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« papa? » j'suis au volant de la voiture, puis j'regarde très brièvement edie. « oui? » petit silence de gêne. « ouiiiiii? » qu'est-c'qu'elle va me demander, cette fois. « j'aimerais avoir une maman, tu sais. » c'est pas le moment. une petite phrase naïve qui m'tue. c'est que ça fait toujours aussi mal. « tu en as une, maman, edie.. dans ton coeur. » eh voilà que j'ai les yeux trempés. encore une fois. « papa, pourquoi tu pleures? » j'prends pas la peine de répondre, tout simplement parce que j'en suis incapable. on arrive à destination, je sors de la voiture puis essuie discrètement mes larmes. j'prends edie dans mes bras, même si elle est vieille maintenant, puis la pose devant la porte d'entrée. je cogne.

des grands cognements à ma porte, des petits cognements. j'essaie de replacer mes vêtements, cette jupe est trop serrée, elle remonte et défait ma chemise, je cours dans la partie de ma maison, je cours jusqu'à ma chambre où je change complètement de jupe pour un pantalon noir. je reviens, courant jusqu'à la porte, je suis sans chaussure, merde. et puis non, ce n'est pas grave, je sais qu'edie n'aime pas porter des chaussures. - bonjour edie, bonjour monsieur abbott. je vois toujours cette même tristesse au fond de ses yeux et ça m'attriste. - est-ce que vous voulez attendre dans la salle d'attente comme toujours ? ou dans la petite cuisine ? j'ai fait des biscuits. edie me regarde. - toi aussi tu vas en avoir un, ne t'en fait pas. elle me sert dans ses bras. la petite marche devant moi jusqu'à la salle où je ferme la porte. - ils sont pas si mauvais. que je dis à son père en souriant.

mae ouvre la porte, puis elle nous salue. monsieur abbott. tu es vieux, maintenant, shane. vieux et seul. « bonjour. » il y a des journées, ou je parle plus que d'autres. il y a des journées meilleures, d'autres moins bonnes. d'autres désastreuses. un peu comme aujourd'hui. il m'arrive même parfois de me sentir comme lorsqu'elle est partie. « c'est gentil. je suis certain qu'ils sont délicieux, mais je vais tout laisser à edie. » j'lui lance un sourire, puis elle fait de même, avec son petit visage d'ange cornu. je laisse edie courir jusqu'à la salle, puis je vais m'assoir sur l'une des chaises de la salle d'attente.

edie, edie me parle beaucoup, elle me parle de tout et de rien, elle me parle de toutes sortes de chose, je remarque qu'elle est triste pour son père, plus que sa mère. l'heure passe, l'heure est terminée, je sers edie dans mes bras, parce qu'elle pleure, elle pleure pour son papa qui pleure pour sa mère. on sort toutes les deux de la salle. - edie, tu peux manger tous les biscuits que tu veux. monsieur abbott, est-ce que vous pouvez venir avec moi s'il vous plait ? je retourne dans la petite salle, fermant la porte derrière moi, proposant une chaise à shane. - je vais être directe. est-ce que vous allez bien ? je le regarde droit dans les yeux, aucun sourire, ils sont réservés au plus jeune.

le temps passe. j'pense à toutes sortes de choses. je tente de me remonter le moral, sans grand succès. je n'ai toujours pas trouvé de solution. je cherche. je cherche à tous les jours depuis sept ans. edie sort, puis j'remarque qu'elle a pleuré. mon coeur se serre. je l'embrasse sur le front, puis la soulève du sol pour la prendre dans mes bras. mae me demande de la suivre. j'suis le père le plus inquiet au monde, d'un coup. je dépose edie au sol, puis je suis mae jusque dans la pièce. je m'assois, puis je la regarde, visiblement très inquiet. sa question m'étonne un peu. j'ai toujours refusé de consulter. « eh bien.. » hésitation. « .. la vie pourrait aller mieux. » faux sourire. « mais c'est pas grave, parce que j'ai edie. »

