end. (s&s)

je fixe le coin du plafond. je vois tout le monde qui passe, j'entends les gens parler, mais moi, c'est ce coin qui m'intéresse. j'entends edie rire, j'entends shane me parler, me chuchoter des choses, mais c'est si loin, je suis si loin. je pleure, je sais que c'est aujourd'hui. mes yeux tombent sur ma petite famille, j'essaie de sourire, un sourire faible. - salut. je suffoque, je prends des grandes respirations, je reviens à moi.

j'raconte n'importe quoi. j'veux juste lui parler. j'crois pas qu'elle m'entend vraiment. mais c'est pas grave, j'parle encore. edie, elle rit. elle sait pas trop ce qu'il s'passe. non, en fait, elle sait rien du tout. trop petite. et peut-être bien que c'est mieux comme ça, au final. sid pleure. j'dis plus rien. mon coeur se serre. elle s'retourne vers nous, puis nous salue. « bonjour beauté fatale. » inutile de lui demander si ça va. j'le vois bien, que ça va pas. « je t'aime. »

beauté fatale. je ne ressemble plus à rien, je ne ressemble même plus à sidney occelli, je ressemble seulement à quelqu'un sur le point de mourir. j'essaie de sourire, de le croire. mon regard se pose sur edie, je n'arrête pas de la fixer. la plus belle chose que j'ai fait dans ma vie, mon petit ange, mon étoile polaire, mon univers entier. - je t'aime ... respiration. trop peu pour mes petits poumons qui ne veulent plus répondre. - shane, on peut être que nous deux ? trop de chose à lui dire, en si peu de temps. l'infirmière fait sortir tout le monde, ma mère s'occupe d'edie et la porte se ferme tranquillement, laissant la pièce dans un silence. je lui tends les bras pour qu'il vienne me prendre dans les siens.

elle demande à c'qu'on soit que tous les deux. une fois que nous sommes seuls, je me place sur le lit puis la prends dans mes bras comme elle me le demande indirectement. j'ai les larmes aux yeux. j'fais tout pour pas craquer. j'sais bien que c'est la fin. j'suis pas con. j'ai espéré longtemps, mais vient un moment où on s'rend à l'évidence. j'me sens tellement impuissant. plus que jamais. « reste encore un peu, sid. »

ma tête contre son torse, mes mains cherchant à m'agripper à lui. je ne peux pas l'emporter, il y a edie de l'autre côté qui nous attends, qui l'attends. - je reste, je ne pars pas. je ne pars pas loin. seulement dans la pièce d'à côté, tu vas pouvoir m'y rejoindre un jour, je vais t'attendre patiemment shane, avant, je vais t'observer toi, et notre bébé chat. - je te déteste encore de m'avoir pris mon doudou avant la sieste à la garderie. non, sid, tu n'es pas celle qui va parler du passé, c'est pas pour ça tu patientes, c'est pas pour ça que ton corps attends. - c'est pas un au revoir shane, on va se revoir, un jour, je vais être avec callie, ou peut-être pas, je ne sais pas à quoi ça ressemble de l'autre côté, j'espère seulement que c'est tout beau. grande respiration. - je t'aime, de tout mon coeur, de tout mon corps, de toute mon âme, tu as toujours été mon seul amour depuis la garderie, je ne regrette rien de toute notre vie ensemble, je ne regrette pas edie, je ne regrette rien du tout. quand je vais fermer les yeux, ne regrette rien de notre vie ensemble s'il te plait, ne regrette aucun geste que tu as fait, ne regrette pas nos engueulades ou toutes les choses négatives de notre vie ensemble. je te demande seulement d'être heureux shane, je te demande seulement de pas dire non à l'amour s'il se présente, n'arrête pas de vivre pour moi, ne survit pas pour edie, t'as le droit toi aussi de bien aller, t'as le droit de ne pas passer ta vie à t'ennuyer de moi ... je m'arrête un instant, je prends une grande respiration, j'observe le coin du plafond de nouveau. - pour edie, tu peux lui dire que je l'aimais, plus que ma vie entière ? tu peux lui dire que je m'excuse de la laisser seule ? lui dire que maman l'aime, que maman va toujours penser à elle et que je vais être là, à battre ceux qui vont lui briser le coeur ? je souris, mais je pleure.

