nemo arrive. j'le regarde pas. j'ai honte. honte de ne m'être douté de rien. les ambulanciers ont pris la relève, pour sani. je me lève, du mieux que je peux. j'essuie les larmes. j'sors de la chambre sans ni même prêter un regard à nemo.

je laisse yann sortir, je continue de fixer la scène. un ambulancier vient me voir qu'il est toujours vivant, mais qu'ils doivent le transporter d'urgence à l'hôpital. j'hoche de la tête, toujours sous le choc et je les suis jusqu'en-bas en tenant la main de sani dans la mienne. je tire yann par la même occasion pour embarquer dans l'ambulance.

je monte dans l'ambulance, parce que je n'ai pas le choix. j'me fous le visage entre les mains. j'crois que je ne me pardonnerai jamais ça. le trajet se passe en silence. l'arrivée à l'hôpital aussi. j'suis convaincu que c'est terminé, même s'ils disent qu'il est toujours vivant. je m'assois dans la petite sale d'attente vide.

je m'informe auprès de tout le monde, tout le monde me dit qu'on doit attendre qu'un médecin vienne nous voir. je reste sans voix, puis je prends place à côté de yann. - c'est pas ... de ta faute ...

j'prends un long moment avant de répondre. « oui, nemo. »

- ... on le savait pas tous les deux qu'il ... allait mal à ce point ...

j'ai encore la tête qui tourne. j'me penche contre mes genoux. « tu sais. la goutte qui fait déborder le vase. »

- comment tu pouvais savoir qu'il allait faire ça ? ce n'est pas toi, c'est tout ça, c'est le fait qu'il ne se soit pas ouvert, c'est le fait qu'il souffrait sans nous en parler.

< nemo.. aucune de tes paroles n'auront le pouvoir de me rassurer. >

quand il me dit ça, je me tais alors. - tout serait plus simple pour toi, pour les enfants, si j'étais pas tombé amoureux de toi.

< arrête. tu m'as offert la plus belle vie qui soit. >

- quelle vie yann ? pour qu'aujourd'hui, notre fils soit à l’hôpital pour tentative de suicide ? pour t'avoir demandé le divorce ? pour t'avoir fait pleurer tellement de fois ? pour être un putain de gay ?

< j'ai mérité que tu me demandes le divorce. tu m'as fait pleurer, tout comme je t'ai fait pleurer de nombreuses fois. mais, on est encore ensemble, nemo. après tout ce temps, toutes ces embuches comme ces beaux moments. je n'aurais pas voulu passer ma vie avec quelqu'un d'autre. t'es merveilleux et tu as toujours été un père extraordinaire. >

- je continue de croire que t'aurais été mieux avec une femme.

< crois ce que tu veux. >

- hmm. je me lève et je disparais dans la cafétéria. le seul endroit que j'aime dans l’hôpital.

je reste assis là, au désespoir. tout allait si bien, hier. tout va si incroyablement mal, aujourd'hui. les médecins arrivent puis mon coeur cesse de battre jusqu'à ce qu'ils me disent qu'il est vivant. alors je pleure, très fort, pendant longtemps. je vais chercher nemo, en m'rendant direct à l'endroit où il s'trouve toujours. j'souris pas, mais j'lui souffle < il va s'en sortir. >

je vois yann arriver, il m'annonce la nouvelle. je ne réponds rien, je monte seulement à l'étage où se trouve sani, sans l'entendre, sans même le regarder. je rentre dans la chambre et je m'assis dans la chaise et je prends la main du petit dans la mienne en me mettant à pleurer.

je monte, me rend jusqu'à la chambre de sani puis j'attends sur le seuil de la porte. son désir n'est probablement pas de voir ses deux pères ensemble, actuellement. alors je sors complètement, puis retourne sur une petite chaise.

je vois yann sortir et je comprends. alors je vais dans la salle d'attente et je prends sa main dans la mienne pour le tirer jusqu'à dans la chambre de sani. - il ne pensait pas ce qu'il disait, alors reste pas là. et on est tous les deux dans la chambre et on attend qu'il se réveille.

« il ne le pensait pas? mais il a essayé de s'enlever la vie, après la discussion, ceci-dit. » j'sais plus quoi en penser, mais j'imagine que nemo non plus. la parole la plus réconfortante qui soit ne suffirait pas, en un moment comme celui-là.

- tu sais, quand tu dis des trucs blessants parce que tu sais même plus comment prendre les choses, t'as tout à l'intérieur et puis t'explose ? je soupire. trois membres sur quatre dans cette famille ont fait une tentative de suicide, c'pas réjouissant.

« ouais. » silence. j'attends longuement. j'saurai pas quoi lui dire, lorsqu'il sera réveillé. il ouvre finalement les yeux, puis j'le regarde, sans ni même un sourire. allez, nemo. parle encore une fois au nom du couple.

il se réveille, je trouve seulement un truc à lui dire. - est-ce que c'est à cause de nous petit homme ? il pleure doucement.

le fait qu'il ne réponde pas, du moins, pas tout de suite, me fait sentir très étrange. l'genre de sentiment le plus désagréable qui soit. je m'accote contre le dossier, tout en le regardant. « je sais pas.. »