j'suis assis dans la cuisine à paniquer comme un débile.  j'panique depuis que c'est arrivé, en fait.  j'regrette amèrement.  plus que ça, même.  nemo n'est pas là, j'sais même pas où il est.  les enfants sont chez keilana.  heureusement, car j'suis tellement angoissé que j'saurais même pas quoi faire avec eux. nemo entre finalement, et je n'ose même pas le regarder.

Je reste contre la porte de l'appartemment un moment, serrant l'enveloppe de toutes mes forces, me disant que je pouvais toujours aller jeter les papiers et simplement oublier. Mais non, je dois le faire, pour les enfants, je peux plus laisser ça passer comme avant. Je rentre et vois Yann qui est assis dans la cuisine, je m'approche, mais ne m'assis pas. - Je dois te parler. Pleure pas Nemo, pleure pas, je sers encore plus fort l'enveloppe.

son 'je dois te parler' me fait frémir.  mon angle mort voit qu'il tient une enveloppe.  je devine tout de suite .. de quoi il s'agit.  panique x34525523.  mes yeux deviennent trempés.  « non .. »

J'ai le coeur qui me sert. - Je t'avais prévenu Yannie, je t'avais prévenu ... Je ne le regarde même pas pour ne pas voir ses yeux et je sors les papiers de l'enveloppe avant de les déposer devant lui sur la table. - Ce sont des papiers de divorce ... Une larme coule.

j'peux pas croire que c'est arrivé.  j'peux pas croire qu'il l'a réellement fait.  je regarde ailleurs lorsqu'il dépose les papiers sur la table.  « tu peux pas .. »

- T'as franchi la limite en ne rentrant pas dormir cette nuit-là. J'ai pas envie de le faire, j'ai pas envie de me séparer de lui, mais ça me fait trop mal. Je n'ai même plus mon anneau de mariage. Il y a déjà ma signature, qu'est-ce que je fais ?

« j'voulais pas rentrer, parce que j'savais que j'avais fait une connerie.  parce que j'voulais pas qu'on s'engueule, et parce que j'voulais pas que les enfants me voient comme ça.  j'ai compris, nemo, j'ai compris. » je vais craquer.  « c'est .. ridicule d'en venir là .. »

Je laisse mon poing tomber contre la table. - Non, t'as pas compris, sinon tu l'aurais pas fait ! Je respire un bon coup. - La première fois Yannie, je t'ai dit que si tu recommencais UNE AUTRE FOIS, c'était terminé, t'as recommencé, je me fou que tu voulais éviter l'engeulade, tu l'as quand même fait ! Colère bonjour.

- L'AMOUR DE TA VIE ? Je souris ironiquement en me passant une main dans les cheveux. - Tu sais quoi ? L'amour de ta vie n'a pas envie de retourner dans cette merde, l'amour de ta vie n'a pas envie de faire vivre tes conneries à ses enfants, l'amour de ta vie ne veut plus s'inquiéter TOUS LES PUTAINS DE SOIR, parce que son connard de petit-ami s'amuse à jouer avec le feu en reniflant d'la coke alors qu'il sait pertinemment que c'est pas bon pour son coeur, l'amour de ta vie EN N'A FOUTREMENT PLEIN LE CUL DE TA DROGUE. Je vais pas fermer les yeux sur tes conneries comme avant, il en est hors de question ! Je sors la bague de ma poche et la dépose sur la table.

j'sais pas quoi répondre.  inutile de me défendre.  il sort la bague et la met sur la table.  la mienne me brûle, limite.  too much.  je suis bouche-bée, et j'peux plus contrôler les larmes qui surgissent de mes yeux.  « .. tu m'aimes à quel point, nemo? »

- Ce n'est pas une question d'aimer, je fais ça pour moi et pour les enfants. Respiration. - Et puis, si ça peut t'ouvrir les yeux sur ce que tu fais. Alors, s'il te plait Yannie, signes les papiers. Je prends le crayon un peu plus loin et je le mets devant lui.

