fleur. (shamae)

un an que nous nous fréquentons, six mois que nous sommes ensemble officiellement. je suis énormément nerveuse ce soir, edie n'est pas à la maison ce soir et j'avais envie de faire un peu plaisir à shane. il y a une boîte sur la table du salon, avec un truc pour moi, que je veux porter pour lui. j'ai peur de le dégoûter à un point tel qu'il me quitte, j'ai peur qu'il refuse de continuer par peur de revivre la même chose qu'il a vécu avec sid. je reste assise et puis j'entends finalement la porte s'ouvrir. mon coeur va exploser.

j'suis avec les gars du groupe, aujourd'hui. on compose, on tente de nouveaux trucs, aussi. ils m'demandent un tas de questions sur mae, comme d'habitude. j'réponds vaguement, j'ris un peu jaune. j'peux pas vraiment répondre à leurs questions de mâle. la journée se termine, puis je rentre à la maison. edie est chez sa mamie, ce soir. je sais un peu ce que ça signifie. ça signifie le malaise du siècle. un jour, je serai capable, j'imagine. j'ouvre la porte, mae est juste là. je lui souris. j'pense plus à mes inquiétudes. « bonsoir toi. » je vais la rejoindre, puis l'embrasse en guise de bonjour. je remarque la boîte sur la table de salon. « t'es allée faire des courses? »

- salut. son sourire m'aide à calmer mon stresse et ma nervosité. je réponds à son baiser rapidement en lui souriant à mon tour. je vois ses yeux dévier vers la boîte sur la table, et quand il me demande si j'ai fait les courses, je me doute que l'idée que ça soit de la lingerie ne lui traverse pas l'esprit. - c'est pour toi. je ne sais pas comment qu'il va réagir, je sais seulement que ça va provoquer un énorme malaise.

j'hausse les sourcils lorsqu'elle me dit que c'est pour moi. « pour moi? » mais c'est pas mon anniversaire, encore. à moins qu'elle veuille me faire une fête d'été, comme quand j'étais petit, pour pas que j'reçoive tous mes cadeaux qu'à noël. je souris à cette pensée, puis j'ouvre la boîte. puis je ne souris plus vraiment. mon coeur arrête de battre. penses vite, shane. vite, vite. « oh.. » j'sais pas si je serai capable de faire ça c'soir, mae. « .. tu veux que.. je mette ça.. ? » pour détendre l'atmosphère. je ris un peu.

ce que je pensais arrive, il ouvre la boîte et son expression change complètement. ce n'était pas du tout le moment mae, tu as fais fausse route, tu as fait un effort que tu ne devais pas faire tout de suite. je lui fais peur maintenant. - non ... je voulais le mettre pour toi, on est pas obligé de faire l'amour, je voulais seulement te faire plaisir. je me rends compte de l'erreur que je viens de commettre. je ferme la boîte pour aller la jeter dans la poubelle. - je suis réellement désolée shane, je ne savais pas à quoi je pensais. je baisse le regard un instant, avant de le relever vers lui. - t'as envie d'écouter un film ? je peux faire les biscuits que tu aimes. je lui fais ce sourire qui sonne faux.

ma blague nulle ne fonctionne pas vraiment. elle a détecté le malaise. la boîte se retrouve rapidement à la poubelle, et je me sens davantage mal. très mal. j'ignore ses dernières propositions. « pourquoi tu l'as jeté? »

- parce que c'était stupide de l'acheter à la base, je croyais sincèrement pouvoir le porter et au moins, peut-être, d'essayer faire plaisir à tes yeux, un peu. je baisse le regard une autre fois, mais je ne le relève pas. - mais tu n'aurais pas aimé ce qui se trouve en-dessous, c'est ... très laid haha ... je passe ma main sur ce sein en gelé, mais il ne sait pas shane.

je vais sortir la boîte de la poubelle, puis la dépose sur le comptoir. « c'est pas une mauvaise idée, tu sais. » bien que je sois hésitant. faut pas se fier à moi pour prendre des initiatives. « ça m'étonnerait, mae.. haha.. »

je le vois qui sort la boîte de la poubelle. je reste muette. c'était pas stupide au final ? il faut que je lui dise, maintenant. je dois admettre que je trouve ça très difficile à avouer à quelqu'un que tu aimes, à quelqu'un que tu veux plaire. - ... c'est qu'il me manque un sein ... j'avale très difficilement ma salive.

