(WITHLEG) WELL, IT HURTS.

j'me promène dans l'appartement, en boxer et en camisole, à la recherche de bacon. il arrive, lorsqu'il entend la porte du réfrigérateur s'ouvrir, puis je lui mets de la bouffe dans sa petite gamelle. j'retourne au comptoir, pour continuer un dessin que j'ai commencé au plomb ce matin.

je rentre très lentement dans l'appartement. je n'ai plus envie d'être ici en ce moment, j'ai plus la tête à rien. je m'imagine que nell et cet autre garçon, leur scène, dans ce film et j'ai mal à l'estomac. je sers le dvd très fort entre mes doigts. nell est là, en train de dessiner pour l'école et moi, je dépose le dvd à côté d'elle avec un petit dessin avec un coeur dessus. - c'est pour toi. je souris pas, j'ai pas envie de faire semblant. elle va encore croire que c'est une de mes blagues. si seulement elle savait.

oleg arrive, je lui souris, il a une drôle de tête. il met quelque chose à côté de moi, un dvd, avec un coeur. j'hausse un sourcil, puis je souris davantage. je l'embrasse sur la joue. « merci! qu'est-ce que c'est? » je saute en bas du tabouret pour sautiller jusqu'au salon, un peu comme une gamine. « t'as passé une belle journée? t'as l'air fatigué, un peu. » je mets le disque dans le dvd, puis j'galère pour le faire partir. « oleg, tu m'aiderais? j'y arrive jamais, avec ces trucs. » puis j'vais m'assoir sur le sofa.

je ne réponds à aucune de ses questions, je fais seulement la regarder sautiller comme la fille la plus heureuse au monde. elle essaie de le faire partie dans le lecteur dvd, je vais la rejoindre puis je m'accroupis au sol pour le mettre en fonctionne puis je pèse sur play. je me recule sans dire un seul mot, je veux même pas regarder, seulement l'entendre me rend mal. je fais dos à la télévision et j'attends une réaction de nell. je ferme les yeux très fort. comment je vais pouvoir oublier ça ?

il reste silencieux, j'me demande vraiment, vraiment pourquoi. il appuie sur play. ça m'semble être le début d'un film porno? j'hausse un sourcil. il veut qu'on écoute ça ensemble? pourquoi, il reste là, alors? il veut m'prouver, qu'il est pas coincé et qu'il peut regarder ce genre de choses? puis, la fille, elle apparaît. et là, je comprends. j'crois qu'il n'y a aucun mot pour décrire comment je me sens, actuellement. aucun. ma gorge est tellement nouée, que j'ai mal. je serre des dents. je me sens.. humiliée. terriblement humiliée. le dvd, avec le petit coeur. t'as voulu rire de moi. mon visage est décomposée. puis, mes yeux passent de l'écran, à oleg, tranquillement. les yeux trempés, je marmonne un « pourquoi tu.. » en secouant la tête de droite à gauche, lentement. puis, j'explose. en larmes. je me lève, rapidement, puis je me rue sur le dvd pour tenter de l'arrêter.. mais comme je m'y connais pas, c'est la télé, qui finie violemment au sol. puis, j'lui donne la gifle du siècle. « TU PENSAIS QUOI, EN ME MONTRANT ÇA?! À QUOI ÇA TE SERVAIT, DE RAMENER UN VIEUX TRUC DU PASSÉ? TU VOULAIS ME MONTRER, À QUEL POINT J'ÉTAIS UNE PUTE? COMME SI J'ÉTAIS PAS AU COURANT? COMME SI J'ÉTAIS ENCORE UNE PUTE, À L'HEURE ACTUELLE, QUI VEUT JUSTE TOUJOURS BAISER? C'EST ÇA, QUE TU VOULAIS?! » j'attrape la pochette du dvd, au sol, puis lui lance dessus, de toutes mes forces. « VA TE FAIRE FOUTRE, OLEG! VA TE FAIRE FOUTRE, TOI, ET LE PETIT COEUR QUE T'AS DESSINÉ SUR CETTE POCHETTE, EN PLEINE CONNAISSANCE DE CAUSE! COMME SI T'AVAIS PASSÉ DES HEURES À ESSAYER DE TROUVER LE MEILLEUR MOYEN DE M'HUMILIER! » j'arrive même plus à parler et à me faire comprendre, tellement j'pleure, tellement j'suis en colère. « PERSONNE NE M'A JAMAIS BLESSÉ AUTANT, J'ESPÈRE QUE T'ES HEUREUX! » je suis habillée, et pourtant, j'ai l'impression d'être toute nue. je me sens si mal, en dedans. je monte rapidement les marches, pour enfiler un gros hoodie, mais ça ne change rien. j'descends, ouvre la porte de l'appartement, la claque très fort en la fermant, puis cours dans le corridor, mais je finis par m'effondrer dans mes pleurs au bout de quelques mètres.

