SANS MOTS (KNAPP)

je cherche cette tête blonde qui doit traîner dans un recoin du bar. cette blonde doit probablement draguer une autre tête blonde ou une tête avec des cheveux. c'est ce que cette tête sait le mieux faire dans ce genre d'endroit, ailleurs, c'est autre chose. j'ai envie de partir, cette soirée est de la merde, je l'apprécie pas, un gars me fait chier et je veux juste partir. je peux pas crier, parce que moi, je sais pas c'est quoi crier, je sais même pas faire de son, alors le con qui cherche son frère comme ça, il est un peu perdu. kelly est là-bas avec cette fille, je m'approche, je dérange. je sais que je passe avant toutes ces filles. je prends ma place. je lui parle.

- kelly, on peut partir ? un gars fait chier et j'ai pas envie de rester.

tu comprends kelly, toi ce que mes trucs de main veulent dire. pas les autres cons, non, eux, ils comprennent rien à rien.

malo m'a mené dans un bar et puis, même si je bois pas, c'est pas si mal. j'ai pas besoin de boire pour chasser, de toute façon. la preuve, je suis proche de la réussite avec la blonde en face de moi. sauf que malo arrive et se met au milieu. vu la tête qu'il tire, y a un soucis. et puis la fille râle alors je la fais partir. non mais je rêve. elle voit pas qu'elle gêne? - c'est qui le gars? il t'a fait quoi? moi j'me bats pas non, sauf quand il s'agit de malo. là je sors les crocs sans chercher à comprendre.

la blonde elle part. je suis là, alors elle n'est plus dans les plans de kelly. je me sens pas mal qu'elle disparaisse au loin, de toute, mon frère, il sait comment avoir toutes les filles qui veut, alors en retrouver une nouvelle sera pas un problème. il me demande c'est qui le gars et qu'est-ce qu'il a fait. kelly, tu te fous de moi, j'ai seulement envie de partir, pas de bataille ce soir.

- il s'est foutu de ma gueule, j'essayais de faire les beaux yeux à une fille, et il est débarqué en faisant des trucs avec ses mains comme si j'étais un retardé. le gros con.

le gros con, je l'entends rire au bout de la pièce. ça me fou dans une rage pas possible. non, mais pour qui il se prend ? et putain qu'il est moche le champ de fraise. je prends un verre de bière, le genre de verre qu'on prend pour jouer au beer pong et je le lance de toutes mes forces sur le gars. il se retourne et me regarde. je lui fais le doigt d'honneur. tu le comprends ce doigt hm ? pauvre con.

putain. putain mais quel con. quel con ce gros con. je le vois bien au loin qui se marre. je m'énerve pas souvent comme ça, comme malo, mais là. il a vraiment fait une des choses à ne pas faire. malo lui balance un verre à la figure et je ris. mais je suis toujours en colère. je vais voir le type et lui fais des signes avec mes mains. surprise, moi aussi j'parle le langage des signes. il crie qu'il comprend pas ce que je lui dis, et me traite de retardé. - je t'ai dit d'aller te faire enculer, gros con. parce que non je suis pas muet ahah. surprise numéro deux. et je lui colle mon poing dans la figure.

kelly se décide d'aller voir la grosse merde. je le suis, pas parce que je m'attends à ce qu'il se décide de me protéger, je suis capable, comme un grand. je ris de la scène parce que ça se voit dans son visage qu'il comprend rien, et c'est nous les retardé ? le pauvre. ça, je m'y attendais pas, kelly lui colle son poing et moi, je reste surpris. un de ses potes arrive et pousse mon frère. attends, t'as vraiment osé faire ça ? je le plaque, il tombe au sol et j'en profite pour le taper comme je peux, même s'il réussi à m'en coller quelques-unes, tu vas pas t'en sortir petit con.

bim, bagarre générale annoncée. ahahah. sauf qu'il s'en prend à malo l'autre et le temps que je me tourne pour aller l'aider, le gros con m'en colle un dans la face. aïe. un peu. j'aime pas me battre mais là je fais exception. je le cogne encore et encore jusqu'à ce qu'un grand type costaud nous sépare. mais j'suis en furie j'crois que je vais le tuer. et maman va nous tuer.

je continue de frapper, je sens un gars me prendre vers l'arrière et me soulever pour me pousser un peu plus loin. je vois que c'est un gars costaud. je vais pas me battre avec lui, j'ai pas envie de me faire tuer. les deux gars sont plus amochés que kelly et moi. je crache sur le gars au sol avant de sortir du bar. je saigne du nez, et j'ai mal à l'oeil.

