j'travaillais pas, aujourd'hui. enfin, si, j'travaillais. c'est rare que j'fais ce genre de chose de jour, mais aujourd'hui l'occasion s'est présentée et j'l'ai pris. de l'argent, c'est d'l'argent, comme on dit. j'me dirige vers le café où j'dois rencontrer ike, et honnêtement, j'ai plus envie d'm'enfouir en dessous de mes draps et de faire c'que je fais jamais ; pleurer comme une fillette. c'était pas plaisant, c'matin. enfin, c'est jamais réellement plaisant, mais aujourd'hui j'me suis demandé si ça valait vraiment la peine. j'suis devant le café, j'ai une mine affreuse. j'vais devoir user de mes talents d'acteurs (que je n'ai pas.) j'entre, j'fais un faible sourire à mon frère que j'repère aussitôt. j'me dirige vers lui, puis j'me tire une chaise sans faire d'accolade ou quoi qu'ce soit. « j'suis content de te voir. »

j'entre dans un café populaire du centre ville, j'aime bien y aller, ça l'a une certaine classe et l'ambiance est bien. en terminant de travailler, je me suis directement rendu ici pour attendre ojai. notre premier moment ensemble depuis un petit ... moment. je me commande un café et je le sirote en regardant à l'extérieur. puis à un moment, une femme dans la quarantaine vient me voir. je lui lance un regard interrogatoire. - hey ojai, est-ce que tu serais libre ce soir ? mon mari est à l'extérieur et j'ai besoin de compagnie et la tienne est ... plaisante. elle me fait un sourire ... coquin ? pourquoi qu'elle m'appelle ojai probablement qu'elle me confond avec lui, mais qu'est-ce que mon frère ferait de cochon avec une madame de quarante ans. - désolé madame, mais je crois que vous me confondez avec mon frère jumeau, moi c'est ike. et est-ce que je peux savoir c'que vous faites avec lui ? la dame reste surprise, s'excuse puis sort rapidement du café. cinq minutes plus tard, ojai arrive avec un visage affreux. je lui fais pas de sourire. - j'suis content de te voir aussi, t'as passé une dure soirée à ce que je peux voir. j'attends une certaine explication, je le cache pas.

ike sourit pas et constate que j'ai passé une soirée difficile. une soirée difficile? non, un matin difficile. mais prétendons qu'il s'agissait d'une soirée, hein. « ouais.. une petite soirée bien arrosée avec des amis, disons. c'est des choses qui arrivent, hahah. » moment de silence. « ça va? t'as pas l'air.. comment dire.. enjoué. disons. »

je souris à sa remarque, car maintenant, je doute bien que c'pas la vérité qu'il me dit, je me doute bien que c'était pas une soirée avec des amis, mais plutôt avec une femme ou bref. je fais seulement hocher de la tête et je garde le silence jusqu'à ce qu'il me demande si ça va. - j'ai une dame qui est venue me demander c'que je faisais ce soir, qu'elle voulait passer la soirée avec moi et c'est étrange, elle m'a appelé ojai. c'est bizarre non ? je joue avec ma tasse, j'ai la mise basse.

alors qu'il m'défile le truc sur la femme qui est venue l'voir, j'peux pas m'empêcher de.. baisser l'regard. j'pourrais mentir. lui dire que c'est une femme qui m'harcèle au travail, qu'elle m'dit qu'elle me veut et tout, pour blaguer. ceci-dit s'il découvre que j'lui mens encore, ou si elle lui a dit plus d'infos, ce serait l'bordel. j'ai pas besoin d'ça. « c'est en effet très bizarre. » j'ai pas l'habitude de paniquer, mais c'est mon frère jumeau, et j'crois que j'commence à réaliser l'ampleur de ma connerie. « écoute ike.. » j'ose même pas l'regarder dans les yeux. « c'est compliqué. d'accord? »

je me laisse tomber vers l'arrière dans mon banc et je croise les bras en le regardant. honnêtement, j'ai envie de partir et de le laisser là, car je suis terriblement déçu de lui. - je suis heureux de savoir que mon frère jumeau, ma moitié, me mens tous les soirs pour aller coucher avec des dames d'un certain âge pour quoi ... de l'argent c'est ça ojai ? et il me dit que c'est compliqué. s'il couche pour de l'argent, ça fait de lui une pute ? j'ai la gorge qui se sert.

il résume ma vie en une jolie petite phrase. j'croise les bras à mon tour, j'regarde nerveusement par la fenêtre en me mordant l'intérieur de la joue, puis j'regarde mon frère. dans les yeux. « pour quoi d'autre? le plaisir, peut-être? c'est pas plaisant. » ma gorge est nouée. j'sais pas quoi dire, j'm'attends juste à me faire renier pour le restant d'mes jours et finir seul sur une île déserte, faute d'avoir déçu tout l'monde autour de moi.

je me passe une main dans le visage en soupirant. - merci de m'avoir menti, c'est très apprécié. mon frère se prostitue, celui que j'ai toujours admiré, sur qui je me fiais pour devenir un mec plus mâle. ça m'écoeure. - ça fait combien de temps ? ouais, j'aimerais bien savoir.