c'est la télévision et puis maintenant c'est ma joue qui résonne sous sa main. je ne réplique rien, j'ose même la regarder droit dans les yeux alors qu'elle me fait ça, alors qu'elle me crache presque au visage, alors qu'elle me crie et me balance la pochette. je la laisse criser, après tout, je suis un connard, c'est vrai. c'est rendu à ce point où je me rends compte que je ressens rien à l'intérieur, je suis seulement neutre. je pense que mon cerveau analyse tout ou lui-même ne comprend plus rien à la situation. nell se change, nell claque la porte puis nell disparaît. je l'entends pourtant pleurer dans le couloir de l'immeuble. je prends un grand jogging et je lui apporte. je m'assieds très loin d'elle, car je me doute que je ne peux pas la toucher. - c'était pas pour t'humilier, c'était très loin d'être l'idée. c'était pas non plus dans le but de te faire du mal, en fait, je pensais pas que t'allais réagir comme ça. je pensais que t'assumais ce que t'avais fait dans le passé, que t'allais juste me confronter, me traiter de gamin, je pensais pas que t'allais te sentir mal à ce point, non. de toute manière, je crois que ça ne sert à rien de te parler de tout ça, tu m'écouteras pas. je veux seulement que tu saches que je te considère pas comme une pute et je t'ai jamais considéré comme telle. je pense que j'ai tout accepté de toi sans rien répliquer, ton passé, comme le présent et probablement comme le futur, mais ça, te voir ... c'était trop, je m'en excuse.

je me recroqueville sur moi-même, j'ai encore l'impression d'être toute nue. et même si je mettais ce jogging, ça n'changerait en rien. je me retiens, pour pas gueuler. c'est que je n'en suis même plus capable. ma voix est saccadée, par les pleurs. « t'étais pas.. t'étais pas obligée, de regarder.. mais non.. il a.. il a fallu que tu regardes.. »

je la coupe sec. - je l'ai pas regardé au complet, j'ai fermé l'ordinateur quand j'ai vu que c'était toi cette fille. je ne veux même plus entendre parler de la pornographie.

« t'as pris la peine de le graver sur un dvd, en te disant, pendant tout ce temps, que ça allait pas me déranger? sérieusement, oleg? tu me montres ça, comme si je devais me justifier des actes que j'ai fait il y a.. quatre ans, de ça?! »

j'ai un fusible dans ma tête qui explose. - ET TU CROIS QUE ÇA ME FAIT PLAISIR À MOI ?! DE RETROUVER MA PETITE-AMIE SUR INTERNET EN TRAIN DE SE FAIRE SAUTER PAR UN AUTRE MEC ?! QUE DES POTES VIENNENT ME VOIR ET ME DISENT 'AH, P'TAIN TA MEUF SEMBLE TROP BONNE.' ET ÇA ME FOU DANS UNE COLÈRE PAS POSSIBLE DE VOIR QUE LES MECS TE VOIENT COMME ÇA ?! T'ENTENDRE CRIER COMME ÇA, DE PLAISIR ET DE ME DIRE QUE C'EST UN AUTRE, MAIS MERDE À LA FIN ! je me lève pour frapper le mur jusqu'à sentir du sang couler sur mes jointures. je pleure de rage, de la rage accumulée pendant trop longtemps, mais je continue de frapper.

« MAIS QUE VEUX-TU QUE JE FASSE, OLEG?! » j'le regarde frapper, saigner. « JE PEUX PAS EFFACER MES BÊTISES DU PASSÉ, OLEG! ARRÊTE DE ME DONNER L'IMPRESSION QUE J'AI GÂCHÉ MA VIE! ARRÊTE! ARRÊTE! Arrête.. » pleurs. « .. arrête.. arrête.. »

- JE SUIS PAS UNE PUTAIN D'ÉPONGE NELL ! JE PEUX PAS TOUT ABSORBER ET FAIRE COMME SI RIEN N'ÉTAIT TOUT LE TEMPS ! j'essaie de me calmer, mais j'y arrive pas et je suis encore plus en colère parce que j'y arrive pas justement. - à quel moment je t'ai fait sentir que t'avais gâché ta vie ? quand je suis entré dans ta vie ? quand c'est à cause de moi que t'as arrêté de danser ? parce que je suis pas un accro du sexe ? parce que je t'ai montré ce dvd ? JE T'AI JAMAIS TRAITÉ DE PUTE ET JE L'AI JAMAIS PENSÉ ! ET T'AS PAS GÂCHÉ TA VIE, MAIS MERDE, T'AS QUE VINGT-DEUX ANS ET T'ES BOURRÉE DE TALENTS EN DESSIN !

je me lève, un peu difficilement. je m'essuie le visage inutilement, puis laisse le jogging par terre. « ça me fait juste mal de constater que je te dégoûte à ce point. et s'il-te-plait, ne viens pas dire le contraire. » j'rejoins l'escalier, pour m'rendre en bas.

