je suis triste. vraiment très triste. et moon, mon chien, me regarde avec des yeux piteux. mais j'ai pas envie d'allez le promener ce soir. j'ai pas envie d'être seule. mon coeur est brisé et c'est triste, perdre un être qu'on aime. alors je sors. il est tard, il fait noir. je marche dans les rues, jusqu'à arriver à destination. et je cogne à la porte, sans m'être annoncée avant. thad ouvre. - mon chat noir est mort aujourd'hui... bones a eu une belle vie, il se faisait vieux. au moins il est mort dans son sommeil. - c'est stupide d'être ici... pardon.

ça cogne, je vais ouvrir. je me demande qui ça peut être à cette heure, même si j'ai une petite idée derrière la tête. c'est salem, avec sa chevelure noir qui se fond dans la nuit. elle m'annonce la mort de son chat. je soupire de tristesse en la laissant rentrer dans l’appartement. - je suis désolé et non, ce n'est pas stupide, il était bien bones, il avait de la classe. je la laisse entrer et je referme la porte derrière elle. - et il est où en ce moment ? je me dis que je peux aller l'enterrer dans la cours et prononcer quelques mots en son honneur.

mon visage inexpressif laisse quand même pointer une touche de tristesse. les larmes, elles coulent. je me faufile doucement à l'intérieur de l'appartement et je reste dans l'entrée, sans bouger. - c'était le meilleur chat au monde... je chiffonne entre mes doigts un bout de ma robe noire. - il est encore couché dans son p'tit lit... faut l'enterrer. je lève les yeux pour le regarder, j'espère qu'il va comprendre que j'ai pas envie de faire ça toute seule, même avec mon coeur de pierre. - tu veux venir le faire avec moi ?

quand je remarque les larmes qui coulent sur ses joues, je m'empresse de les effacer à l'aide de mes pouces. un chat est un chat, c'est un animal qu'on aime, qui reste irremplaçable. j'admets n'avoir jamais réellement perdu un animal, puisque j'en ai jamais eu, mais ça fait mal je suppose. - oui, je vais venir t'aider, laisse-moi seulement le temps de mettre ma veste. je vais chercher celle-ci, et je m'empresse de sortir après salem. une fois à l'extérieur, je dépose mon bras contre son épaule et je la colle tout doucement contre moi. - il est partie pour quelle raison ? j'aime quand elle s'exprime, mais pas pour une mort.

normalement, j'aurais évité le contact de ses mains sur mes joues, mais maintenant, ce geste me rassure. j'offre un micro sourire à thad et je hoche la tête, le laissant allez chercher sa veste. ensuite, on sort dehors et on se met à marcher vers chez moi. je suis un peu inconfortable à cause de l'étreinte, mais c'est parce qu'on ne me serre pas souvent dans les bras. - de vieillesse. monsieur bones était un sénior. c'est étrange, entendre une petite plaisanterie sortir de ma bouche. thad, il m’ensorcelle ? on arrive devant ma vieille maison qui peut faire peur quelques minutes plus tard et on entre. je flatte moon quand il vient me voir et je me dirige vers le petit lit du chat. je le prend dans mes mains et sort dehors. thad me suit. - tu veux creuser ?

ce que je trouve drôle, pas dans la mort de bones, c'est que salem donne des noms sombres à ses animaux, mais c'est bien. - c'est normal, au moins, il n'a pas vécu l'étape des béquilles ou de la chaise roulante. non thad, c'est pas une bonne blague. on entre dans sa maison, je cherche son chat et puis, je le vois inerte dans son lit. j'ai un petit pincement au coeur, mais je ne dis rien, je me contente seulement de suivre salem jusqu'à l'extérieur. - t'aimerais bien qu'on lui fasse un petit cercueil avant ? ça serait bien pour lui, avec une petite couverture. je dis ça, mais je ne dit rien.

avant qu'on entre chez moi, thad fait une blague. je rigole un peu. juste assez pour lui montrer que, oui, j'ai des émotions positives, quelques fois. - il était un senior en santé. j'ai un pincement au coeur en prenant mon chat dans mes bras pour l'emmener à l'extérieur. il sera bien, dehors, dans ma cours arrière. je dis oui à l'idée de mon ami. - j'ai ce qu'il faut dans l'établis. je pars chercher les planches, les clous et le marteau et je reviens. je dépose sur le sol, j'entre à l'intérieur et je vais lui chercher une couverture bleu poudre avec des étoiles et des lunes dessus. c'était ma doudou quand j'étais petite. thad construit le cercueil. j'entoure le chat de la couverture et je le dépose dans la boîte en bois. - je t'aime, bones. c'est plus facile de dire ces mots à un animal qu'à un être humain. - merci, que je dis à thad.

