je reste un moment dans le passage qui mène à la cuisine. je ne sais pas pourquoi, mais tous les trucs qui sont important dans nos vies à moi et yann se passent dans la cuisine. je secoue des doigts rapidement en prenant une grande respiration. courage nemo, tu lui parles vite de tout ça et puis c'est terminé. si seulement, c'était que ça. je rentre puis m'assis sur l'une des chaises hautes, je croise les doigts et dépose mon regard sur yann. - j'aimerais te parler d'un truc mon coeur. je ne veux pas qu'il s'inquiète, même si je risque de voir une légère lumière dans ses yeux, une petite lumière d'inquiétude.

je mange des céréales. as usual. (et c'est pour ça que les sujets importants s'discutent toujours dans la cuisine. c'est parce que j'passe ma vie à manger des céréales.) j'entends des pas, puis nemo arrive, avec une .. drôle de mine. « j'aimerais te parler d'un truc mon coeur. » je termine leeeentement ma bouchée avec un air suspicieux, puis je dépose ma cuillère dans le bol en essuyant ma bouche à l'aide de ma main libre. « qu'est-c'que t'as fait.. t'as.. reculé dans une voiture avec ma voiture? tu trouves que j'mange trop de céréales .. ? t'as d'autres enfants et j'le saiiis pas .. ? »

je secoue la tête en laissant paraître un petit sourire. - je voulais te dire que j'ai laissé tomber ta brosse à dents dans les toilettes il y a deux jours, et j'ai pas eu encore le courage te le dire. je reprends mon sérieux pour qu'il me prenne au sérieux, logiquement. puis finalement, je dépose ma main dans ma poche arrière du jean et je sors un petit papier que je suis allé chercher directement au centre d'adoption et je le dépose sur le comptoir. - voilà, le vrai sujet. je suis un mec de la mafia, il ne manque que Rupee ou Serge dans mes bras et on s'y croirai. mais à vrai dire, je panique.

« je voulais te dire que j'ai laissé tomber ta brosse à dents dans les toilettes il y a deux jours, et j'ai pas eu encore le courage te le dire. » te connaissant, tu ne me l'aurais .. tout simplement jamais dit. « t'es atroce de m'embrasser depuis deux jours en le sachant .. » hehehe. puis je ris, jusqu'à ce qu'il sorte le petit papier. « .. c'est quoi? » pas assez intelligent pour comprendre.

je m'appuie sur le comptoir avec mes coudes pour m'approcher de lui qui est de l'autre côté du comptoir et je dépose un petit baiser sur ses lèvres. - j'aime le goût du pipi du matin, faut m'excuser. je ris. quand il me demande c'est quoi le papier, je deviens nerveux et regarde les petits détails pas important, tout sauf lui. - c'est un papier sur l'adoption, 'fin, c'est à titre d’informations. je lui laisse deviner le reste.

« c'est un papier sur l'adoption, 'fin, c'est à titre d’informations. » j'hausse un sourcil. « t'as un pote qui veut adopter? » quelle belle qualité que d'être naïf. je regarde rapidement le papier. « pourquoi tu me montres ça? »

il ne se souvient plus de la discussion à l'épicerie ou je rêve ? je me passe une main dans les cheveux, ne sachant pas comment commencer la discussion de la chose. - tu te souviens ? je t'ai parlé que j'aimerais bien avoir un troisième enfant ? un enfant avec toi ... ? je retiens mon souffle un moment. - j'ai eu envie de m'informer ... et ... de t'en parler plus ... sérieusement. je deviens rouge, trois ans de couple, deux années de mariage et je deviens encore rouge, toi yann.

j'prends une bouchée. il parle, et .. j'comprends tranquillement où il veut en venir. j'ai un peu de mal à terminer cette bouchée, disons. elle finit par passer péniblement. j'regarde mon bol, et je ne lève surtout pas le regard. « ooh .. je .. hum. ne pensait pas que .. c'était pour .. cette année .. » maaaalaise. « je .. ne .. j'trouve pas que .. enfin .. c'est peut-être tôt, tu trouves .. pas? »

il ne lève pas les yeux, lui non plus n'est pas à l'aise avec le sujet. je cherche son regard puis finalement, je me décide à dire les choses sérieusement et directement. - je sais que tu n'es pas prêt, mais ça ne sera pas tout de suite yann, on ne va pas faire une demande et ils nous donnent l'enfant directement dans les bras. je fais une légère pause. - il y un temps d'attente et parfois le temps d'attente dépasse douze mois, donc un an. ça ne sera pas avant un moment ... j'essaie d'être rassurant un minimum.

je garde le silence pendant un bon moment avant d'enfin réagir. - et s'ils nous le donnent plus vite que prévu? je lève enfin mon regard pour croiser le sien. j'suis incapable de directement lui dire non et pourtant c'est c'que je voudrais.

je réfléchis un petit instant à sa question pour prendre le temps de bien lui répondre, mais au final, je risque de lâcher une réponse simple. - alors on aura un bébé plus vite. voilà la réponse simple. je me lève puis m'approche de lui, mais je ne me colle pas, je me contente seulement de prendre une arachide qui se trouve dans l'un des pots sur le comptoir et de la manger. - je t'en parle, parce que je veux un enfant avec toi, même s'il ne sera pas de nous directement, mais ça ne se fera pas tout de suite, je vais t'attendre. à moins que tu ne veules vraiment pas d'un autre enfant. je le questionne du regard.