« j'peux pas. » c'est un peu comme signer mon arrêt de mort.  « nemo, réfléchis, attends, prends le temps d'y penser plus longtemps.  laisse-moi .. une dernière chance. »

- Je t'ai laissé une dernière chance, ma décision est prise, je vais pas reculer. Et, si tu recommences Yannie, que je reviens avec les papiers de divorce et que tu me dis une autre fois ' laisse-moi une dernière chance' et que ça recommence encore et encore ? Qu'on en finisse.

j'suis fâché.  très.  je me lève brusquement.  « ça voulait dire quoi, s'marier, pour toi?  ça voulait rien dire?  c'était qu'une cérémonie pour faire beau, pour suivre la tradition, peut-être?  tu veux que j'te dise?  quand j'ai accepté de t'épouser, c'est que j'voulais passer ma vie avec toi.  à la vie, à la mort.  j'savais que ça allait pas être facile, aucun mariage n'est parfait, j'savais que j'allais faire des erreurs, et que toi aussi.  là, tu m'dis que pour toi, et pour les enfants, il serait mieux qu'on en finnisse là, nemo?  et moi, j'suis quoi?  j'fais pas partie de ta petite famille peut-être?  j'suis un option?  j'nécessite pas qu'on m'aide?  j'suis pas un tueur en série, j'ai jamais été une source de danger pour toi et les enfants, j't'ai jamais trompé, et je me suis occupé de tes enfants comme s'ils étaient les miens.  et pis, parce que j'ai fait l'erreur de consommer deux fois de trop, tu m'jettes directement?  comme si je n'avais .. »  j'manque de souffle, trop de larmes.  « .. jamais été là?  tu veux que j'parte, alors que ça fait un an qu'on s'voit tous les jours, qu'on dors ensemble tous les jours?  tu veux devoir expliquer aux enfants où est passer leur deuxième papa?  tu veux m'effacer aussi facilement nemo? »

Je ne le regarde plus. - Signes les papiers Yannie.

j'le regarde, complètement dégouté.  j'approche tranquillement la feuille, puis prend le crayon entre mes doigts tremblants.  j'pleure tellement que j'vois rien.  « vis bien.  toi.  delf et ciel.  j'te souhaite de rencontrer la personne qui n'aura jamais le malheur de te décevoir, ou de montrer son imperfection.  »  le papier est ondulé de larmes.  j'essuie mes yeux, mais c'est un peu inutile, puis je renifle.  « et merci, merci sincèrement d'me faire sentir comme la pire merde du monde.  merci d'gâcher ma vie toute entière juste au cas où j'aurais bousillé la tienne.  merci d'me faire réaliser que j'ai été le pire imbécile d'y croire, comme toujours, et que j'suis pas moins naïf qu'avant. »

Il prend les papiers et puis le crayon. Je l'écoute, le coeur me sert de plus en plus, je l'entends pleurer, j'entends sa respiration, je commence à pleurer à mon tour. - Désolé ...  Je peux pas, j'y arrive pas. Je m'avance, je lui arrache les feuilles des mains et je commence à les déchirer avant de les jeter à la poubelle, puis je disparais dans notre chambre en fermant la porte et pleurant de toutes mes forces en laissant des cris s'échapper par moment.

j'suis soulagé lorsque je le vois déchirer les feuilles, mais le mal est encore beaucoup trop présent.  c'est affreux.  nemo est dans la chambre, je l'entends pleurer jusqu'ici.  de mon côté, ce n'est pas mieux.  mes yeux sont rouges, je renifle sans cesse, et ce n'est pas parce que j'ai consommé, ...  j'sais plus quoi faire.  je panique de maintenant savoir à quel point notre mariage est fragile.  j'attrape mon portable puis compose le numéro .. de ma mère.  « .. maman .. »  « yannie?  que se passe-t-il? » je mets beaucoup de temps avant de répondre.  « je .. je voudrais venir .. te rendre visite .. »  elle s'inquiète, et j'en suis conscient. « .. quelques temps .. »  « .. tu sais que la porte t'es toujours ouverte mon chéri. »  je la salue puis raccroche, puis me dirige vers la porte de la chambre.  je cogne doucement puis entre.  « .. je .. vais démissionner .. »  j'essuie pour la millième fois mon visage.  « .. et .. passer quelques temps à san francisco. »

