futurs (b, a)

✧ **MESSAGE** : 26 ✧ **HERE SINCE** : 06/06/2014

ça fait étrange, d'être dans les rues de sydney alors que j'étais retournée à new-york city depuis maintenant plusieurs années. je suis revenue parce que tout me manquait un peu, ici. et ce bar en face de moi, il me manquait aussi, j'avoue. alors même si je n'y suis plus la bienvenue, je pousse la porte pour y pénétrer. je le vois, de loin, derrière le bar. il n'a pas changé, il est le même. moi aussi, je pense que je suis la même. la même garce, la même froide. mais c'est l'âme sans colère que j'avance lentement vers le bar. - une bière rousse, s'il-te-plait. comme s'il n'était qu'un simple barman, comme si on ne s'était jamais connu.

je sers des clients, certains sont avec moi depuis des années, d'autres qui sont que de passage, et puis je vois cette fille qui rentre, elle n'était pas de passage il y a quelques années, c'était une habituée du bar, c'était une habituée de ma vie. beatrix. -oui, sans problème. je lui sers cette bière comme si c'était normal, comme si elle était nouvelle. - c'est la maison qui offre. je lui souris et je vais m'occuper d'un autre client avant que ma fille revienne et saute dans mes bras. - papa, je veux du lait. - d'accord princesse. je lui donne son verre et elle file rejoindre sa mère à l'étage. je regarde la réaction de bea.

✧ **MESSAGE** : 26 ✧ **HERE SINCE** : 06/06/2014

mes doigts qui pianotent sur le comptoir en bois du bar, mon regard pourtant posé sur ariake comme si rien ne m'ébranlait, comme si la vie, elle était sous mon contrôle. mais en fait, depuis quand, j'ai la situation bien en main ? j'ai l'impression de tout rater sans jamais vouloir ne l'admettre. être fière et garder la tête haute, trop haute, avec les dieux de ce monde, juste pour narguer les autres, pour les regarder d'un paradis qui n'existe pas. j'offre un léger sourire quand il me dit qu'elle est gratuite, cette bière qu'il me tend. - merci. je la prend, je bois silencieusement. et puis y'a cette petite fille qui lui saute dans les bras. papa. papa. papa. ce mot, il sonne bizarre dans mes oreilles. y'a un ma gorge qui se serre, y'a mes doigts qui arrêtent de taper sur le comptoir, y'a mes yeux bruns rivés sur la gamine. alors il est papa. ça me fait sourire amer. - elle est jolie. et c'est vrai. j'ai pas vu la mère, mais son père, il est beau, alors je suis sûre que la petite, elle retient d'ariake. - elle a quel âge ? y'a tant de questions à lui poser. sa vie semble jolie. la mienne, elle est endormante.

quel âge. j'ai envie de lui demander si la réponse lui intéressait réellement ou si elle ne posait cette question pour passer le temps ou avoir un semblant de conversation. avec bea, rien n'était beau ou doux, tout était froid et stricte. c'est ce que j'ai compris avec le temps, après qu'elle soit partie en se débarrassant de notre bébé comme si la terre lui appartenait, comme si c'est elle qui avait tous les pouvoirs alors qu'elle était seulement le trou du cul du monde. - quatre ans et dans quelques semaines cinq ans. comme si la vie passait si vite qu'on ne voyait rien, qu'on était aveugle. - j'ai rencontré sa mère peu de temps après que tu sois partie te débarrasser du bébé, elle est tombée enceinte, on était amoureux et fleur est arrivée. c'était une attaque pour qu'elle comprenne que je n'étais pas seulement rancunier, mais que je ne l'avais pas pardonné d'avoir fait ce geste. - qu'est-ce que tu veux ? t'es pas venue sans raison beatrix, t'agis jamais sans raison.

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oui, ça m'intéresse réellement. c'est dur à croire, parce que, normalement, y'a ce que mon petit nombril qui m'intéresse, y'a que moi et ma vie qui semble intéressante. mais c'est plus comme ça, ça s'est effacé avec les années, avec les défaites et les jours ternes, avec le vide et les semaines ennuyantes. alors, maintenant, la vie des autres, elle m'intéresse plus que ma vie à moi. c'est un moyen de combler les trous, de combler les silences dans les conversations. ariake, sa vie, elle me fascinera toujours. sa fille aura cinq ans bientôt. et moi, si j'avais gardé l'enfant, il aurait cet âge-là aussi. c'est pas ce qui est arrivé, je finis seule, ariake finis avec la joli, le bonheur. il le mérite. - cinq ans. que je répète, simplement pour le dire à voix haute, simplement pour dire quelque chose. je n'ouvre pas la bouche, je bois lentement la bière, j'écoute les mots venins du garçon. y'a encore toute la rancœur du monde dans sa voix, y'a encore trop de colère. je passe une main dans mes longs cheveux et je grimace, buvant cul sec le reste de ma boisson. - fleur, c'est un joli prénom. moi, si j'avais un enfant, je lui donnerais un prénom doux, pour qu'il ne soit pas comme moi. y'a un nouveau silence. et puis il m'demande ce que je veux. je fronce les sourcils. - j'suis simplement revenue, j'voulais revoir l'australie, j'voulais revoir sydney, j'voulais revoir les endroits que j'aimais bien. j'voulais te revoir, que je pense.

je ne prends pas la peine de m'attarder sur les détails de sa venue, à croire qu'elle ne me manquait pas, ou peu, en fait, je ne pensais plus à elle depuis quelques temps, je ne pensais plus à sa manière de tout détester et de ne penser qu'à elle, je ne pensais plus à son sourire narcissique et puis à ses vêtements courts qui attiraient tous les yeux sauf les miens. à croire que je ne voulais pas de son corps, je voulais seulement de la gentillesse de sa part. - tu te souviens de ce que je t'ai dit ? de ne pas prendre la peine de revenir dans ma vie ? c'est encore le cas. merci d'être passée, mais tu peux partir maintenant. dans les grands mots, je la déteste toujours autant de s'être débarrassé de ce bébé et je crois qu'elle n'a même pas eu de remords. je soupire.

✧ **MESSAGE** : 26 ✧ **HERE SINCE** : 06/06/2014

on est toujours différent. il est le positif, je suis le négatif. il est le blanc, je suis le noir. il est le bon, je suis le mauvais. il est tout, je ne suis rien. il ne me regrettait pas, je le regrettais, j'avoue. il aurait pu tout oublier, que je m'étais dis en venant ici. mais il n'oublie rien, il a la mémoire d'un sage. et puis, après tout, comment oublier de notre dernier moment ensemble. des opposés sans avenir, alors un enfant au sang de l'un et de l'autre, ça n'aurait rien changé. je grimace à ses mots venimeux, mon coeur s'écrase un peu dans ma poitrine. c'est moi qui dit ça, à l'habitude. c'est moi, la mauvaise, celle qui brise les espoirs et les rêves. j'ailes yeux remplis de larmes et je voudrais ne jamais être venue ici. j'suis une belle conne, oui. j'ai ce que je mérite, au final. à force de tout détester, tous les gens nous repoussent. - je voulais pas que tu sois coincé avec une partie de moi. je dis ça spontanément, une confession qui brûle, qui dérange. j'aurais eu peur de vouloir le garder, ce gosse, et puis qu'ariake soit obligé de partager sa jolie petite vie avec une personne comme moi. j'voulais qu'il soit libre d'avoir la vie qu'il rêvait. et c'est ce qu'il a, maintenant. - je sais que je suis la pire des égoïstes. et je sais que je ferais mieux de partir. mais ça me rend à la fois heureuse et terriblement triste, de te voir.