je soupire. « et si tu m'disais comment tu te sens avec des vrais mots, plutôt, tu crois pas que ça serait plus facile, quand même? » parce que, t'sais bien qu'on est pas rien, j'sais juste pas ce qu'on est.

« à quoi ça sert. » parce qu'on sait, lui comme moi, que ça ne sert à rien. ça ne va rien changer. du tout.

« j'sais pas. » à pas me prendre la tête? à pas m'embêter pendant ma gueule de bois? j'hausse les épaules et j'sors du lit. t'façon, j'arriverais plus à me reposer maintenant, c'est foutu. « j'en ai pas rien à foutre, nollie, et on est pas rien. » pis là, t'es contente? tu vas rester?

il sort du lit, puis moi aussi. j'attrape un hoodie que j'enfile. « on est pas rien, non, on est 'juste assez' pour faire comme un couple, sans que tu sois obligé d'être fidèle. en tout cas. peu importe. c'est pas comme si ça avait déjà été autre chose. »

« et puis t'espérais qu'en venant à perth, j'allais me poser avec toi, changer du tout au tout? j'aime beaucoup être avec toi, nollie, mais, y a des choses qu'on peut pas changer juste en claquant des doigts! et encore moins essayer de les changer sans en parler! » merde, à la fin.

si au moins j'avais été assez intelligente pour refuser que tu m'accompagnes. « j'suis venue ici pour changer d'atmosphère, jazz. pour me faire du bien. pour vieillir, aussi. pas pour patauger dans les mêmes problèmes. »

wow. j'savais pas que je te faisais du mal, et que j'étais un si gros problème dans ta vie. ni même que j'étais un problème tout court. nice. « alors je m'en vais. » ça tombe bien, j'ai pas encore de job.

ah non. dis pas ça. mode alerte, on. nollie. prends une bonne décision, une fois pour toute. allez. fais-le. c'est avec mon regard en panique, avec des minis larmes au coin des yeux, que j'réplique. « ok. vas-y. pars. »

elle a un peu des larmes aux yeux et j'fais comme si ça me faisait rien. c'est elle qui l'a cherché, de toute façon. « très bien. je pars. » mais. ahah. j'bouge même pas d'un pouce. j'veux pas vraiment, t'sé.

j'attends que tu changes d'avis et que tu me dises de rester. idiote. « rien. » très bien, si c'est comme ça. j'attrape mon gros sac de voyage où j'avais mes affaires et je récupère tout, un à un, mes vêtements, mes choses, dans la chambre, puis la salle de bain, puis le salon, tout, tout, tout.

j'le regarde prendre tous ses trucs. j'ai rien dit, moi. c'est lui, qui a décidé de partir. j'suis déchirée. déchirée, entre ce que je veux, et entre ce que je devrais faire. laisse-le partir. c'est tout. j'joue avec mes mains, j'me sens pas terriblement bien, puis j'sors à l'extérieur prendre l'air.

je finis de faire mes affaires et elle dit pas un mot, elle me laisse juste faire, et elle va dehors. bien, très bien. je ferme mon sac, mets mon blouson, pis j'la rejoins. « bon. ben au revoir, alors. »

il est là, avec ses choses, prêt à partir. well. « aurevoir. » rien de plus. si c'est ce qu'il veut. allez. pars. en réalité, j'voudrais qu'il reste. mais bon. comme ça ne marchera jamais.

au revoir. ouais. non. « et c'est tout, alors? » shut up jazz, c'est toi qu'a décidé qu'tu partais. petit con.

j'le regarde, semi-paniquée, semi-perplexe. « qu'est-c'que tu veux d'autre? »

j'hausse les épaules. « j'sais pas. pas partir? »

si j'ai du mal à m'exprimer, alors lui aussi, clairement. « j't'ai jamais demandé de partir. c'est ta décision. »

« c'est toi qui a dit que j'te causais des problèmes à être là. »

« c'est pas c'que j'ai dit. j'ai juste dit que j'suis pas venue ici pour patauger dans les mêmes problèmes. on est potes? alors on agit comme des potes. c'est tout. »

« c'est pas c'que tu veux, qu'on soit potes. »

« c'est déjà mieux que d'agir comme un couple, en étant potes pour l'éternité. »

« pas forcément l'éternité, juste.. j'sais pas. on est jeunes nollie, t'sais. » ouais, y a le temps quand même, avant de faire des choses d'adultes. « j'dormirais sur le canapé alors, si tu veux que j'reste. comme des potes. »

« j't'ai rien demandé, non plus. » ou du moins, j'ai pas harcelé, cette fois. « d'accord. on aura le lit en garde partagé, au pire. » j'soupire. demi-sourire. j'entre à l'intérieur.

« pas clairement mais t'as bien fait comprendre. » je soupire. « non c'est bon, garde le lit, t'façon j'vais trouver un job et le soir j'travaillerais alors, j'ai pas besoin du lit. » elle rentre, moi j'reste un peu dehors, j'allume une cigarette, puis à la fin, je rentre aussi. je laisse tomber mon sac par terre.