ça fait du bien de l'entendre rire juste un peu. ça prouve qu'elle profiter un peu des bonnes choses de la vie, par exemple, une blague nulle de ma part. - si il ne mangeait pas tes bonbons roses, c'est bien, il avait encore du goût. je la vois disparaître dans la petite maison en bois, je regarde bones. il semble en paix, il semble être partie pour un monde meilleur. salem revient avec des planches et des outils. aujourd'hui, je me transforme en prêtre et en bricoleur de cercueil. je m'assis au sol et je prends le temps de lui faire une petite boîte. alors qu'elle dit ses adieux, je me concentre à faire un trou bien carré sous un petit arbre. j'ai la réelle impression de me retrouver dans le passé, alors que anna se faisait enterrer. j'ai une larme qui remonte, mais je la cache de salem. - de rien, si ça peut rendre sa mort moins tragique. je lui souris en m'éloignant un peu pour aller la rejoindre.

je fronce les sourcils, secouant la tête. - mes bonbons roses sont très bons, tu sauras. le ton de ma voix est sec, mais ce n'est pas voulu. j'essaie juste de faire une blague. est-ce qu'un jour, j'y arriverais correctement ? je soupire, voyant mon petit bones couché dans son cercueil de bois et j'ajoute des fleurs que j'ai cueillis dans le jardin. voilà. maintenant, on ferme la boîte et thad l'enterre. quand il vient me rejoindre, j'ai le coeur lourd. - c'était le meilleur chat noir. doucement, j'agrippe la manche de la veste de thad et je m'approche un peu de lui, maladroitement, pour quémander un câlin. - moi aussi, je suis un chat noir. je fais peur aux gens et c'était mon chat de sorcière.

quand elle me dit que ses bonbons roses étaient bons, j'hausse les sourcils, car j'ai un sérieux doute sur ce fait. n'empêche que je continue de sourire légèrement. - j'ai des doutes, tu vois ? et puis, le moment d'enterrer bones est arrivé, je dépose lentement la boîte dans le trou que j'ai creusé et je dépose la terre par-dessus lui. j'ai la grande impression d'être un maître de cérémonie et je ne suis pas certain si ça me plait. - il n'avait rien de diabolique, c'était un bon chat. je reste surpris lorsque salem aggripe ma manche, cependant, je comprends le message qu'elle me fait passer, donc je l'attire dans mes bras et je la sers tout contre moi. - tu es un magnifique chat noir. je l'embrasse dans les cheveux affectueusement.

je secoue la tête et je le fusille un peu du retard, mais toujours avec une touche de plaisanterie qui essaie de se faufiler. - t'as jamais goûté, tu peux pas savoir. bien vite, pourtant, l'ambiance redevient sérieuse quand le cercueil de bones se fait lentement recouvrir de terre. mon coeur se serre dans ma poitrine et j'essaie de ne pas pleurer, parce que les vilaines sorcières, elles pleurent pas, dans les films. - oui, un excellent chat. thad comprend le message quand je tire sur sa veste et il me prend doucement dans ses bras et moi, j'enfouie mon visage dans son vêtement, trop petite pour atteindre son épaule. je me mord la lèvre quand il dépose un baiser sur ma tête, je fais comme si je m'en fichais, comme si, en fait, je l'aimais pas. je souris à sa remarque et je fais semblant de ronronner, comme un chat. puis, je retrouve mon sérieux. - merci d'être là...

je ris légèrement, c'est à peine audible, cependant, l'entendre ronronner me fait drôle à voir. je remarque qu'elle devient plus ouverte, qu'elle devient plus rigolote avec les jours qui passent. ça fait du bien à mon coeur. - comme si j'allais te laisser vivre ça toute seule. je la sers un peu plus contre moi et je cherche mes mots. je ne sais pas quoi lui dire pour la réconforter à ce moment même. en vrai, je crois seulement qu'il faut du temps pour que la plaie du coeur se referme tranquillement, peu importe le temps qu'il faut. un douloureux souvenir me revient en tête, la journée même de la mort d'anna. thad, ce n'est pas le moment, tu dois penser à salem. - bones aimerait que tu fasses quoi en ce moment ? c'est un animal, je ne crois pas qu'il doit avoir pensé à des volontés quand sa mort viendrait, mais je crois qu'il aimerait bien que salem soit heureuse dans la vie. en bon chat qu'il était.