je vois bien que tout est faux, ce n'est pas mon travail d'essayer d'être dans la tête des gens ? - je sais que vous n'allez pas bien, edie me parle beaucoup de vous, elle me dit souvent qu'elle vous a vu pleurer. je ne sais pas comment l'expliquer, mais edie pourrait aller nettement mieux si vous, vous iriez mieux. elle n'a que huit ans, mais elle se soucie beaucoup de vous et ça l'affecte énormément. j'ai ce léger stresse que je ne le laisse pas apparaître. je n'ai pas l'habitude de travailler avec un adulte. - la mort de votre femme vous attriste encore, et je crois honnêtement que vous devriez consulter, seulement parler, se vider la tête de toutes les idées, parler de souvenirs pourquoi pas ? mais il faut pas rester comme ça. je repense à mon frère, mort de la même manière, mort de la même maladie.

je baisse le regard. je me sens comme à l'époque ou je perdais mon temps à être malheureux, plutôt que de profiter de mes dernières années avec sid. j'ai honte. puis, elle aborde la mort de sid. tiens bon, shane. un peu de contrôle. mon visage se décompose. je reste dans le silence. autrement, j'vais craquer. la mort de sid. j'ai l'impression que faire mon deuil équivaut à la laisser partir pour de bon. et j'en suis incapable. « j'crois pas que.. » ma gorge me fait mal, tellement elle est nouée. « .. que ce soit le bon moment.. »

- je sais plus que qui compte que tout le monde doit prendre le temps dont ils ont besoin pour faire le deuil, mais vous avez une fille qui en souffre, je sais que vous pensez à elle, qu'elle est tout pour vous, ça se voit et ça se ressens, mais vous devez commencer à faire votre deuil pour edie. je m'attends à tout de sa part, je n'ai aucune attente, s'il ne veut pas, ça sera pour une prochaine fois, mais edie n'ira pas bien, tant que son père ne va pas avoir fait le pas.

je craque. violemment, en plus. je me lève, me retourne. puis ça m'fait penser à quand j'voulais pas pleurer devant sid. alors je pleure encore plus. j'dois retrouver mon calme, avant de sortir. edie n'doit plus me voir comme ça. j'dois devenir le meilleur acteur qui soit. je renifle. me passe les mains dans le visage. puis attends quelques secondes, qui me semblent interminables. « oui.. en tout cas. » je me retourne, regarde un peu partout sauf dans sa direction. « merci pour ce que vous faites pour ma fille. »

je le vois pleurer. je ne dis rien, je ne fais rien, je ne le regarde pas, car je sais à quel point ça peut être honteux de se faire regarder alors qu'on est vulnérable. je me lève à mon tour, je lui donne des mouchoirs. - je ne peux pas dire que ça me fait plaisir, car j'aimerais mieux qu'elle n'aie pas à me consulter. je lui fais un sourire. et j'ouvre la porte. edie est là, avec deux biscuits à la main. - alors edie, ils sont bons ? elle me fait signe que oui. - monsieur abbott, même jour et même heure la semaine prochaine ?

ce qu'elle dit n'est pas faux. j'croyais pas que mon état affectait autant la petite. j'croyais pas que ça paraissait à ce point. j'croyais pas qu'elle captait pourquoi je pleurais. c'est qu'elle est intelligente, edie. mae ouvre la porte, la petite apparait, puis j'tente d'avoir l'air normal. encore. j'lui souris, puis attrape sa main. « oui. bonne soirée. »

- bonne soirée, et bonne soirée edie, à la semaine prochaine ! je lui envoie la main, je leur envoie la main à tous les deux, petit sourire aux lèvres.

» (shamae) time.
» fleur. (shamae)
» BOOB (SHAMAE)
» (shamae) well, this is awkward.
» HOUSE 2 (SHAMAE)

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