j'en ai marre. j'en ai marre que ce soit toujours complexe. j'en ai marre, point. j'suis devant sa porte, ça fait cinq minutes. puis j'me décide à cogner.

J'entends cogner, je laisse tomber mon portable sur le canapé et je me lève. Peut-être Keilana qui vient me demander de garder les enfants ? Je ne sais pas. J'ouvre, je ne dis rien et je fixe Yann.

son regard dans le mien. comme c'est lourd. pourquoi suis-je venu ici déjà? « hola. » oh gad, why.

Je joue avec la poignée de la porte. Je ne prends pas la peine de lui dire salut, en fait, je ne pense pas à le saluer. - Pourquoi tu es là ?

j'penserais pas qu'il réagirait comme ça. vraiment. j'croyais que ça allait bien s'passer. mais j'angoisse déjà. « parce que. » que dire d'autre? « j'vais retourner chez moi je pense. »

J'arrête de jouer avec la poignée. - Non, tu peux rester, les enfants sont plus là, et j'ai pas fait le ménage, ne fais pas attention. Je me pousse de l'entré pour le laisser entrer s'il le veut.

« t'es certain? parce que t'avais pas l'air forcément heureux de me voir haha. » j'aime mieux être certain, question de ne pas m'aventurer dans ce que l'on pourrait définir de troisième guerre mondiale.

- Non, je ne pensais pas te voir ici, c'est tout. Je fais un petit sourire, incertain sur quoi faire, ou quoi dire, comme toujours. À vrai dire, je ne sais pas ce que l'on peut se dire.

« d'accord .. » j'entre tranquillement, juste pour ne pas avoir l'impression de brusquer. j'me sens terriblement pas à ma place, actuellement. « quoi de .. neuf .. ? »

C'est pas nous, je me sens mal. - Rien et toi ... ? Je referme finalement la porte. C'était comme si on avait jamais été ensemble.

« rien. » et voilà qu'une vague de panique s'écrase en moi. « nemo .. ? » pause. puis j'le regarde dans les yeux, le plus sincèrement du monde. « tu ne m'aimes plus, han? » puis je sers les dents, pour éviter que les larmes apparaissent. il fait froid.

Je fais un autre sourire quand il me pose la question. - Comme si c'était possible ... Il se force pour ne pas pleurer, je le vois. - Je t'aime et je risque de probablement t'aimer pour toujours. En fait, ce n'est pas une question de probablement ou pas, c'est vrai.

il sourit, puis répond. j'sais pas pourquoi, mais sa réponse me donne encore plus envie d'inonder la place. alors je me retourne, parce que je sais que si je le regarde encore j'vais pleurer comme une fillette. j'suis dos à lui, j'inspire puis j'expire. « mais ça a changé, entre nous. »

Je me passe une main dans les cheveux alors que lui se retourne, j'observe son, j'observe les détails de ses vêtements. - Oui ... ça l'a changé et je doute ... que ça redevienne parfaitement ... comme c'était entre nous .. J'ai pas envie de dire tout ça.

ce sont des choses que je sais déjà. mais c'est .. très difficile à encaisser. alors je me passe les mains dans le visage. panique. « pourquoi .. » oh tiens, y'a un tremblement de terre dans ma voix. « pourquoi déjà nous en sommes là ? »

J'ai mal aux jambes, alors je vais prendre place sur une chaise dans la cuisine non loin. Je réfléchis à sa question, je ne sais pas quoi lui répondre. - Parce que tu voulais de la stabilité, et parce que je doute ... Dans la plus grande simplicité.

inspiiiire. expiiiiiiire. ça y est. je n'en peux plus. je renifle. « t'as .. jamais douté de nous. jamais. »

Il va pleurer, j'ai le coeur qui me sert. - ... Pourquoi tu dis ... ça ? Je joue nerveusement avec mes mains.

« tu m'as toujours fait croire que ça s'terminerait jamais, nemo. » tiens, là c'est mon coeur qui a un tremblement d'terre.

Je baisse mon regard vers le sol. - Et ça ne va pas se terminer ... j'ai juste besoin de ... réfléchir. On le sait Nemo, c'est pas la première fois que tu le dis.

« tu vas finir par me faire mourir d'angoisse. c'est mal. » puis je souris dans le vide, en pleurant silencieusement.

Je prends une longue pause. - Ne pleure pas Yann ... s'il te plait ... J'ai l'envie de le prendre dans mes bras, mais je reste sur ma chaise.

seulllll au monde. y'a même pas wilson pour me rassurer. « trooooop tard. haha. »

Je baisse mes yeux vers sa main, et je vois la bague pour nos fiançailles, elle est toujours là. - Tu as toujours ... ma bague ... C'est maintenant à moi de pleurer.

alors qu'il parle de cette bague, je ramène mes mains devant moi pour jouer avec. j'suis incroyablement gêné juste parce qu'il l'a remarqué. « j'devrais.. l'enlever. je sais. »