j'suis à l'appartement, en train d'me dire que j'suis probablement en train de foutre ma vie en l'air. y'a l'autre partie de moi qui m'dit que j'suis peut-être en train d'la sauver, qui m'répète que je n'ai besoin de personne pour vivre, que l'amour n'est nécessaire que dans les films ou les livres. de toute, c'n'est pas comme si elle et moi avions le même mode de vie. j'me sens mal. terriblement mal. et ce, depuis deux semaines. depuis la dernière fois. depuis .. cette fois. j'enfile mes chaussures. j'prends pas mon appareil, parce que je n'me rends pas sur la plage pour photographier quoi que ce soit. j'm'y rends, en espérant qu'elle y soit. mais j'suis terrifié. tellement terrifié. tu m'fais peur. la plage n'est plus bien bien loin, maintenant. j'me dis que ce serait peut-être mieux de faire demi-tour. ceci-dit, j'vois une silhouette, au loin, sur la plage. c'est elle. j'avance. encore et encore.. jusqu'à ce que je sois tout près. « j'suis content qu'tu sois.. là. »

Au final, ce baiser c'était rien. Rien du tout. Un bisou de chat. Quelque chose d’innocent, de pas voulu, qui se produit comme ça, comme pour dire « bonjour », un bonjour nouveau certes, mais rien qu'un bonjour. C'était peut-être ça, sa définition à lui. Ce n'était pas la mienne, mais je sais pas, il se disais que je n'étais qu'un jouet, certainement. Une fille de plus à avoir toucher ses lèvres, à être tombé dans le panneau. Dieu que je suis naïve et bête. Encore un qui viens de t'avoir, Elle. Je respire un grand coup, regardant les vagues faire des vas et viens, et me relève. Bon allez, la prochaine fois, on se laisse pas avoir. Non, il n'y a même pas de prochaine fois, plus jamais. « j'suis content qu'tu sois.. là. », je reconnais sa voix. Un peu plus et je pourrais même reconnaître sa présence. Un battement de cœur manquant, la gorge serrée. « J'allais.. justement partir, en fait. » t'éviter.. chose que tu t'es amusé à me faire pendant ses jours interminables, tu te souviens ?

j'disais la vérité, mais ce n'était pas vraiment crédible après mon absence des dernières semaines. j'étais content d'la voir, ça oui. même si ça avait été difficile de m'convaincre de sortir, puis de marcher jusqu'ici en m'disant constamment que ce n'était peut-être pas une bonne idée. j'ai vingt-six ans. j'suis capable, j'suis un grand garçon, un type doué, à ce qu'on dit. pourtant, j'me sens comme un incapable. « j'allais.. justement partir, en fait. » oh non. tu restes. peut-être que j'devrais la laisser partir, en même temps. ce serait plus simple comme ça, autant pour moi que pour elle. j'fais quoi, maintenant? j'me désiste? j'regarde quelques instants au sol, plutôt que d'affronter son regard. j'sais même pas si elle me regarde, en fait. « ooh.. je vois. » wow. echo. tu t'es surpassé. « elle.. » j'respire un bon coup. « j'suis désolé de.. tu sais. » de t'avoir embrassé? non. de t'avoir évité? oui. d'être si compliqué? absolument. « c'est que.. » j'suis capable de parler, habituellement. mais là, .. passons. « c'est que j'suis.. un peu.. c'est compliqué.. pour moi. c'genre de choses. » très clair. très. ou pas.

Non, je n'allais pas partir. Bien sur que non, c'était une sorte de petit mensonge. Il me manquait, même si ça m'embêtait de l'avouer. Ça me faisait plaisir de le voir, de savoir qu'il allait bien, qu'il était en vie, qu'il était là. Qu'il ne m'avais pas oublié, aussi. « ooh.. je vois. » ouais. Que dire de plus de toute façon ? Tout avait été dis dans le plus grand des silences ; l'absence d'echo.  « elle.. » je lève les yeux vers lui, attendant la suite. « j'suis désolé de.. tu sais. » je souris un peu, tristement. Non, je sais pas.  « c'est que.. » j'ai juste l'impression qu'il cherche des excuses, et ça fait mal. « c'est que j'suis.. un peu.. c'est compliqué.. pour moi. c'genre de choses. » Je riais un peu, surtout nerveusement. « compliqué.. ? » ça l'est pas pour moi ? « t'avais pas le droit de me laisser dans le doute comme ça.. », je le regarde, et il est beau. Ouais, même si je lui en veux, il est beau. Il reste beau. « si t'étais juste venu et que t'avais fais comme si de rien n'était, ça m'aurais fais moins mal. », l'ignorance est la pire des choses. ouais, j'avais eu mal. Parce que c'est comme ça, quand on s'attache à l'autre.