- merci kelly. et tu n'as pas trop mal ?

je prends son visage entre mes mains pour vérifier les dégâts. il sait se battre kelly, il est fort et faut le craindre, même s'il est plus petit que plusieurs mecs. tu l'es moins que moi et t'avais le plus gros des deux cons.

on sort du bar et ça fait du bien un peu d'air frais hein. j'suis encore bouillant. je regarde malo, je l'examine. - ça va ouais, toi par contre.. je mets moi aussi mes mais sur son visage et je colle nos fronts. - c'était juste des gros cons, t'ecoutes pas ce qu'ils disent hein? t'es parfait malo.

je suis un peu plus amoché, c'est vrai. alors je crois que ce sera moi qui va se faire le plus tuer par maman, surtout qu'elle sait que c'est toujours à cause de moi que kelly décide de se battre. je le laisse m'examiner et je le laisse me dire ces trucs sur moi. je laisse tomber notre contact avec nos fronts pour me reculer.

- c'est facile pour de dire ça kelly, tu n'es pas dans ce corps et tu vois pas comment les gens me traitent.

non, kelly, tu vois rien et tu sais pas. je suis pas parfait, je suis même un peu retardé parce que je sais pas comment agir avec les autres et je fou la merde un peu partout. je sais même pas c'est quoi me taper une jolie fille comme toi et papa. non, tu sais rien et non, je suis pas parfait. je trouve ça con à quel point on peut rejeter un muet comme si c'était de la petite merde.

malo recule, il me repousse de ce que je lui dit, comme s'il repoussait mon amour de frère que j'ai pour lui, et ça me brise le cœur. vraiment. j'suis très mal pour lui. - arrête de dire ça comme si t'étais un monstre malo, t'es un mec normal, comme moi, comme les autres. ça me tue qu'il pense ça de lui. j'crois que je pourrais frapper tous ceux qui pensent le contraire, juste pour qu'il ne reste que les gens bien. ouais, j'pourrais faire ça pour malo. pour qu'il se sente mieux. j'ferais n'importe quoi.

- un mec normal qu'on traite différemment oui.

les gens ne me comprennent pas, les gens ont pas le temps de s'occuper d'un pauvre gars qui sait pas parler, qui sait juste gesticuler dans tous les sens. je peux pas sortir normalement, faut toujours que je vois des visages de gars et de filles qui me regardent comme si j'étais né d'la dernière pluie. je suis pas con, merde.

- laisse, j'ai bu, je suis déprimé. ça va passer.

je vais prendre kelly dans mes bras, comme pour m'excuser et pour faire la paix. c'est quand même de ma faute si sa petite gueule de blond parfait est un peu abîmé. je tâche son t'shirt avec le sang qui coule de mon piffe. la merde, faut pas que maman me voit comme ça. la mer est à côté, je dois me nettoyer.

- kelly, tu n'as pas une fille qui pourrait me faire un maquillage pour cacher mon oeil ?

en trouver une, ça sera facile.

ça m'énerve quand il dit ça parce que je sais que c'est ce qu'il ressent, ce qui se passe et ça me tue, ça me met hors de moi. ouais il a bu, il est déprimé et j'commence à l'être aussi alors que j'ai même pas bu. je le serre fort contre moi quand il me prend dans ses bras et je pose un baiser d'amour de frère sur son crâne. - moi je t'aime malo, t'es un gars génial et faut juste que les gens le comprennent. et un jour il va se trouver une fille qui sera folle amoureuse de lui et tout ira mieux dans le meilleur des mondes. on se lâche et puis je réfléchis pas longtemps je sais déjà qui je vais appeler. j'hoche la tête et puis j'apelle une amie et lui demande si on peut venir pour un cas d'urgence de premiers secours. elle panique, moi je rigole et dis qu'on arrive puis raccroche. - c'est bon elle nous attend. je vais à la voiture.

il embrasse mon front. je souris, mais ça me donne pas la joie. je sais bien qu'il est triste et bon, je plombe un peu le moral de tout le monde quand je parle de ce que je ressens, surtout maman. papa lui, essaie de me donner trucs pourris pour mieux aller, mais rien à faire.

