enfant (B&a)

c'est tout calme, l'endroit est serein et puis il y a moi qui lave des verres de vitre, c'est tout recommencer tous les jours, toujours tout laver et salir, parce que c'est la vie d'un verre et c'est tout. je baille, car des personnages imaginaires m'ont réveillés, ils n'ont pas voulu me laisser dormir. et puis, là, il y a beatrix qui rentre dans toute sa splendeur, il y a même une aura noire qui l'a suit. - salut. c'est tout ce que je trouve à dire, tout ce que je trouve à faire. je me concentre sur elle et ses yeux.

✧ **MESSAGE** : 26 ✧ **HERE SINCE** : 06/06/2014

c'est comme lourd dans mon ventre, mais c'est dans ma tête. c'est le poids de ce truc dans mon ventre qui ne prend aucune place, mais qui hante mes pensées. je dois m'en débarrasser, je dois tout enlever, tout recommencer, tout reprendre à zéro. recommencer comme ariake, qui nettoie chaque soir son bar. je pousse la porte, j'ai l'aura noir, l'aura nuages gris. - salut. rien de plus, moi aussi. - on doit parler. la voix tranchante, l'habitude.

on doit parler ? moi je n'ai rien à dire, pourquoi qu'elle ne dit tout simplement pas, je dois te parler ? je prends une grande respiration, même si je mens, c'est un soupire. je dépose un verre et verse de la vodka à l'intérieur et je pousse ce verre anciennement propre dans sa direction. - à voir ta tête, tu le mérites. j'ai déjà détaillé les moindres détails de sa peau, j'ai vu tous ses grains de beauté, j'ai vu ses poils s'hérissés sous mes doigts. et puis, elle est toujours froide. - je t'écoute.

✧ **MESSAGE** : 26 ✧ **HERE SINCE** : 06/06/2014

oui, on doit parler de bien des choses. d'une en particulier, d'une chose qui aurait jamais dû se produire, mais qui est arrivée quand même. je sais pas pourquoi je suis ici. j'aurais pu ne jamais lui dire et ça n'aurait pas fait d'histoire. peut-être que j'suis stupide, alors. je prend le verre, je bois cul sec et je grimace doucement. c'est fort, ça frappe, j'ai pas mangé depuis un petit moment. - merci. et puis je piétine le sol, je joue avec le bas de ma mini-jupe trop moulante, j'déteste avouer des trucs. - j'suis enceinte. jamais d'émotions, que des mots, toujours et encore. j'suis un robot. froide et mécanique.

et puis les mots tombent, c'est comme m'apprendre que je vais mourir d'une leucémie lentement, qu'il n'y a aucun moyen que je m'en sorte sauf que de prendre la sortie facile, mourir tout de suite. - oh ... un petit mot tout simple, un petit mot qui ne veut rien dire. - tu sais, si t'es enceinte, boire, c'est pas bien pour le bébé. sur le coup, je ne sais pas. je ne sais rien en fait, je ne sais pas grand chose, je suis simplement ariake. je sais que je ne suis pas le seul a avoir partagé ses draps et puis sa peau, alors je sais que cet enfant n'est peut-être pas le mien. - et c'est moi le père je suppose ?

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oh... elle tombe, la nouvelle. elle est en chute libre, je l'ai fait tomber d'entre mes lèvres. félicitation ariake, t'es papa d'un truc qui disparaîtra bientôt. non, vraiment, j'aurais pas dû lui dire. - on s'en fou, que je répond, haussant les épaules. oui, on s'en fou, parce que de toute façon, j'aurais pas d'enfant. ni lui, ni aucun autre. sa question me fait douter un moment. est-ce que c'est bien le dernier avec qui j'ai passé la nuit ? je crois avoir été sage, ce mois-ci. - je suppose. nouveau silence, niveau malaise. j'évite son regard. - de toute façon, je le garde pas, alors c'est pas important.

je dois avouer que sa dernière phrase pousse ce peu de colère que j'ai en moi, elle sort cette colère. - tu sais, le père peut donner son avis et être au courant, ça serait encore mieux. et c'est à mon tour de salir un verre propre avec du jus de pomme. - personnellement, si je suis le père de cet enfant, j'aimerais bien le prendre et m'occuper de lui. tout est trop calme, tout a l'odeur du désert.

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est-ce qu'il n'y a que moi, qui arrive à te mettre en colère, ariake ? est-ce qu'il n'y a que moi qui brise tous tes rêves, et puis tes espoirs et tes sourires ? est-ce que je suis la seule vipère dans ta vie ? je crois que oui. et pendant un instant, j'ai le coeur qui pince, qui se serre dans ma poitrine. comme le souffle coupé, comme prise de court. - je vais pas subir une grossesse dont j'ai pas envie simplement pour te livrer un bébé. mots venins. je ne pense qu'à moi, oui.

- égoïste. ça donne méchant, ça sonne colérique et empoissonné. je n’espérais pas devenir le père d'un enfant un jour, mais il là, dans son ventre et puis, c'est une partie de moi, faut que je m'en occupe, je peux pas lui cracher au visage. - si tu veux, je peux te payer les chirurgies que tu veux pour retrouver le corps que tu veux, et aller baiser tout ce qui bouge après, mais si t'avortes de ce bébé, prends pas la peine de revenir dans ma vie ou juste d'y cogner. c'est pas un manque d'amour, c'est seulement trop complexe.

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c'est un mot que j'entend si souvent, trop souvent. un mot collé à la peau, écrit sur mon front, au feutre indélébile. égoïste. je ne pense qu'à moi et jamais aux autres. je l'assume. mais là, il sonne si cru, si vrai dans la bouche d'ariake que ça me fait frissonner. pourtant, pourtant, le regard noir, je ne flanche pas. - je. ne. veux. pas. accoucher. d'un. truc. visqueux. pour. toi. dans une autre vie, peut-être. mais pas dans celle-là. on est trop complexe, on est trop casse-tête, tu vois ? j'avale difficilement ma salive, j'grimace. alors maintenant, c'est bien vrai. on ne se reverra plus. - dans ce cas... flancher, c'est pour les faibles. et je suis pas faible. jamais. - ça a été un plaisir de te rencontrer, ariake. ça sonne tout bizarre, et j'lui tourne le dos, et j'm'éloigne, le visage barbouillé d'étranges émotions.

je la laisse partir, sans un mot, dans un regard, elle part avec le vent. je prends un verre de fort, que j'avale cul sec à mon tour. je ne vais pas courir après elle, c'est sa décision, mais de savoir qu'on aurait pu avoir un enfant ensemble, même si on aurait pas été une famille, me réjouissait un peu. et puis non. je prends une grande respiration et je continue mon lavage de verres. - ça pue la merde ce truc.