je l'écoute attentivement, même si j'manque quelques mots. pourquoi? parce que j'pleure décidément trop. j'ai tout renié si longtemps. la réalité est violente, si violente. j'acquise, parce que ce n'est pas le moment d'argumenter. je n'ai pas envie de retomber amoureux. je n'ai pas envie de passer à autre chose. de vivre normalement. je n'ai pas envie qu'elle parte. je n'ai pas envie de la perdre à tout jamais, cette fois. on s'est perdu. on s'est retrouvé. on a tout vécu, ensemble. la garderie. l'université. l'amitié. les bagarres, puis l'amour. l'amour excessif. puis edie. callie et edie. j'suis incapable de lui répondre. incapable de placer un mot entre chaque larmes qui s'écrasent contre nous. alors j'acquise encore. j'retournerai à l'appartement seul avec edie, ce soir. seul avec edie, pour toujours. je n'reverrai son visage parfait que sur des photos inanimés. j'penserai à toi tout l'temps. à chaque fois où j'regarderai la petite. ou bien ton chat, boule. tes affaires, qui resteront là. ta bague. que je donnerai à ta fille, plus tard. « je lui dirai.. » ne me laisse pas. « sid.. » tu n'diras désormais ce prénom qu'en t'adressant au passé. quand tu raconteras à edie la fois où elle avait dû quitter le cours à cause de ton dessin de girafe. « j'veux pas que tu partes.. » la fois où tu lui as demandé sa main. ou bien, lorsque vous vous êtes retrouvés, après tant d'années, à une fête bien arrosé.. parce que tu parlais encore une fois de ton chat. et puis, quand tu lui as dit que tu l'aimais. pour la première fois. ça, tu ne le raconteras pas à edie. mais tu vas t'en souvenir, longtemps. pour toujours. je l'observe sourire. j'suis incapable de sourire à mon tour. « j'ferai de mon mieux. » mais j'voudrais juste partir avec toi, en réalité. « je t'aime pour toujours. »

je respire au son de la sienne, je compte les larmes qui tombent mon bras, je le sers si fort contre moi, j'essaie de retenir son parfum, son odeur, je vais l'emmener avec moi, ça va être mon ancre pour ne pas que je meurs de chagrin une fois là-haut. - merci. le silence s'installe, mais moi, je n'entends que son souffle, que je n'entends que ses larmes coulers, à son coeur qui bat tout doucement. je repense à tout notre amour, je repense à tout. je ne veux pas quitter, pas tout de suite, seulement dans cinquante ans. tout doucement, j'enlève ma bague, je la dépose dans sa paume avec douceur, je referme ses doigts au tour pour la protéger de tout. - je ne pars pas shane, je ne pars pas et je t'aime, pour toujours. je continue de le serrer fort, je continue d'espérer et puis, je fatigue, je dois aller dormir, je dois partir, on m'attends, mon corps est fatigué de se battre. sid, tu peux partir, t'as le droit. mes yeux se ferment et puis c'est tout. c'était ma vie dans toute sa splendeur, ma vie avec l'amour. je t'aime shane, ma dernière pensée est pour toi.

elle retire sa bague. j'sais tellement ce que ça veut dire. j'passe ma main dans ses cheveux, puis dans son visage. j'observe ses yeux, ouverts. puis ses yeux, qui se ferment. le son du moniteur, qui signale qu'elle est réellement partie cette fois. une vague de panique s'empare de moi. « non.. sid.. reviens.. » j'suis pas prêt. j'suis pas prêt. j'passe ma main sur son bras, en tremblant. « reviens.. » pas tout d'suite. « s'il-te-plait.. » j'la serre très fort contre moi. « reviens.. » j'pourrai pas le faire. « REVIENS! » les infirmières entrent. non, laissez-nous seuls. elles restent-là. elles savent que c'est inutile de tenter. que l'heure est arrivée, et puis c'est tout. la mère de sid entre, avec la petite. j'hoche négativement de la tête, en pleurant de plus belle. j'lâche pas sid. puis, finalement, les infirmières tentent de nous séparer. et c'est la dernière fois que je t'aurai pris dans mes bras. je te lâche finalement. je te couche tranquillement contre ce lit, puis je me lève. j'ignore ta mère, qui pleure sans cesse. j'ignore edie, qui est désormais dans les bras d'une infirmière pendant que ta mère est à tes côté. puis je sors. je sors de la chambre. je m'écrase contre le sol. c'est terminé.