ça, c'est un très gros aveu. un énorme aveu. inutile de demander pourquoi, je comprends. je la regarde, dans les yeux. « .. tu ne m'as jamais rien dit.. ? »

je me sens coupable, j'ai fait une erreur. - j'avais peur que tu ne veules plus de moi, à cause de la maladie. je lève finalement le regard vers lui. à croire que je tiens réellement à te plaire depuis le début.

wow. ça me rend triste. « quand j'ai commencé à sortir avec sid, elle était déjà atteinte, tu sais. ça ne m'a pas empêché de l'aimer et de la supporter. »

- je le sais, et je ne suis plus atteinte, le cancer est totalement partie. seulement, sachant que tu as perdu sid à cause d'une maladie dans le même genre, j'avais peur que tu refuses de prendre la chance de me perde moi aussi, c'est con hm ? je sors la gelée de mon soutien-gorge et je la dépose sur la table devant moi, laissant un vide au travers ma camisole.

je ne sais pas comment réagir. « on peut tout se dire tu sais. ce n'est pas parce que tu as été atteinte d'un cancer qu'un garçon a le droit de.. te laisser tomber comme ça. » je l'observe, lorsqu'elle enlève son.. faux sein. « ça n'change strictement rien pour moi, mae. je suis juste triste que tu aies dû garder ça pour toi pendant tout ce temps. »

- c'est plutôt moi qui doit s'excuser de ne t'avoir rien dit depuis tout ce temps. j'avais réellement peur que tu réagisses mal, ou pire, que tu refuses de me voir de nouveau. je m'approche de quelques pas, on est loin l'un de l'autre encore. - tu veux voir ? il n'y a rien d’excitant de voir une cicatrice plate de mon sein gauche. - j'ai un tatouage, donc tu ne vois rien.

je n'ajoute rien, puis elle s'avance. « si, d'accord. » j'attends, puis je vois son tatouage. « tu vois, j'trouve ça.. » j'souris. « .. stylé. j'te jure. » et je le pense.

je souris. - merci, c'est pour rendre le vide plus beau. je remets mon sein en gelé à la place qu'il doit avoir. le silence s'installe et pour une fois, je ne me sens pas très à l'aise, je vais alors prendre la boîte entre mes mains. - je crois que je vais te laisser seul.

c'est silence. elle prend sa boîte, puis c'est malaise. « .. pourquoi? edie n'est pas là, on peut passer la soirée ensemble, non? »

- parce que je sais que tu n'as jamais été à l'aise qu'on passe la soirée que nous deux, et encore moins ce soir avec ce que tu viens d'apprendre et le cadeau. tu sais, je suis pas aveugle shane, j'aimerais beaucoup que les soirées qu'on passe ensemble te rendent à l'aise, d'avoir l'impression que tu passes des bonnes soirées sans avoir des inquiétudes ou que tu sois mal, mais ça n'a jamais été le cas depuis plus d'un an et demi et ça ne changera pas ce soir.

« j'aime passer du temps avec toi, mae. » ce n'est pas ça. « c'est juste que je ne sais jamais.. quand tu vas vouloir aller plus loin, et ça m'inquiète beaucoup, parce que j'suis pas encore prêt à ça. »

- et tu ne serais jamais prêt, parce que tu ne feras jamais ton deuil de sid. on pourra jamais aller plus loin ce qu'on est en ce moment et je serais jamais plus que la femme chez qui tu vas chercher un peu d'amour. parfois, j'ai l'impression que tu restes avec moi seulement pour edie.

wow. je ne m'attendais pas à ça, non plus. je suis bouche-bée. « mae.. non.. juste, non. » tu comprends rien, là. ça me donne mal à la tête. « t'es en train de dire, qu'il n'y a jamais eu de progrès? je t'ai toujours dit que ça prendrait du temps, mae. je fais mon deuil un peu à tous les jours, depuis qu'on se fréquente. je t'aime, d'un amour sincère. »

- il faut que tu comprennes que je t'ai attendu pendant un an shane, seulement pour que je puisse venir dormir chez toi, et tenir un peu ta main dans la rue. je regrette pas de t'avoir attendu, mais la patience n'est plus la même qu'avant. je vais devoir attendre encore une autre année pour qu'on puisse faire l'amour ou que je puisse seulement espérer que tu me touches ? je vais devoir attendre trois ans pour que tu me présentes enfin à tes parents ? tu sais, je vais pas être là éternellement, moi aussi je vais mourir un jour, comme toi tu vas mourir.

ses paroles me brusquent un peu. un peu beaucoup. « je n'ai pas accepté la mort de sid pendant des années, mae. j'ai refusé de refaire ma vie. t'es arrivée. et j'ai détruit le mur que j'avais construit, peu à peu, pour te faire une place. peut-être que t'as trouvé ça long, un an et demie, mae. mais.. j'aurais pas pu faire autrement, et je suis content de ce que j'ai fait. j'ai besoin de ce temps.. »

je ne rajoute rien, je crois que ce n'est pas nécessaire, je dois juste prendre le temps de me remettre en question, de me demander ce que je désire réellement. - je comprends, vraiment. la patience n'est plus au même stade, peut-être à quarante-cinq ans, je vais avoir droit à une vie de couple normale, il sera trop tard pour un bébé, mais pour un mariage, ça serait bien. mais il ne veut pas de mariage mae, alors tu peux oublier ça. - je vais partir, je crois.

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