all i had. (s&s)

il s'est passé trop de choses ce soir. trop de choses, en si peu de temps. j'suis incapable de réfléchir correctement, car oui, j'suis vachement en colère. plus que jamais. j'suis sur la route pour aller chercher la petite. oui, j'ai peur. j'ai peur qu'elle parte avec elle. j'suis parano, excessivement parano. dans un état lamentable, tout en étant très à jeun. j'arrive, j'cogne très fort à la porte. j'ai pas peur de déranger. non. même si j'suis chez ma ex belle-mère. j'attends. impatiemment.

je me réveille doucement, avec l'un des mal de têtes les plus terrible de la planète. je vois mon portable allumé, je vois shane, j'entends la porte cognée trop fort. je lis toute la conversation. je pleure de panique et je vais chercher directement edie, je m'excuse à elle, je lui dis que je regrette tout ce que j'ai dit, que je ne le pensais pas, je la sers contre moi. il peut pas me l'enlever. - sid, shane est là et il semble en colère. - maman, s'il te plait, j'ai fait une connerie, il vient chercher edie, aide-moi. elle ouvre la porte, je me cache derrière elle, tenant la petite contre mon corps.

la porte ouvre finalement. il était temps. elle est là, cachée derrière sa mère. avec edie. j'lance un regard de feu, qui veut tout dire. « je viens chercher edie. tu t'en doutes. » froid. sèche. mais je n'ajoute rien.

je sors de ma cachette. - je ne te laisserais pas partir avec elle avant qu'on parle.

« parler de quoi? tout a été dit. » non, je ne marchanderai pas.

- j'avais bu shane, je paniquais tellement, pas une seule seconde j'ai pensé tout ce que j'ai dit à propos d'edie, donc, non, je te la laisse pas. je ne pleure plus, je reste de marbre.

j'vais mine d'être soulagé. « aaaaaah.. t'avais bu. pardon, hein. » moment de silence. « je me FICHE de c'que t'as pu boire, sid. »

je donne edie à ma mère, je la laisse partir un peu plus loin dans la cuisine. - j'en ai plus rien à foutre de ce que tu penses, de ce que tu te fiches ou pas, de ce que t'aimes ou pas, si t'as mal ou pas, j'en ai plus rien à foutre. le seul truc qui m'importe aujourd'hui, maintenant, c'est que tu m'enlèves pas ma fille pour une connerie comme ça, pour des trucs que je pensais même pas et pour des trucs que je regrette encore, j'aime ma fille, je vais jamais la quitter et je la regrette encore moins. le seul truc que je regrette c'est d'avoir eu un bébé AVEC TOI ! PAS ELLE !

les mots font mal. très mal. cette dernière phrase me percute de plein fouet. « une connerie comme ça.. une connerie comme ça. tu penses peut-être que c'est PAS GRAVE de dire que tu vas te casser? tu penses peut-être que c'est SANS PUTAIN D'IMPORTANCE de vouloir l'amener en europe avec toi pour un dernier moment entre mère et fille? comme si j'étais juste le type qui allait servir de gardienne une fois que tu seras partie, comme si je n'étais pas son père? » colère. colère excessive. « tu t'attendais à quoi? que je redevienne le shane d'autrefois au moment où tu m'as appris que t'étais enceinte, peut-être? eh bien, sincèrement DÉSOLÉ d'être le père d'edie! j'suis DÉSOLÉ aussi d'être le père qui va s'occuper d'elle une fois que tu ne seras plus là, j'suis DÉSOLÉ d'avoir bien voulu que tu m'aides, DÉSOLÉ d'avoir pris mes responsabilités, DÉSOLÉ d'aimer edie plus que ma propre vie, de vouloir sa SÉCURITÉ et son BONHEUR. » j'prends deux secondes pour respirer. « j't'ai soutenu, quand j'ai appris que t'étais atteinte du sida. j'suis resté avec toi. j'ai espéré pour toi. ça a jamais été facile, de vivre avec l'idée que t'allais mourir, sid. comme toi comme pour moi. eh bien j'suis DÉSOLÉ d'être dans un état assez terrible à supporter pour toi pour que tu regrettes que j'sois le père d'edie. »

- tu crois que c'est pénible juste pour toi, c'est ça que je trouve triste dans toute cette histoire, t'as même pas vu les efforts que j'ai mit dans notre couple, à attendre que les choses aillent un peu mieux, à t'aider même si je savais que j'allais pas recevoir autant d'amour que j'espérais, à essayer de me faire pardonner parce que je t'ai trompé, à te pousser pour que tu te lèves le matin, que tu reprennes l'école, que tu ailles travailler, je faisais tout pour toi, au point que je m'oubliais moi-même. après, j'ai commencé à m'occuper d'edie, je lui donne tout l'amour qu'elle mérite, tout l'amour de ce monde, je lui donne ce qu'elle mérite de mieux. pas une seule fois, je me suis dit 'j'aurais du avorter' PAS UNE SEULE FOIS. je me disais que je te laissais le plus cadeau que je pouvais te faire, un peu de mon amour, de notre amour, du tiens. j'essuie les larmes qui coulent sur mes joues. - hier, je me suis mise à penser à tout ce qui me manque dans ma vie, à quel point je meurs à l'intérieur, à quel point j'ai l'impression de mourir de solitude, même si c'est edie qui me donne tout le soleil dans ma journée. après que j'ai perdu callie, j'ai vu les gens s'éloigner de moi, j'ai vu des gens pleurer, des gens arriver, des gens me juger, des gens qui avaient de la pitié pour moi, j'ai vu tes parents changer d'attitude, mon père qui se noyait dans le travail plutôt que de m'aider, ma soeur qui trouvait que c'était tout simplement une connerie que je tombe enceinte, encore plus que je garde le deuxième. et finalement, je t'ai perdu toi cette soirée-là, avant même que j'embrasse alexis, t'es partie de ma vie et t'es jamais revenu et tu reviendras pas.

« comme si je n'avais jamais fait d'effort. » amertume. « tu comprends pas. et j'prendrai pas la peine de t'expliquer quoi qu'ce soit. » je me retourne, puis tourne la poignée de porte. et, j'lui lance un dernier regard. « j'te déteste juste. » puis j'passe la porte.

- les seuls efforts que t'as fait, c'est de me prouver à quel point j'étais lamentable comme personne, c'est tout. je le laisse traverser cette porte, je le laisse partir et je vais chercher edie avant de me mettre à marcher derrière lui. - shane ? je lui dépose bébé dans ses bras. - c'est elle qui va prendre soin de toi maintenant. je ne pars pas de sa vie, je ne l'abandonne pas, je pars de la tienne, c'est toi que j'abandonne. je dépose un baiser contre le front de petite merveille et je me laisse bercer par le vent, je marche ailleurs, je ne vais pas à la maison, je fais seulement disparaître.

ma vie était sur le point de rentrer dans l'ordre, et t'oses dire que je n'ai pas fait d'efforts? j'ai juste envie d'gueuler très fort. mais je m'abstiens. c'est inutile, de toute manière. puisque visiblement, elle ne m'écoute pas. j'entends mon nom. je me retourne, par réflexe. elle dépose la petite dans mes bras, dis quelques trucs. puis elle part. j'me retiens de toute mon âme pour ne pas pleurer, puis j'colle la petite contre moi en marchant vers nul part.