais, tout ce qu'il lui faut c'est une soirée loin de lui. et donc à l'appartement avec nous, c'est très bien. bien mieux que si elle n'avait rien dit à personne pour aller jenesaisoù. ouais, clairement. et pourquoi tu vas pas chez maman alors ? y a ollie, en plus. en plus, ouais. ollie c't'un très bon argument, vu qu'ils sont toujours fourrés ensemble depuis toujours.

je me sens mal rien que le fait de lui mentir, j'ai pas l'habitude de vraiment mentir à mes frères. je garde des choses pour moi, j'omets des choses, mais je ne leur mens pas. mais je sais que dire la vérité, ne sert pas toujours. et dans ce cas là, je sais que ça ne servirai pas à grand chose. j’acquiesce quand au fait qu'il présume que ça ira mieux demain. t'as raison. mais je n'en suis pas certaine, parce qu'il y a ce fossé entre nous et plus les jours passent, moins on arrive à se comprendre. et pis là, la question tant redouté. avec l'argument de choc qui suit, que tu peux pas vraiment contrer. j'me crispe un peu sur moi même. c'est vrai que ça doit paraître plus qu'étonnant que j'ai pas choisi de vivre avec ollie. vu comme avec ollie, on est les deux doigts de la main. lui même, il a pas trop compris. mais il accepte, sans me demander pourquoi. c'est compliqué. je passe une main dans mes cheveux avant d'ajouter. si j'te disais pourquoi, tu comprendrais pas forcément. je préfère être honnête sur ça, sans vouloir envie de lui en donner plus.

elle m'dit que j'ai raison mais j'veux dire, bien sûr que j'ai raison ahah. c'est pas nouveau voyons, j'ai toujours raison. je suis jazz de villerey et j'ai un égo surdimensionné, bonjour. mais vraiment, j'veux dire c'est sûr que ça ira mieux demain. ça va toujours mieux le lendemain. ou presque. mais j'me pose cette question, quand même, de savoir pourquoi elle va tout simplement pas chez maman. ça serait teeeeeeellement plus simple. puis elle m'sort que c'est compliqué et que j'vais pas comprendre. tss. tu prends ton frère pour un débile ou quoi ? j'saaaais que j'suis pas toujours le plus intelligent mais quand même. j'ris un peu, j'l'agresse pas non plus. mais j'suis pas débile, ça va. explique, j'pense pouvoir comprendre quand même. t'façon c'est trop tard, elle a commencé, elle finit.

je crois que j'me suis loupée sur la réponse, j'aurai jamais du répondre ça. dès les premiers mots de ce qu'il rétorque, je sais que j'ai eu tord de formuler les choses de cette manière et je me mords les doigts d'avoir loupé mon coup. j'ai un sourire forcé à sa petite blague sur l'intelligence. c'est pas vraiment ça que je pontais du doigts. rien à voir avec l'intelligence ou la logique, j'te rassure sur le coup. et il enchaîne. il a envie d'en savoir plus, ce qui est limite légitime. mais je me sens pas d'avouer tout ce que je garde en moi depuis le retour d'honolulu. j'ai pas envie de parler de ça, jazz. mais je sais que si je me contente seulement de répondre ça, ça va pas seulement suffire et qu'il va sûrement insister pour que je lui dise le véritable fond du problème. je sais pertinemment que tu comprendrai pas, parce que ça me ressemble pas. c'est vrai, même moi je me reconnais pas trop dans cette rancoeur contre ma mère. mais je peux pas m'empêcher de la ressentir.

elle me dit que c'est pas en rapport avec l'intelligence, et j'm'en doutais bien, en même temps. je sais bien qu'elle va pas me dire que j'suis un débile, même si, ahahah, parfois c'est bien vrai. mais quand même, j'me demande vraiiiiiiment c'qui va pas. surtout qu'elle me dit qu'elle n'a pas envie d'en parler. j'me sens presque engueulé quand elle dit ça, alors j'baisse les armes un temps. okay, okay, calm down ellie, on n'en parle pas. et puiiiiis elle rajoute que ça lui ressemble pas et j'hausse les épaules. ouais, on fait tous des trucs qui nous ressemblent pas, enfiiiiin presque. ouaiiiiis, c'est sûr que j'me mettrais pas à devenir comme hubert moi, doooonc finalement j'fais pas de trucs qui me ressemblent pas. peu importe. je gare la voiture devant l'appartement et rentre à l'intérieur pendant qu'elle m'suit. bon, tu connais les lieux, j'sais pas si charles et dallas sont là ce soir, t'as qu'à prendre un de leur lit au cas. ou alors le canapé, ou n'importe où hein. j'vais dans la cuisine, ouvre le frigo. une bière ? j'attends pas sa réponse, j'en sors deux et lui en tends une. booon ça va, on va pas dormir maintenant. mais j'lâche le morceau. pour l'instant. ahahaha.

je me sens mal rien que d'effleurer le sujet, je me sens mal de le repousser. mais je préfère qu'on laisse ce sujet de conversation de côté, qu'on oublie que la petite ellie a pris la décision la plus improbable qui soit et que c'est pas normal, la connaissant. justement, il est là le fond du problème. alors je suis soulagée, quand jazz lâche finalement l'affaire. merci. que je lâche simplement avant un nouveau sourire forcée. je l'écoute poursuivre et je me demande si il a raison. c'est un jour dans notre vie, on prends tous des décisions qui nous ressemblent pas. si tu le dis. je sais pas trop quoi penser là dessus, alors je me contente juste de lui donner à demi raison. c'est vrai que si on m'avait dit que je prendrai ce genre de décisions quelques mois plus tôt, j'aurai rigolé. mais maintenant, ça me laisse matière à réfléchir. avec tout ça, j'avais à peine remarquer qu'on était arrivé. je sors de la voiture, sac à l'épaule et je le suis à l'intérieur de l'appart. j’acquiesce à ses mots, avant de lui demander, un sourire espiègle sur les lèvres. lequel de leur deux lits n'a accueilli personne ces derniers jours ? tant qu'à faire. ouais tant qu'à faire, je préfère dormir dans un lit à peu près propre. et éviter d'imaginer quoi que ce soit qui me couperait l'appétit. j'attrape la bière et l'ouvre, avant d'en boire une gorgée. merci. au fait, tu t'apprêtais à faire quoi de ta soirée ?

j'laisse tomber la question, la conversation, puis on monte dans l'appartement vu qu'on est déjà arrivés. j'lui propose une des chambres et elle m'pose cette question qui m'fait éclater de rire. euh ? aucuuun ? ahahahaha. noooon sérieusement, elle s'attendait vraiment à un lit qui n'ait accueilli personne ? ahahah. j'te change les draps tout à l'heure t'inquiète. ouais bon quand même, j'vais pas la faire dormir dans.. ça. puis j'lui tends une bière qu'elle prend et on trinque. j'avance au canapé. y avait une soirée, mais y en aura d'autres c'est pas un soucis. j'hausse les épaules. un peu d'calme ça doit faire du bien, non ? oui, sans doute que oui. ceci dit, on peut sortir s'tu veux. mais n'pense même pas à c'que j'te mène à la soirée ma petite, c'paaaaas pour toi ça ahaha.