- tu m'as jamais dégoûté. je t'ai déjà dit que tu pouvais faire ce que tu voulais, que je n'avais pas un seul mot à dire à propos de ta vie. elle va pour descendre les marches. - c'est terminé, nell ?

« alors à QUOI IL SERVAIT, CE DVD? » j'ignore sa seconde question, je continue mon chemin.

je ne réponds pas à sa question puisqu'elle n'a pas répondu à la mienne et ça me perturbe au plus haut point. - est-ce que c'est terminé ?

je me retourne, sec. « à toi de voir, oleg, si t'as envie qu'un vidéo de ta copine tourne sur le web. si t'as envie de sortir avec une fille, que beaucoup de mecs d'ici ont vu danser, ou beaucoup plus. c'est des facteurs invariables, des choses faites, que je ne pourrai pas changer. si t'es pas capable de faire avec, si t'es pour encore me faire un truc comme ce que tu m'as fait ce soir, tu m'oublies, et pour toujours. »

- je tiens seulement à m'excuser, à te dire que je t'aime comme un dingue et que je m'excuse encore, sincèrement.

j'hausse les épaules. « d'accord. » puis, je quitte.

elle quitte. je dis rien, je rentre seulement dans l'appartement sans prendre le temps de nettoyer mes mains puis je nettoie la télé en prenant soin d'en commander une nouvelle sur internet pour nell. je prends un sac, des vêtements et je flatte bacon une dernière fois avant de partir. je vais me prendre une petite chambre dans un hôtel. et je pleure.

j'passe touuuute la semaine suivante, chez mes parents. sans téléphone, sans bacon, sans tout. sans école. je pense à bacon. et il me manque vraiment, et j'ai juste envie de le prendre, et voilà. alors, c'est une heure plus tard, que j'entre discrètement dans l'appartement. j'ai pas l'impression qu'oleg est là. mais bacon, lui, oui. il m'attaque (positivement), mais j'crois qu'il veut surtout de la bouffe. je le nourris, puis m'assois en indien à côté de lui pour le flatter pendant.

je vais pour entrer dans mon cours de comptabilité et je me rends compte que j'ai pas pris ce livre quand je suis partie de l'appartement. je file rapidement chez nell et en passant la porte, je me rends compte qu'elle est là, à flatter bacon. je sais que j'ai plus vraiment droit à la parole, mais je parle quand même. - je suis désolé, je vais pas te déranger très longtemps. je cherche un peu partout et je trouve pas mon livre. je stresse énormément, car je sais que je peux pas être là. - hm, je t'ai acheté une nouvelle télévision pour remplacer ton ancienne, elle est à la poste, tu peux aller la chercher quand tu veux. je retrouve finalement mon livre et je vais pour quitter. - voilà, j'te dérange plus au revoir. puis je ferme la porte derrière moi.

j'entends la porte s'ouvrir, puis y'a oleg, qui entre. il a l'air nerveux, un peu. je regarde juste bacon. « merci. » il quitte déjà? « au revoir. bonne journée. »

j'entends seulement son bonne journée avant de partir pour l'école. pendant mon cours, je pense plus à rien, seulement à nell. quand je termine, je file sur ma moto pour lui acheter un énorme bouquet de fleurs et le plus gros ourson en peluche que j'ai pu trouver pour revenir à l'appart. j'ai un peu de difficulté à passer au travers la porte, mais je réussie. - ... nell ?

tu pourras pas rester chez tes parents éternellement. je reste assis, avec bacon, pendant des heures. même que je finis par me coucher par terre, entre les deux comptoirs. puis, la porte s'ouvre de nouveau. mes yeux sont concentrés sur bacon. je remarque pas, ce qu'oleg a dans les mains. « moui? »

» HM ? (WITHLEG)
» 1234 (WITHLEG)
» (withleg) nightvision.
» byye (withleg)
» sorré. (withleg)

(WITHLEG) WELL, IT HURTS.

(WITHLEG) WELL, IT HURTS.

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