Je sers l'oreiller contre moi de toutes mes forces, je l'entends parler au téléphone, monter les escaliers et cogner à la portre de notre chambre, il entre. C'est à peine si je dépose mon regard sur lui, c'est à peine si je sais respirer en ce moment. - ... Je ne vais pas te retenir ... Les larmes recommencent de nouveau. - Pardonne-moi pour tout ça, je suis désolé ... L'oreiller se retrouve encore plus collé à moi. La pire connerie de ma vie, encore du mal.

« nemo .. »  je t'aime tant.  « j'aimerais .. que tu penses sérieusement à ce divorce, pendant ce temps. »  eeeeeeeet je repleure.  « j'aimerais que tu y penses sincèrement, et longuement. »  eeeet je rerenifle.  « car si c'est réellement ce que tu veux, je .. signerai. »  malgré moi.  « .. parce que .. j'pourrai pas .. vivre avec quelqu'un .. qui .. doute de moi à ce point. »

Je massis sur le lit. - Si je viens de déchirer les papiers de divorce c'est parce que ce n'est pas ce que je veux pour nous deux, j'ai pas envie de me séparer de toi, j'ai pas envie de me lever les matins et de ne plus voir ton visage, de ne plus sentir ta peau contre la mienne, ça serait tellement horrible. Je t'ai dans la peau, je t'ai au plus profond de mon être, quand t'es pas dans les parrages, je me rends compte que j'ai envie de mourir, je t'aime et je peux pas vivre sans toi, les enfants peuvent pas vivre sans toi non plus, car ils aiment leur deuxième père. L'oreiller est toujours contre moi. - Quand on s'est marié, je t'ai promis dans mes voeux que j'allais t'aimer malgré tout, et c'est vrai, je t'aime malgré tout, t'as décidé de reprendre d'la drogue, j'ai continué de t'aimer, et jamais je vais cesser d'être amoureux de toi, jamais. Respiration. - Ce que je peux pas supporter c'est de recommencer où on était il y a quelques années, quand je devais attendre à l'extérieur de ton appart, car tu venais de fumer un joint, j'ai pas non plus envie de te revoir te jeter sur le petit sac brun, car t'es en manque, j'ai pas envie de revoir ces sacs de poudre sur le comptoir de la cuisine, j'ai pas envie ... de continuer d'avoir peur de te perdre tous les jours, car ton coeur est fragile ... j'ai pas envie que les enfants te voient dans tes états, j'ai pas envie de les voir en larmes, car leur père est à l'hôpital, j'ai pas envie qu'il assiste à nos guerres à cause de ça ... Je le regarde. - Je t'aime Yann, je t'aime d'un amour profond, je veux pas qu'on divorce un jour ... ou même jamais, je suis à toi pour la vie ... Je recommence à pleurer.

« tu les as déchiré, oui.  mais si je n'avais pas argumenté, j'aurais signé, et on aurait divorcé, car c'était ce que tu désirais. »  je prends mon sac puis mets quelques vêtements à l'intérieur.  « j'suis conscient que j'ai été con.  et j'sais que tu ne veux pas de ça dans notre vie.  et j'suis vraiment navré d'avoir .. brisé ta confiance. »

Je me laisse tomber sur le dos en regardant le mur devant moi, le laissant faire son sac et parler. - On brise mutuellement la confiance de l'autre, ce n'est pas nouveau ... C'est à peine si je le regarde, je suis perdue à un endroit, je ne sais où, loin, très loin.

« c'est pourquoi j'aimerais que tu réfléchisses vraiment.  j'veux pas te quitter, et j'veux pas quitter les enfants.  mais ce sera beaucoup plus difficile pour eux si tout ça arrive dans cinq ou six ans. »  je ferme mon sac puis le laisse tomber à côté de la porte.