SEMAINE 1 (ISAMBA)

mon portable me réveille de mon sommeil, un dimanche matin alors que je n'ai pas d'école et que par chance, je ne travaille pas non plus. je soupire et je me relève lentement en baillant. je prends le soin de me mettre un soutien-gorge et un pantalon de pyjama. je ne faisais rien de tout ça avant, mais je le fais pour isa, je dors même sur le canapé pour lui. je me lève puis je prépare du café et des crêpes. je trouve ça difficile de savoir ce que je peux faire et ce que je peux pas faire. j'ouvre doucement sa porte et je dépose le petit déjeuner sur sa table de chevet. j'ai appris que je ne devais pas aller le réveiller avec un baiser ou lui flatter les cheveux. je donne alors des petites tapes avec mon index sur son nez. - isa, je t'ai apporté le petit déjeuner. je lui souris, attendant qu'il se réveille.

semaine un. je crois que je n'ai jamais autant dessiné. c'est que, j'sais pas quoi faire, comment le faire, comment réagir, comment ne pas réagir. mon level d'anxiété doit être au maximum. j'passe mes nuits devant mes dessins, à m'sentir mal qu'elle doive dormir sur le canapé, et à aller au lit que lorsque j'suis vraiment très mort. j'dors 'paisiblement', puis j'sens un truc contre mon nez. j'ouvre un oeil sur deux. bonjour coumba. elle est parfaite. tellement parfaite. mais je sais pas, comment faire pour te démontrer l'amour que j'ai pour toi. je marmonne, à moitié endormi. « hmm. ça sent bon. » je me redresse un peu, puis remonte les manches de mon chandail à manches longues. oui, je dors avec ça. je tape un peu sur le matelas à côté de moi. « tu viens? »

il se réveille très doucement. un oeil à la fois et ça me fait sourire car je le trouve mignon, comme ça. je sais bien que son cerveau est éveille parce qu'il me parle. je me surprends à faire autant attention aux petits détails. c'est comme marcher continuellement sur la corde raide. il m'offre une petite place à côté de lui, j'accepte de la prendre. - oui, merci. je me couche sur les couvertures pour le laisser sous, question de pas entrer dans sa bulle à lui. - j'ai fait des crêpes et aujourd'hui, c'est du café équitable, qui vient de la colombie. tous les matins, c'est un café différent.

ils font quoi, les personnes normales? que dois-je faire, pour la remercier? « merci beaucoup. tu es géniale. » non, isa, c'est pas ce que tu dois faire. mais je dois faire quoi? petit moment de panique, dans ma tête. petit silence. puis, je l'embrasse finalement tendrement sur la joue, en plaçant ma main contre son autre joue. « tu es jolie. » est-c'que j'en mets trop? non! je le pense! mais est-ce que c'est trop? les couples normaux se disent beaucoup de compliments, comme ça?

je crois que si son stress et son anxiété étaient des personnes, elles seraient en train de m'intimider dans un coin de l'appartement, parce que c'est ce que je ressens en ce moment. je continue de sourire tout de même et j'apprécie vraiment qu'il aime ce geste. - merci, ça me fait plaisir. je le vois parfaitement dans ses yeux qu'il fait des efforts pour bien faire les choses. je dois arrêter, je ne suis pas une psychologue. pfff. je sens ses lèvres sèches contre ma joue, mais c'est doux, je ferme les yeux sous le geste et je souris. - tu es beau toi aussi, surtout avec tes petits yeux du matin. je dépose ma main contre la sienne pour lui montrer que c'est parfait de faire ça. - tu as passé une bonne nuit ? peut-être qu'elle était mieux, celle-là.

nos mains ensemble. j'espère qu'elles sont pas moites, les miennes. si, elles sont un peu moites. « oui.. non.. non, pas vraiment.. et toi? » j'aime pas dormir. c'est quand on dort, qu'on fait des cauchemars. « tu sais.. tu.. » petit silence. « .. j'aimerais.. j'aimerais bien que tu.. » refdcefdcs. « .. que tu dormes.. genre, ici.. avec moi.. tu sais.. »

je laisse mes yeux se poser sur sa table de travail, je vois des boules en papier un peu partout sur le sol et sur la table. il a dessiné toute la nuit, encore une fois. - isa, t'as pas envie parfois de prendre des somnifères pour bien dormir ? peut-être que ça l'aiderait au moins un peu à trouver un sommeil un peu plus stable. et je ne réponds pas à sa question, parce que j'ai pas envie de lui dire oui, alors que c'est non. et j'ai pas envie de lui dire non et qu'il se sente mal. je reste très surprise de sa demande, je dois avouer que je m'y attendais pas. je sais pas quoi lui répondre. - oui ... mais ... tu te sens près ? j'ai pas envie qu'il me prenne en pitié parce que je dors sur le canapé.

