souffler sur les braises.✤ wimogen ♥

Voilà à peine quelques semaines que je suis revenue ici et déjà je dois replonger dans mes douloureux souvenirs. Ma mère a eut la brillante idée de m'inscrire à une rencontre de groupe pour les gens ayant vécut des traumatismes. J'me suis braquée comme un animal sauvage, n'ayant aucunement envie d'exposer mon histoire à la face du monde, mais en voyant le regard de ma mère et son désir si grand de m'aider à surmonter tout ça, je n'ai pas pu dire non. Alors, me voilà marchant dans le long corridor, on peut entendre le clappement démesuré de ma chaussure thérapeutique sur le sol. Une chaussure qui m'aide à supporter ma jambe fragilisée. M'arrêtant, je constate que la séance semble déjà commencée, génial. J'inspire un grand coup et je frappe à la porte doucement trois petits coups, j'attend patiemment qu'on m'ouvre et l'aider de me sauver en courant me traverse l'esprit, mais je sais très bien que le temps que j'essaie de courir, l'éducateur aura le temps de m'arrêter. Finalement, on m'ouvre j'affiche un maigre sourire que l'éducateur me rend en me demandant; « Tu es probablement Imogen. Rentre, on vient de commencer.» J'acquisse et il me laisse entrer, je remarque ces yeux qui sont braqués sur moi et mon coeur palpite à une vitesse folle. Il m'incite à m'asseoir et je viens m'asseoir sur une des chaises libres, je détaille les gens assis là. Comme moi, ils ont vécut probablement des choses horribles je déglutis et balais les yeux la salle, lorsque soudainement mon coeur loupe un battement, je reconnais ce regard familier, je manque soudainement de salive. Lui ici, c'est pas possible...

je joue nerveusement avec mon crayon, les gens arrivent, les gens se regardent et puis, il y a moi, sur la chaise seule au fond du cercle, même si un cercle c'est infini. je reconnais la moitié des gens, il y a des nouveaux aussi. le responsable de la séance s'occupe d'une jeune femme en panique. soupire. on recommence, séance après séance, je me répète sans cesse. et ça commence. cahier en main, crayon en main, j'attends, le responsable parle, je ne l'écoute pas, mon regard se porte sur cette fille qui rentre, cette fille que j'aimais, cette fille que mon coeur réclamait, cette fille que j'ai frappé, cette fille a qui j'ai fait du mal. elle me voit, mon coeur pleure. j'écris, trois petites lettres. - hey. elle ne sait pas, je ne sais pas, pourquoi es-tu ici imogen ?

Je me demande encore pourquoi je me retrouve assise dans cette pièce devant ses visages que je ne connais pas du tout. Ma gorge est sèche, j'ai juste envie de disparaître de me retrouver ailleurs dans un pays imaginaire peut-être? Alors que mon regard flotte dans la pièce, je le remarque assis non loin de moi. Celui que j'aimais en secret alors que j'étais dans les bras d'un autre, celui qui me faisait rêvasser à un avenir meilleur. Je ne sais pas quoi dire, j’ai l’impression de n’entendre qu’un bourdonnement de la voix de l’éducateur comme s’il provenait d’un avenir lointain. Soudainement, il s’empare soudainement de son crayon et écrit un simple mot, un mot anodin et qui pourtant me décroche un doux sourire. Je suis ravie de le voir, ça fait tellement longtemps. Je me rends compte qu’après l’accident j’ai laissée affreusement de gens derrière moi, des gens auxquelles je tenais énormément d’ailleurs et Woody en faisait partie. « Salut.» Dis-je simplement, dans un murmure. Mon expression laisse témoigner un questionnement, que fais-tu ici Woody? Pourquoi fais-tu partie des gens qui viennent à cette rencontre. Que sait-il passé pour que tu commences à souffrir toi aussi, alors que tu étais un garçon tellement souriant et plein de vie. C’est vrai, tu n’étais pas celui qui se démarquait dans la bande, t’étais plutôt du genre à observer et battre en retrait avec cette ombre mystérieuse dans le regard, cette ombre qui me faisait rougir secrètement alors que souvent nos regards se croisaient durant de longues secondes qui semblaient durer une éternité. Je m’apprête à ouvrir la bouche, mais l’éducateur s’adresse à moi ce qui me fait réaliser la raison de ma venue ici; « Étant donné que tu es nouvelle, pourrais-tu te présenter au reste du groupe s’il te plaît?» Mes yeux se détachent de Woody et regarde l’auditoire qui m’observe comme s’il était un prédateur et moi une proie vulnérable. Je m’humecte les lèvres et je me racle la gorge avant de briser le silence; « Bonjour, je m’appelle Imogen Lloyd et j’ai vingt-et un ans.» Que veulent-ils savoir de moi? Je n’ai pas envie de m’ouvrir, pas aujourd’hui, pas maintenant. Mais, je tente quand même d’offrir un doux sourire à ces gens qui feront partis de mon quotidien pour les prochaines semaines.

je sais pourquoi que tu es ici imogen. une soirée, un mec trop amoureux est partie, il a volé de cette soiré et toi tu as volé haut dans le ciel, frappé par cette voiture, voiture qui était mienne. mais tu ne le sais pas, c'est à cause de moi que tu es ici imogen et c'est à cause de tout ça que je suis ici. je me suis puni en ne parlant plus. tu es toujours une aussi belle fleurs. alors qu'elle parle, je m'amuse à écrire des petits commentaires ici et là, ta présence m'aide, ta présence me rend joyeux, tu es la personne dont j'avais besoin, tu me fais voler. et puis, je suis toujours amoureux de toi, je viens de m'en rendre compte, mais je n'ai pas droit de t'aimer, je t'ai fait du mal, je t'en ai fait pour le reste de ta vie. - tu vas bien ? je lève haut pour que tout le monde voit ce que j'ai écrit. je souris, je suis fière et je souris à toi imogen, tu le sais à quel point j'étais amoureux de toi, mes yeux parlaient, mon coeur te criait ces mots d'amour. et toi, tu étais avec un autre. l'éducateur me regarde. - alors vous vous connaissez woody ? j'hoche la tête tout en continuant de regarder imogen dans les yeux. - imogen, d'où vous vous connaissez ? il la regarde et puis moi, je baisse le regard vers mes pieds. je me concentre sur sa réponse et ça me fait sourire.