« depuis le déménagement. » j'prends une grande respiration. « j'suis désolé, ike. j'voulais pas te mentir, vraiment. j'savais juste pertinement que t'allais pas être en accord, sauf que c'est la.. seule solution rapide que j'ai trouvé, disons. et.. j'veux dire.. ça fait pas d'trouble. c'pas comme.. vendre de la drogue, ou j'sais pas.. » j'tremble à l'intérieur. « j'te l'accorde. c'est.. répugnant. imbécile. stupide. incroyablement con. » puis mes yeux deviennent trempés, comme si j'étais pas déjà assez humilié comme ça. « écoute ike.. t'es pas l'seul à.. être amoureux.. »

- comment ça amoureux ?

je prends une énorme respiration. - j't'ai jamais demandé de me suivre ojai, t'aurais pu rester là-bas avec ta copine et on aurait gardé contact quand même. j'aurais mieux aimé ça que tu te prostitues littéralement.

« ike, j'ai décidé d'venir ici. j'pouvais pas rester là-bas et m'contenter de te voir une fois par année, au minimum. j'pouvais pas rester là-bas et laisser toute ma famille au complet s'établir ici, et rester à hawaii comme un imbécile. » pause. « j'suis pas du genre à prendre les meilleures décisions du monde et ça n'date pas d'hier. ceci-dit, venir ici n'était pas une mauvaise décision. c'est juste que j'voudrais avoir le meilleur des deux mondes, et que je ne m'y prends pas d'la meilleure façon, comme d'habitude. j'me dis que j'ai commencé, ceci-dit, et j'y suis presque.. j'peux pas arrêter maintenant. »

- fais c'que tu veux, c'est ta vie, je ne m'en mêle pas. je me lève, dépassé par les événements et je regarde ojai dans les yeux. - si c'est ce que tu veux faire tant mieux, mais je te cache pas que je suis déçu de toi, mais bref, on s'en fou. je vais placer mon café au comptoir et je reviens sans m’asseoir. - je dois te laisser, je dois me rendre au gym pour m'entraîner. je me retourne et je me dirige vers la sortie.

« eh bien j'suis désolé d'vouloir atteindre mes objectifs à tout prix. tu peux être déçu, de toute ce ne sera pas la première fois. » il s'dirige vers la sortie alors que j'regarde droit devant moi. qu'est-c'que je pourrais faire de plus, de toute? l'mal est fait, comme on dit.

je sors, je marche rapidement pour me rendre jusqu'à la banque, je retire tout ce que je peux au comptoir et je reviens automatiquement au café en espérant qu'ojai soit encore là. il est assit à la même place et j'arrive près de lui en déposant une enveloppe. - c'est pour toi, tu peux le prendre et en faire c'que tu veux, j'veux seulement que t'arrêtes de coucher avec vieilles insatisfaites sexuellement parlant. et ne me rembourse pas, t'en as plus besoin que moi. je me retourne et je repars vers le gym. qu'est-ce que je ferais pas pour lui, qu'est-ce que je ferais pas pour qu'il soit bien.

j'prends du temps à comprendre c'que l'enveloppe contient. il sort, j'l'ouvre tranquillement, puis j'vois. j'sors du café en courant, j'le rejoins et j'lui fous l'enveloppe sur le torse. « j'veux PAS de ton aide, ike! si j'avais voulu d'l'argent j'aurais demandé à papa. j'prendrai pas ce truc, alors si tu l'reprends pas, il y aura quelqu'un d'bien chanceux qui va tomber sur cette enveloppe parce qu'elle sera là, par terre, à attendre gentiment un propriétaire. »

je me recule lentement en lui laissant l'enveloppe entre les mains. - alors mets l’enveloppe au sol et on laissera quelqu'un avoir toute cette argent, c'pas comme si c'était la première fois que tu refusais mon aide. je me retourne pour continuer de marcher, j'ai plus envie d'en parler.

« IKE BORDEL! » j'lui lance l'enveloppe, d'une foooooooorce. « ça sert à rien d'aider un type comme moi. t'ferais mieux de dépenser tout ce fric pour ta copine. »

je me retourne. - qu'est-ce que t'as contre ma copine ojai ? tu me parles d'elle maintenant, tu me parles d'elle via sms parce que je passe du temps avec elle, qu'est-ce que t'as ? je suis en colère contre lui parce qu'il a osé me lancer un truc et parce qu'il a levé le ton contre moi, je prends l'enveloppe qui est au sol pour la mettre dans ma poche de jean.

j'hausse un sourcil. « j'ai rien dit contre ta copine?! »

- d'accord. je me retourne et je continue de marcher sans me retourner.

« c'est ça, bonne journée. de la part de la pute. » j'marche en sens inverse.

- j'essaie de t'aider, je te donne de l'argent pour que t'arrête de faire ce putain de métier, j'fais ça pour toi, mais t'es qu'un pauvre con d’orgueilleux qui n'accepte pas mon aide, alors tu sais quoi ? MA TE FAIRE FOUTRE PAR UNE COUGAR, et arrête de te plaindre que t'as pas d'autres moyens !

« prendre c'que t'as n'est pas un moyen. sur ce. » quelle belle journée.