toc toc (majai)

sa mère dort. je l'observe, un moment, pour voir si elle dort vraiment. parce que j'serais vraiment mal à l'aise, vraiment très mal à l'aise, si elle en venait à savoir que j'suis allé parler à sa fille en plein milieu de la nuit. je me lève, tranquillement, puis m'habille. j'veux dire, j'mets un pantalon. je sors de la chambre, puis vais à l'autre bout du couloir. toc toc.

je regarde mon portable. j'attends qu'il vibre, mais il ne vibre plus. je pense que ojai s'est couché, alors que je pense ça, j'entends quelqu'un cogner à la porte. je sursaute puis je marche à quatre pattes jusqu'à la porte pour ouvrir et laisser entrer la personne. c'est pas maman, c'est lui. je pose mon regard sur son corps et je vois son torse nu. je rougis et je baisse le regard vers le sol. je vais plus pouvoir le regarder dans les yeux. - je ... je ... salut.

elle ouvre la porte, puis j'baisse le regard pour la voir par terre, à genoux. well, peut-être qu'elle voulait des faveurs, finalement. chhh, ojai. sois un minimum respectueux, pour une fois. « salut. » j'entre un peu, puis referme la porte derrière moi. « j'te dérange pas? » parce qu'elle a l'air un peu perturbée, en fait.

je ne le regarde pas plus. je joue nerveusement avec mes doigts. je sais pas ce que je dois lui répondre à sa question, peut-être rien. - ... non ... je mets des cheveux derrière mon oreille et je m'assieds en indien. - ... tu, tu ... tu peux marla. - tu allais te coucher ? c'est bien, quatre mots.

voilà qu'elle s'assoit. j'fais de même, en face d'elle. « non. en fait, j'comptais retourner chez moi, éventuellement. mais puisqu'on discute. »

- je t'entends souvent le soir partir alors que ma mère dort. je regarde ses orteils. je vois qu'il coupe ses ongles.

« ouais.. j'attends qu'elle s'endorme avant de partir. »

- pourquoi ?

« parce que c'est ce qu'elle veut. »

- elle aime pas que tu restes ?

« si, elle aime que je reste. je voulais dire, je pars uniquement lorsqu'elle s'endort parce qu'elle veut que je reste avec elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. après, ça m'arrive de rester. pour lui faire plaisir. »

- et ça te plait d'être payé à faire ça ?

« que veux-tu dire? »

- de coucher avec ta cliente et de faire ce qu'elle te demande ?

« parfois ça me plait, parfois ça me plait pas. mais ta mère est ma seule cliente, maintenant. »

- pourquoi ?

« parce que j'voulais plus vraiment faire ça. »

- et pourquoi tu continues avec ma mère ?

« parce que je l'aime bien. pas d'amour, hein. »

- comment tu fais pour coucher avec elle sans l'aimer d'amour ?

je ris un peu. « tu crois que j'étais amoureux de toutes ces femmes? »

- je me demande seulement comment quelqu'un peut faire l'amour sans aimer.

« tu n'as jamais rien fait hein? »

- qu'est-ce qui te fait croire ça ?

« visiblement, tu sais pas ce qu'est le plaisir. »