« alors on aura un bébé plus vite. » j'le regarde avec ce regard qui en dit long. du genre, are you fucking kidding me? j'ai l'impression qu'il est vendeur et qu'il est en train d'me faire signer un papier qui, au final, est une arnaque. il se lève, s'approche de moi et j'imagine qu'il va passer en phase deux. la fin de sa phrase me rend perplexe. son regard me .. regarde trop. mal à l'aise, je .. prends une autre bouchée que je termine lentement. « je .. sais pas? » honnêtement. « j'trouve ça rapide un peu .. de devoir anticiper si, dans un an, j'vais vouloir d'un enfant ou non .. »

je crois que j'ai visé juste en disant qu'il n'en voulait pas, simplement par le voir manger ses céréales et son expression. parfois, j'aimerais être naïf sur demande. - je ne veux pas te forcer, je t'en parle, je te fais part de mon désir, voilà. je prends une grande respiration. - et puis ... toc toc toc. je tourne ma tête vers la porte d'entrée, même si je la vois pas. je lance un regard vers yann, puis me dirige vers la porte et je l'ouvre. keilana est là, avec une enveloppe dans les mains et son regard est triste. - salut nemo. je lui fais la bise. - salut, tu vas bien ? - je dois te parler, c'est à propos des enfants. je fais un regard perplexe, avec un mélange d'inquiétude. - yann est dans la cuisine, viens. puis on se dirige vers la cuisine.

« je ne veux pas te forcer, je t'en parle, je te fais part de mon désir, voilà. » je baisse le regard. « je sais. » rien d'autre à dire. encore une fois, j'suis pas capable de directement lui dire non. quelqu'un cogne à la porte, et nemo va ouvrir. j'entends une voix féminine, puis devine qu'il s'agit de keilana. elle pointe le bout de son nez dans la cuisine, puis je lui souris. « bonjour. » elle a une sale mine, mais je ne lui fais pas remarquer. je me lève, puis va porter mon bol dans le lavabo avant de retourner au comptoir. je reste debout, ceci-dit.

- salut. keilana fait un petit sourire à yann, puis se met au bout du comptoir et sort des papiers de l'enveloppe en question, je m'appuie le derrière contre le comptoir et je croise les bras. j'imagine les pires scénario, delf qui a une maladie incurable, ciel qui va devoir se faire opérer. - nemo, je veux commencer par te dire je m'excuse, je suis désolée du plus profond de mon coeur. elle se met à pleurer tout doucement. - j'étais si certaine ... je m'approche et lui passe une main dans ses cheveux comme quand je faisais dans le temps où on était ensemble pour la calmer. - qu'est-ce qu'il y a ? est-ce que c'est grave à ce point ? elle lance un regard vers yann. - je suis désolée yann ... elle baisse les yeux vers le sol en attrapant ma main. - nemo, delf et ciel ... ne sont pas ... tes enfants ... j'arrête de respirer, de bouger, est-ce que je suis vivant ? - qu ... quoi ?

j'comprends pas du tout pourquoi keilana pleure. j'me demande vraiment ce qui se passe, si les enfants vont bien, s'il y a eu un accident de voiture où j'sais pas trop quoi. j'avoue, j'suis inquiet, au fond de moi. très. très inquiet. et j'avoue aussi que .. j'ai un petit pincement de jalousie quand il s'approche d'elle pour lui passer la main dans les cheveux. genre, ils sont parents. ensemble. j'me sens toujours bizarre quand elle est là, un peu comme un cheveux dans la soupe. je sors de mes pensées quand elle se tourne vers moi pour me dire qu'elle s'excuse. « hein? » magnifique réaction d'un gars qui sait absolument pas c'qui se passe. « nemo, delf et ciel ... ne sont pas ... tes enfants ... » après quelques secondes de silence, car j'suis abasourdi par la nouvelle, je me lève. « c'est pas possible. delf et ciel ressemblent beaucoup trop à nemo. j'y crois pas. pas une seconde. »

elle ne sait pas quoi dire, elle détourne le regard de nombreuses fois. je laisse yann parler, moi je ne dis plus rien, je regarde keilana en cherchant un brin de connerie dans les yeux, qui montre qu'elle se fou de moi, qu'il va y avoir une caméra qui va sortir quelque part et que tout le monde va crier surprise en sortant du garde-robe. elle secoue la tête négativement aux propos de yann. - non, ils lui ressemblent, mais ... les tests montrent que ... c'est antoine le père et ... nemo n'a aucun lien de sang avec eux ... je pleure, je pleure ma peine, je pleure mon désarroi. - tu ... je ... - nemo, on était pas ensemble ... on n'avait le droit ... je suis tombée sur antoine et ... voilà. je me retourne vers yann et puis vers keilana, je frappe dans une armoire. perdu, je suis perdu.