Encore une fois, il griffonne une simple question dans son carnet. Est-ce que je vais? Oui je crois, y'a des moments où ça ne va pas du tout. Où je resterais coucher toute la journée à pleurer et me plaindre de mon sort et le lendemain, j'arbore un sourire et une force incroyable. Comment je vais aujourd'hui? C'est la question à laquelle je dois m'attarder, aujourd'hui, seulement aujourd'hui. « Ça va et toi?» J'ai toujours ce sourire discret au coin des lèvres, c'est toujours comme ça avec Woody. Il me faisait sourire lorsque je n'avais pas le moral, il était toujours là discret à veiller sur moi. Il le faisait plus que mon petit copain aurait pu le faire durant toutes ces années. Puis, soudainement l'éducateur prend la parole en s'adressant à Woody en lui demandant si nous, nous connaissons. Je pose mes yeux sur l'éducateur et m'endosse correctement sur ma chaise, ses yeux me rendent nerveuse. Puis finalement, il s'adresse à moi, me demandant d'où on se connait. Mes yeux se posent un moment sur Woody qui a baissé les yeux sur ses pieds, moi et Woody c'est une longue histoire. Je ne sais pas par où je pourrais commencer je décide d'y aller dans la simplicité de toute façon c'est la seule chose que je réussis à faire correctement; « On fréquentait la même bande au lycée Woody et moi.» Dis-je avec un doux sourire remplie de nostalgie, c'est dingue ce que je redonnerais pour retourner à cette période de ma vie où tout était parfait, ou j'avais des projets futurs pleins la tête. Des rêves d'adolescente, diriez-vous, mais j'y croyais. « Nous faisions partis d'une bande de mousquetaires.» Annonçai-je avec un petit rire nerveux alors que je remarque certaines personnes assises à écouter mon récit, sourire amusé. Je remarque le sourire de Woody qui se dessine sur son visage de manière discrète. L'éducateur acquisse à mes confessions et je pose un moment mes yeux sur mes doigts avec lesquelles je joue par habitude. « Tu joues encore de la musique?» Me demande ensuite l'éducateur, il l'a probablement lus dans mon dossier, j'acquisse doucement. Ça fait pas longtemps que j'ai renoué avec cet amour à vrai dire. J'avais pas la force suite à mon accident c'était douloureux pour moi de retomber dans mes vieux souvenirs, puis finalement j'ai repris où je l'avais laissée et je me suis rendue compte qu'elle ne m'avait pas vraiment laissée, cette passion. « J'ai recommencée depuis peu.»

mon sourire commence à disparaître, il s'en va loin dans la tristesse, plus elle parle, plus je me rends compte que tout ça n'existe plus par ma faute, parce que je n'ai pas su être attentif, parce que j'ai pas su être responsable. elle pourrait être heureuse, elle pourrait voler loin au lieu d'être une prisonnière de réunions. mon regard se pose du mon cahier, mes yeux se remplissent d'eau. je me lève alors qu'imogen parle de sa musique. l'éducateur me prend le bras, je me défais de son emprise, je disparais dans le couloir jettant mon cahier loin, très loin dans le couloir. main dans mes cheveux, je prends une grande respiration, c'est tout ce qui sort de ma bouche. j'écris sur papier, j'écris en brisant mon crayon, en brisant la mine. - pardon. et je le montre à cette personne qui sort de la pièce, je ne veux pas montrer mes larmes, je ne veux pas montrer ma colère. tu es calme woody.

Voilà, que je dois reparler de mon passé en quelque sorte. Mais étrangement, tout se passe plutôt bien mieux que je le pensais. L'éducateur m'écoute hochant parfois la tête signe qu'il m'écoute, les autres aussi m'écoutent alors que je parle de ma musique, de mes inspirations musicales également. Puis soudainement, je le vois se lever de son siège s'apprêtant à quitter la pièce. L'éducateur tente de le retenir en l'interpellant mais ce dernier s'échappe de son emprise et quitte les lieux. Tout les gens dans la salle se jettent un coup d'oeil surprise par cette réaction soudaine. Même moi, je suis surprise par tout ça, aussitôt l'éducateur prend la parole en disant; « C'est l'heure de la pose. Si vous désirez, il y a du jus et des biscuits. Servez-vous. » La plupart des gens se dirigèrent vers les tables où sont disposés les choses, quant à moi je me lève et me dirige vers l'éducateur en demandant; « Vous me laisseriez aller lui parler?» L'éducateur jette un regard vers la porte et fini par accepter ma requête. Je fais demi-tour et m'empare de deux gobelets contenant un truc à boire, puis je pousse la porte du local. Je le remarque seul dans le corridor. Il montre son bout de papier avec le simple mot "pardon" d'écrit dessus. Je lui tend un gobelet en disant; « C'est l'heure de la pose, j'ai pensée que ça te ferait du bien.» Je porte mon gobelet à mes lèvres et je le dévisage, il a pleuré ses yeux sont rougis par les larmes. Mon coeur se serre dans ma poitrine quand je le vois dans cet état. Étrangement, je ne lui demande pas de s'expliquer. Je demeure là, dans ce corridor désert avec lui tentant de le soutenir comme je peux.