- ça va, je sais que tu m'aimes. et je t'aime aussi.

j'ai seulement hâte d'arrêter de me battre pour qu'on m'engage et qu'une fille veule bien s'attarder à moi un peu plus de trois minutes chrono. je pourrais essayer de voir ça plus positivement, mais là, j'ai bu, alors tout ce que je pense, c'est noir. je sais pas pourquoi, je pense à un gros black. je souris comme un con. je le vois qui parle à une amie. cette amie. elle est trop mignonne. je vais devenir rouge, ça va pas aller, mais je dis rien.

- d'accord.

je le suis à la voiture et j'embarque. je mets notre cassette à nous comme musique. parce que c'est comme ça. notre musique de knapp. je peux pas lui parler en auto, il voit rien.

on monte dans la voiture et puis il met notre musique en route et ça m'fait aller un peu mieux, deja. s'il était vraiment au plus mal, je sais qu'il l'aurait pas mise. je souris un peu et puis je tape sur le volant au rythme. - hé malo, elle te plait, pas vrai? mon amie. et c'est pas la peine de répondre, je le sais deja. d'ailleurs ça fait un moment que j'essaye de trouver un plan pour les mettre ensemble. ça serait vraiment bien. on arrive, je me gare et puis je cogne à sa porte. elle ouvre et je fais un grand sourire avec ma tête pas belle et elle elle est horrifiée. - tu pourrais faire un truc pour son visage? genre maquiller son œil, mettre de la glace sur son nez, le nettoyer, j'sais pas. tu sais sans doute mieux que nous. allez, qu'elle aille s'occuper de lui comme il faut. ahah.

le con, il l'a vu que j'aimais bien sa copine. je réponds rien, ça sert de toute à rien de lui répondre. je fais un peu la tête, car j'aime pas quand kelly voit quand une fille me plait, je sais qu'il va essayer de faire un plan de pute pour me mettre avec elle. on arrive chez elle, je suis pas le premier à me lancer à sa porte, je reste plutôt derrière kelly à lui faire un petit salut de la main. elle hoche de la tête et me tire par le bras jusqu'à sa toilette où elle me fait asseoir. kelly, vient s'il te plait. je suis hyper intimidé. elle me parle un peu de tout, mais même si je lui réponds, elle va rien comprendre comme les autres, alors je fais que hocher de la tête. j'aime bien ses yeux, ils sont jolis et ils brillent tout le temps. ah merde, je deviens rouge. je tape du pieds contre le sol, kelly va comprendre, il doit comprendre, il a pas trop le choix.

je les suis un peu et je reste dans l'encadrement de la porte mais en retrait, j'observe juste de loin avec un petit sourire. il est un peu rouge malo et il tape du pied. bon. faut que je le sauve là c'est ça? - et on t'a pas dérangée au moins hein? elle dit que non et puis elle tourne la tête vers moi et me fusille du regard. et puis elle se met à m'engueuler un peu, que j'suis stupide de m'être battu, qu'elle en a marre parce que c'est pas la première fois et que je ressemble à rien et que pour la peine elle va pas s'occuper de moi, je dois me débrouiller seul. bon. se faire engueuler par elle c'est comme se faire engueuler par maman et je culpabilise un peu. je soupire. et puis elle se reconcentre sur malo et redevient douce. mouais. chouchou. c'est injuste.

son amie commence à engueuler kelly comme si c'était de sa faute si il était amoché. je vois bien de la manière dont elle regarde kelly, ça se voit dans ses beaux yeux qu'elle a le béguin pour lui. comment je le sais ? c'est facile, maman regarde papa comme ça quand il fait des trucs con. en colère, mais avec la touche je t'aime toujours.

- kelly, faut lui dire que c'est de ma faute !

elle arrête de s'occuper de moi parce que je gesticule dans tous les sens. ouais, c'est pas de sa faute si c'est moi qui fou la merde un peu partout sur mon passage et que lui, il récolte les bleus et les batailles. elle me tient les bras pour que j'arrête et continue de s'occuper de moi, alors je bouge plus, je fais que regarder kelly comme si j'étais un chiot. elle est douce, je l'aime bien sa douceur moi.

j'suis exaspéré qu'elle m'engueule et malo qui me dit de lui dire que c'est sa faute à lui. ouais, dans ses rêves, j'mettrais pas la faute sur lui. - non malo, j'aurais pu partir et c'est moi qui ai lancé la bagarre donc non. elle nous regarde à tour de rôle elle comprend rien à ce qu'il se passe. de toute façon je lui raconterais pas pourquoi je me suis battu. je la laisse juste s'occuper de malo tranquillement.