et y'a nemo qui commence à pleurer. et y'a mon coeur qui s'brise en deux. il frappe dans une armoire et j'regarde le moindre de ses mouvements. j'me sens terriblement impuissant actuellement. je m'approche tranquillement de nemo, puis passe doucement ma main dans son dos. « nemo .. » j'sais tout simplement pas quoi dire. « ils sont encore là .. et en santé .. et tu pourras encore les voir .. toujours .. »

la main de yann est dans mon dos, mais je m'en fiche, je passe de la tristesse à la colère après avoir entendu et me tourne vers keilana. - T'AS PAS PENSÉ DEUX PUTAIN DE SECONDES AVANT DE M'ANNONCER QU'ILS ÉTAIENT DE MOI QUE PEUT-ÊTRE C'ÉTAIT ANTOINE ?!? T'AS PENSÉ À EUX ?!? je lui crie après, je suis mort. - t'as pas pensé ... je m'écroule au sol en pleurant. - nemo, je suis désolée ... je veux pas de ses excuses, je veux seulement me réveiller, je veux seulement ... rien.

nemo gueule sa vie, et moi j'suis là, un peu de trop. il tombe au sol, j'crois que je l'ai jamais vu dans un tel état. je regarde keilana, profondément attristé. « .. j'crois que .. qu'il serait mieux .. que tu repasses .. » je lui fais un petit sourire pour détendre l'atmosphère, puis me penche vers nemo .. avant de me relever, impuissant.

elle part et moi, je reste un long moment assis sur le sol. à me demander pourquoi, à ce que je vais faire et puis yann. je souris et je deviens fou. - voilà, t'auras toute mon attention maintenant. comme une bombe. et puis je me lève, déchire les papiers de keilana et celui de l'adoption, ils terminent à la poubelle. - plus de ciel, plus de delf ... je monte à l'étage avec un sac et je mets toutes les peluches à l'intérieur.

« voilà, t'auras toute mon attention maintenant. » ne te fâche pas, yannie. c'est pas l'moment. lorsqu'il monte à l'étage, je le suis. « nemo arrête .. c'est pas parce que t'es pas leur père que tu n'es rien pour eux .. qu'ils vont sortir de ta vie .. » je le regarde faire, en croisant les bras. « et penses pas que j'suis heureux de cette nouvelle. »

je lâche le sac en passant un bras sur mon visage avant de me retourner, mais je continue de pleurer quand même. - je vais être quoi pour eux yann ? le meilleur ami de maman, le mec qu'on appelait papa pour le plaisir ? je les aime plus que ma propre vie, et puis voilà, finalement ... je suis passé de papa, à un pauvre type. j'ai envie de tout balancer par la fenêtre, j'ai envie de m'enfermer dans la chambre et de ne plus bouger, de ne plus respirer. - on va finir notre vie qu'à deux yann, pas d'enfants, que toi et moi. je me retourne et continue de tout ramasser.

j'suis muet, car j'sais que j'peux rien dire pour le consoler. j'suis dans un petit moment de panique, même. « hey .. » j'évite de m'approcher, car j'sais pas, j'crois qu'il est trop en colère et que .. c'est pas l'moment. « on va finir notre vie qu'à deux yann, pas d'enfants, que toi et moi. » j'sais pas pourquoi, mais j'me sens un peu heurté, voir un tantinet bouleversé de cette réplique. « .. j'aimerais te suffire. comme avant. et que ça t'embête pas, de finir ta vie à deux avec moi. » j'baisse les yeux. « car visiblement, ça t'embête. » puis j'sors de la pièce, en prenant soin de fermer tranquillement la porte derrière moi.

je ne réplique rien, je le laisse sortir de le chambre sans le suivre. je ne fait que m’asseoir sur le sol et laisser mon regard ce perdre dans la chambre. je ne sais pas si je vais avoir le courage de tout changer, de ne plus les voir comme avant, de ne plus les entendre m'appeler papa. comment que keilana va leur dire ? je prends ma tête entre mes mains. après un temps, des heures, deux minutes, je ne sais pas, une veille habite revient. je ne sais pas où se trouve yann dans la maison, je sais que je l'ai blessé, mais je le cherche pas. bouteille de whiskey entre les mains, je remontre dans la chambre avant de fermer la porte derrière moi et commencer à boire.