j'suis assis sur le bord de la fontaine, les deux pieds dans l'eau. j'fais que regarder l'eau, et non tous les gens qui doivent me dévisager actuellement. je sors finalement de là, puis prends mes souliers dans mes mains pour pas les tremper. je lève le regard puis le re-dirige automatiquement au sol lorsque je le vois. j'dis rien. tout simplement.

Je vois le parc, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui, j'ai envie de passer par le parc, peut-être parce que le décor devient trop familier, peut-être parce que c'est plus rapide passer par ce chemin, peut-être parce que j'ai envie de retourner m'enfermer dans mon appartement. En marchant, je le croise, il est là, il m'a vu, je le sais. J'ai le coeur qui me sert tellement, j'ai envie de pleurer comme une merde, mais je passe à côté de lui sans rien lui dire. - Tu me manques ... J'ai le coeur près des lèvres et me retourne pour le regarder.

alors que je l'entends me dire que je lui manque, je deviens davantage mal à l'aise puis j'admire mes pieds. je suis encore silencieux, mais je sens son regard sur moi. j'essuie mes pieds contre mes jambes, puis je les glisse dans mes souliers. j'sais qu'il est là, encore. « toi aussi. toi aussi tu me manques. mais ça changera rien. » j'me sens méchant. très méchant.

J'ai cette envie de le prendre dans mes bras, de l'embrasser devant tout le monde, de lui dire je t'aime, de lui crier, mais en fait, c'est plus possible. Que deux semaines, et je suis déjà achevé. Sa phrase me tue plus qu'autre chose, je baisse le regard, me retenant pour ne pas me mettre à pleurer. - Si au final ... Keilana ne m'avait pas menti sur le fait qu'elle ... les avait perdu ... est-ce que tu m'aurais ... laisser bien avant ? Je sers les poings, voilà, je me retiens, coeur sensible.

« tu sais que ce n'est pas que pour ça. » j'ai le coeur brisé en parlant de la sorte. j'ai l'coeur brisé parce que j'suis trop, beaucoup trop froid. « ça ne fonctionnera jamais, entre nous, nemo. »

Il me tue à l'intérieur, j'ai envie de partir, mais mes pieds restent là, comme si j'avais la petite espoir qu'il me dise que c'était une connerie. - Pourquoi ... tu m'as dit oui quand je t'ai demandé ... de m'épouser ? Je renifle.

je voulais prendre de l'air en venant au parc. j'crois que je vais m'isoler chez moi pour les prochains mois. « parce que j'croyais sincèrement que nos disputes d'enfants cesseraient. »

- Nos disputes d'enfants ... tu m'as laissé à cause des enfants ... tu m'as laissé à cause que je n'ai pas bien pris ton histoire ... avec Enimie, avec Baptiste ... Mr. Gingles ... tout ... mais je croyais que t'étais heureux avec moi, qu'on était heureux ... Voilà, je me mets à pleurer comme une merde.

j'ai les larmes aux yeux lorsqu'il se met à pleurer. j'veux plus vivre ça. « c'était terminé avec enimie! j'savais même pas que c'était ta soeur, je l'ai jamais su, et j'ai pas de putain de machine à remonter dans le temps pour aller modifier le passé! mais t'as trouvé le moyen d'être en colère, t'as trouvé le moyen de m'en vouloir, t'as ouvert la porte à une dispute, et j'ai fait de même au sujet de tes enfants, pour aucune raison, parce qu'on ne se dispute JAMAIS pour des raisons valables! j'ai pas eu raison de t'en vouloir, t'as pas eu raison de m'en vouloir, on a pas eu raison de se disputer, mais on l'a fait quand même, comme si on ne cherchait qu'à s'en vouloir, pour mieux s'aimer après. écoute nemo, des relations passionnelles, ça fait mal, très mal. »

Ferme-là Yann, arrête de parler. Peut-être qu'il a raison, on s'engueulait seulement pour se retomber dans les bras, pour se rendre comptent qu'on s'aimait trop. - Tu voulais quoi ? Que je me ferme les yeux, que je te dise ... ce n'est pas grave ? Tu voulais que je fasse disparaître mes enfants ? Que je ne te parle pas, que tu ne me parles pas ? C'est ça AIMER Yann ... On se serait pris la tête des millions de fois ... encore et encore ... Je me passe la main sur le visage pour essuyer les larmes.

« non nemo. ce n'est pas ça, aimer. mais de toute manière, je n'ai plus envie d'aimer. » j'veux plus aimer, jamais. c'est tout.

- Tu m'aimes plus ? Je me remets à pleurer.

je pourrais dire non, mais je n'y parviens pas. ce serait mentir, tout simplement. « nemo .. dis pas des conneries. »

Alors vient me prendre tes bras, si tu m'aimes. Je ne dis rien, je me contente seulement de pleurer encore plus. - On ... est sensé faire ... nos vies sans l'autre maintenant, après une année ... après tout ça ... wow ... Des gens nous regardent, mais je m'en fiche.

- J'ai pas l'intention ... de revenir avec Keilana ... ni demain ... ni dans dix ans. Je voulais ... Je prends une pause et dirige mon regard vers le sol. - Je voulais ... qu'on les élève ensemble ... que tu fasses partie ... de leur vie ...

je serre les dents. « j'sais pas comment élever un enfant. j'suis pas fait pour être père. pas tout de suite, parce que j'ai même pas encore appris ce que j'serais censé leur enseigner. »

- Tu croyais que moi ... j'étais prêt à élever deux enfants ... ? Deux semaines ... et j'ai encore de la difficulté à changer des couches ... C'est une étape ... que je croyais qu'on allait pouvoir franchir, comme les autres ... Nemo, père de deux enfants, voilà.

« j'en sais rien. » mon regard mouillé se dirige vers lui. « bonne journée. » puis je me retourne et marche vers.. nul part.

Il part, je reste surpris, j'ouvre la bouche, mais rien ne sort. Je le laisse partir, je fais un pas en avant, j'arrête. - Reviens. C'est à peine si je le murmure. Je reste là, ne le quittant pas des yeux, je ne sais pas pendant combien de temps.

je l'entends me demander faiblement de revenir, puis je me fige. incapable de me retourner, mais surtout incapable d'avancer. je reste là longuement, à lutter contre mon esprit. puis je continue d'avancer.

Il part, il continue son chemin, il ne s'arrête plus. Je me mets en mode panique, j'avance rapidement vers lui, mais au bout de quelques secondes je m'arrête à nouveau. - Yannie, si tu continues ... je vais savoir que c'est réellement ... terminé ... J'ai de la difficulté à avaler.

je m'arrête de nouveau suite à son commentaire. mon coeur tente de prendre le dessus sur la raison, et ça fonctionne quasiment. je ne bouge pas et ne me retourne pas, car j'ai peur de le voir, tout simplement. « tu veux faire quoi, nemo? prendre un café et parler de la pluie et du beau temps peut-être? »

- J'ai juste envie ... que tu me dises que ce n'est pas terminé ... que demain matin je vais pouvoir me faufiler dans ton lit et continuer de te prendre ... dans mes bras, t'entendre me dire ... je t'aime ... déjeuner ensemble. J'ai l'impression d'être une fillette qui a besoin de se faire consoler, j'ai mal.

« j'suis désolé. » puis j'avance sans m'arrêter, cette fois.