je me mets en colère qu'il lui dise pas la vérité. il va pas s'en sortir comme ça avec une pauvre phrase. je prends mon portable dans la poche de mon short et j'écrit ce qu'il s'est réellement passé, il y a quelques fautes, mais je m'en fou bien, j'ai pas envie de kelly me prenne mon portable, car je sais qu'il va comprendre ce que je fais. je lui donne rapidement à sa copine pour qu'elle le lise. il sera pas content, mais je dois dire la vérité.

je le vois sortir son portable et écrire et je comprends pas ce qu'il fait jusqu'à ce qu'il lui passe à elle. elle lit et elle devient mal à l'aise, ça se voit sur son visage. - t'es con malo. je soupire. et puis elle se met à crier que c'est moi le con, que ça excuse pas le fait que j'ai lancé la bagarre, que de faire ça, ça leur a donné de l'importance aux cons. je soupire. j'en ai marre de me faire engueuler et je sais que ça va recommencer quand on va rentrer à la maison. - ah oui et puis j'aurais dû les laisser s'en prendre à malo et rien dire et ça aurait fait de moi un meilleur frère c'est ça? c'est ce que t'aurais voulu aussi malo, que je fasse rien? si c'est ça dis-le et j'fais plus rien. je croise les bras. j'abandonne t'façon et j'vais plus parler de ça avec elle.

je vois qu'il commence à péter un plomb. je me lève de la toilette sans laisser le temps à son amie de terminer.

- non ! ce que j'aurais voulu c'est que tu lui dises ce qu'il s'était passé ! pas dire que c'était uniquement de ta faute et que c'était juste toi le mauvais dans l'histoire, comme si c'était toi qui cherchait la guerre.

et puis ça me fait chier que dans le langage des signes, il y ait pas des trucs pour insulter, parce que je le ferais constamment. je prends ma casquette, je remets sur ma tête et je passe devant lui. non, mais merde. je vais aller passer la nuit chez un pote et je vais les laisser ensemble. ça va, je suis grand, je suis capable de m'occuper de moi-même. je dois arrêter de toujours me fier sur kelly pour m'aider et me défendre le cul.

il m'énerve, me met hors de moi. - tu voudrais peut-être que je dise que, t'es tellement mal de pas pouvoir parler que tu peux pas laisser passer quand on te fait des remarques, et que ça me rend tellement mal pour toi que je me bats pour toi, parce que j'pourrais bien tuer pour toi, pour que tu te sentes mieux! mais ouais malo, t'as raison, c'est ta faute parce que t'es têtu et nerveux! il s'en va et je le suis pour l'empêcher de partir. il est encore tout amoché et j'veux le ramener moi à la maison.

ça me fou en rage qu'il parle et que je peux pas répliquer comme je le voudrais, parce que bordel que je crierais de toutes mes forces, je cracherais ma colère au monde entier et j'emmerderais tous les cons de la planète, mais je peux pas le faire, parce que je suis muet et que j'ai que mes mains pour parler. je commence à pleurer une fois dehors, c'est pas de la tristesse, c'est juste de l’impuissance je lance ma casquette de toutes mes forces dans la rue, je trouve un morceau de bois et je frappe tout ce que peux frapper. je crie, mais c'est seulement un petit son de pédé qui sort. j'ai tellement la rage contre moi, là, en ce moment.

il s'en va et jette sa casquette et je le suis, je la récupère et la mets sur ma tête et puis je vais piur le rattraper. - mais arrête malo, arrete! il frappe tout, j'suis horrifié, terrifié. mon amie nous suit elle aussi et elle reste en retrait, ça se voit qu'elle a peur. je lui arrache son morceau de bois et je le jette plus lui puis je le serre dans mes bras, je le serre fort, tellement fort. il pleure, ça me brise le cœur. - chhh, ça va malo, ça va. je le berce un peu, j'sais pas quoi faire.

je sens plus le morceau de bois entre mes mains, c'est kelly qui l'a et le morceau, il se fait balancer plus loin. je regarde mon frère dans les yeux et je vois que je lui fais peur, mes yeux déversent encore plus d'eau, je suis pas capable d'arrêter de pleurer. je me laisse prendre dans ses bras, je le laisse me bercer de me dire des trucs, mais bordel que c'est la tempête à l'intérieur. je sers son t'shirt entre mes doigts, je le sers vraiment fort au point que je suis accroché. ça se calme, la tempête devient calme, elle devient un peu plus sereine, les vagues, il y en a plus, c'est tout.

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