« non.. » parce que les somnifères, j'crois pas que ça enlève les cauchemars. ça les fait juste durer plus longtemps. et j'en fais, à toutes les nuits. « coumba.. on a déjà dormi ensemble.. c'est certain que maintenant, c'est différent.. mais ça va aller.. je t'assure. »

ça me fait un peu de peine qu'il ne soit pas capable de dormir, j'essaie de trouver un moyen pour l'aider. au moins, un peu. - je te promets que je vais pas te toucher pendant la nuit, je vais rester toute petite et rester de mon côté. et s'il a envie de me coller, il le fera. je me lève brutalement du l'idée, j'ai une petite idée. je fouille dans mes boîtes et je trouve ce que je cherchais. j'accroche un capteur de rêves au-dessus de son lit avant de me mettre en tailleur. - c'est pour les mauvais rêves.

« ne t'en fais pas, coumba.. j'suis pas siii hypersensible.. » ouais, en fait. pas mal, même. pas mal beaucoup. elle s'lève pour aller chercher je-ne-sais-quoi, puis j'prends l'assiette pour commencer à manger. elle revient, avec un capteur de rêve. j'souris, j'trouve ça mignon de sa part. « ooh.. j't'en redonnerai des nouvelles, de si ça fonctionne ou non.. » en fait, elle va s'en rendre compte elle-même.. car j'me réveille toujours, dans la nuit.. et j'suis un peu mal à l'aise à l'idée de me réveiller en sursaut, pendant qu'elle dort à mes côtés. peut-être bien qu'elle va désirer retrouver le canapé.

- j'ai jamais fait de cauchemar depuis que j'ai ce capteur de rêves, j'espère qu'il va t'aider. c'est peut-être une question de croyance, ou pas. j'en sais rien en fait, je sais seulement que je fais plus de cauchemar depuis. je remarque alors qu'il mange, je lui vole un morceau avec mes doigts et je mange un peu. - je vais terminer de ranger mes boîtes aujourd'hui ou de me trouver un petit entrepôt pour les choses inutiles. comme plus de la moitié de mon appartement.

« peut-être. » j'y crois pas vraiment, mais peut-être bien que le placebo va faire effet. 'effet'. elle m'vole en morceau, alors j'en mets sur ma fourchette, puis lui mets devant sa bouche. maaange. « d'accord. ne te presses pas, hein. tu as tout ton temps. » je sais pas quel endroit ceci-dit pour l'entrepôt, parce que mon appartement est très petit. je dépose l'assiette contre moi, pour me replacer un peu, puis j'remarque le truc que j'avais pas encore remarqué, et que j'comprends pas comment j'ai pu ne-pas-remarquer, ou tout simplement, ne-pas-sentir. t'sais, le truc qui me traumatise. t'sais, le morning wood. j'crois que je veux crever. y'a assez de couvertures pour que ce soit pas si évident. mais je sais pas, si elle a remarqué. mon coeur bat à cent milles à l'heure. je panique.

je ris en voyant sa fourchette devant ma bouche. je mange ce qu'il me donne. c'est un peu chaud, alors je lance du vent dans ma bouche pour essayer que ce soit un peu plus froid. - c'est un peu le bordel dans ton appartement à cause de tout ça, alors je vais essayer aujourd'hui ou demain et de trouver un petit camion, aussi. parce que ça serait un peu long me déplacer avec toutes les boîtes dans un autobus ou un taxi. il se replace, je vois son visage changer de couleur et d'expression. je me demande si j'ai fait quelque chose de mal. - isa, ça va ?

« d'accord, je vais t'aider. » elle m'demande si ça va. non, ça ne va pas. ça ne va vraiment pas. j'garde le silence un petit moment, j'suis tellement mal. mais je peux rien faire, faut que j'attende que ça parte. pas question que je touche à ça. « oui.. oui, ça va.. »

il me dit oui alors que ses yeux disent non. il est tellement sous la panique qu'il renverse un peu de sirop sur ses couvertures. je prends alors son assiette pour l'aider un et je touche quelque chose d'un peu trop présent. je me rends que ça vient de lui. je ferme les yeux automatiquement. - ... je suis désolée ... je ... je vais sortir. je dépose l'assiette juste à côté de lui et je sors rapidement de sa chambre, prenant le soin de fermer la porte derrière moi. je me demande si je vais devoir sortir à tous les matins de la chambre pour le laisser seul, j'ai pas envie qu'il se sente encore plus mal à cause de moi. peut-être que je devrais garder le canapé.

j'échappe du sirop, coumba approche, j'fais mon possible pour que ça n'arrive pas, mais ça arrive. je veux mourir. elle ferme les yeux. elle est mal à l'aise. je suis mal à l'aise. le contact. j'en tremble. elle s'excuse, puis elle sort. pourquoi, j'suis pas normal?! non, j'panique juste, énormément. j'manque d'air. j'ai honte. en petite boule, dans mon lit. j'explose. silencieusement. j'me déteste. j'ai chaud. je pleure, j'y repense, encore et encore. elle sera jamais heureuse, avec toi, isa. jamais. j'reste là une bonne partie de la journée. j'touche plus à mes crêpes.

je ne veux pas le déranger et je me rends compte que plus je place des boîtes, puis je me rends compte qu'isa ne sort pas. je vais donc louer un petit camion et je vide tout doucement l'appartement de mes boîtes encombrantes. le troisième étage est très difficile, je dois l'avouer. mais je pense seulement à isa dans sa chambre et j'ai le coeur brisé. un peu avant de partir, je cogne à la porte sans l'ouvrir. - isa, je vais porter mes boîtes, hm ... t'aimerais que je ramène quelque chose à manger pour ce soir ? ou tu sais, ce petit gâteau au chocolat avec de la crème glacée ? est-ce que je fais les bons efforts ? j'en sais rien.

je me lève finalement, mais je ne sors pas de ma chambre, non. j'vais plutôt dessiner, encore. la maison de mes rêves, qui termine toujours aux ordures. puis, coumba cogne. elle parle, j'ai pas très envie de répondre. je veux plus répondre à personne. j'pense juste à tout à l'heure, encore et encore, et j'crois que j'vais finir par en crever. « non, ça va, merci. »

il refuse. je crois que j'ai fait une énorme erreur sans le savoir. - je suis ... désolée isa, je voulais pas te toucher, je savais pas. je m'excuse si je t'ai brutalisé, c'était pas mon but. peut-être que je me crois plus forte que je le suis, peut-être que finalement, je suis pas cette fille qui peut l'aider à sortir de tout ce mal, peut-être que ça devrait être quelqu'un d'autre.

oh non.. coumba, c'est tellement, tellement pas de ta faute.. j'me sens si mal, actuellement. je me lève, même si j'ai pas envie de confronter personne. je me lève, quand même. j'vais ouvrir la porte, tranquillement. « t'as pas à être désolée de rien. t'as rien fait du tout. »

je le vois ouvrir la porte, je vois un peu son visage triste. - peut-être que j'aurais pu être un peu plus distante, ne pas aller mettre ma main dans cette zone sachant que c'était pas une bonne idée, mais je voulais t'aider avec le sirop et je n'avais pas vu que que tu avais une ... érection. je baisse légèrement le regard. - je vais faire plus attention maintenant, je te le promets.

non, dis pas ce mot. j'suis comme un enfant, avec moi, faut que tu dises d'autres mots. j'me sens rougir, encore. j'en peux plus. faudrait que je recommence ma vie, au complet. parce qu'elle est pas récupérable. « c'est pas ta faute. » puis je referme la porte.

il referme la porte devant moi. je reste un très long moment à fixer la porte. je ne dis plus rien, je pense que je dois le laisser seul, peut-être que je dois le forcer à sortir. je sais pas comment m'y prendre. je sors finalement de l'appartement pour aller porter mes boîtes. je prends mon temps, peut-être qu'il va sortir, manger alors que je suis pas là. peut-être que c'est mieux si je suis pas là, en fait.

j'retourne dans mon lit. je sais pas, finalement, si j'préfère les cauchemars ou l'anxiété. j'voudrais dormir, là. t'as un problème, isa. un problème, entre les deux oreilles. je m'endors, au bout de quelques heures.

je rentre quelques heures plus tard. les choses sont à leur place, rien n'a bougé, alors je me doute qu'il n'est pas sorti de sa chambre. je regarde l'heure sur le four. je fais donc le souper tranquillement, je fais une portion pour deux personne et je lui fais une assiette avec une bouteille d'eau. je cogne quelques coups puis j'entre lentement. il dort de nouveau. je dépose l'assiette sur sa table de chevet et sa bouteille avant de prendre son asiette avec ses crêpes et sa tasse de café. je refais le même manège que ce matin, quelques petits coups sur son nez, doucement. - je te laisse l'assiette, si tu n'as pas faim, tu peux laisser l'assiette là. je sors lentement de sa chambre avant d'aller manger seule à la table.

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