je ferme les yeux un moment, laissant mon attention se focaliser sur les battements réguliers du coeur de mon ami. ça me rassure, ses bras autour de moi. si j'étais le genre de fille qui se laissait aller au niveau des émotions, je pense que j'aurais pu nouer mes doigts aux siens, j'aurais peut-être pu déposer un baiser sur sa joue. mais je suis pas comme les autres filles, je suis froide. pourtant, je laisse thad dégeler mon petit coeur. je réfléchis à la question qu'il vient d'ailleurs de me poser. - hmm... il voudrait que je fasse un sacrifice humain pour le ramener à la vie. je dis ça d'une voix trop sérieuse, parce que c'est drôle, faire peur aux gens. je laisse tout de même les secondes passer et j'hausse finalement les épaules. - en vrai, je sais pas. je lève mon regard pour croiser le sien. - tu veux faire quelque chose ? une manière subtile de lui demander de rester avec moi, en somme.

je soupire à l'entendre parler de sacrifices humains, mais j'peux pas m'empêcher de rire comme un fou. - si un jour, il y a un trop de meurtres qui arrivent d'un seul coup, je vais vraiment croire que ça vient de toi. je me détache d'elle tout doucement en prenant soin de rester quand même proche pour qu'elle sente ma présence. je n'insiste pas quand salem me dit qu'elle ne sait pas ce que bones voudrait, je me contente seulement d'hocher la tête. - ouais, t'as une idée en tête ? j'ai envie de faire ce qu'elle a envie, sauf de faire un sacrifice de bébé souris.

j'affiche un petit sourire en entendant ce qu'il vient de dire. j'ai un peu l'air d'une psychopathe tueuse, je l'admet, mais je m'en fiche. les petits ont peur de moi, les grands aussi. personne ne m'approche et je ne blesse personne. sauf ce pauvre thad qui m'endure encore. il a un coeur bien fort. j'hausse les épaules. - je sais pas. ma vie n'est jamais intéressante, alors trouver une activité à faire est toujours difficile. - on pourrait... regarder un film ? je me tais ensuite, réalisant que mon répertoire n'est pas très grand public. - mais j'ai que des films d'horreurs ou des trucs indépendants... soupirant, j'observe l'endroit où bones est enterré. - sinon on peut toujours rester dehors et aller n'importe où ? je l'interroge du regard. je t'en pris, thad, aides-moi à être normale pour quelques heures, au moins.

je pense à des activités qu'on pourrait faire tous les deux. je peux toujours l'emmener dans un cimetière, je ris à l'intérieur de moi même si cette blague n'est pas drôle. - tu sais, on peut toujours aller au cinéma si tu veux ? dans le pire des cas, on pourra prendre un film pour enfants. je souris et je me retourne en me mettant à marcher vers la rue. - ma vie n'est pas palpitante, je vais à l'école et je travaille, donc je crois pas que je suis l'exemple même du mec qui fait tous pleins de sorties avec pleins de potes et qui connait tout le monde. c'est faux, mon job me donne l’occasion de connaître tout le monde et c'est le cas, mais je ne sors pas plus de chez moi. je crois que j'ai perdu l'envie de voir les gens après avoir perdu anna.

au cinéma... c'est un endroit où il y a beaucoup de gens et j'aime pas les gens. mais en même temps, ça fait longtemps que j'ai pas expérimenté les sorties grand public. y'a l'hésitation qui se lit sur mon visage. - uhm, oui, on peut aller on cinéma. tant qu'il me laisse pas toute seule au milieu des gens, tout ira bien. et puis, si ça se trouve, y'aura pas des masses ? pensée positive. - un film pour enfants... je marmonne. fronçant un sourcil, je le suis et on sort de la court de ma vieille maison pour se diriger vers notre destination. - je connais marla. et puis toi. je me ronge l'ongle du pouce nerveusement. j'ai pas d'amis. avant, j'avais papa. et y'avait la vieille dame de la librairie, c'était mon amie. mais ils sont morts, alors il ne me reste plus grand chose. - et satan, aussi. je connais satan. j'essaie de maîtriser l'art de l'humour, sans grand succès. - le ciné est loin d'ici ?

je souris lorsqu'elle me parle de satan. j'ai envie de lui demander de lui passer un petit message de ma part, lui demander si anna est avec lui ou si elle est devenue un ange qui veille sur moi tout là-haut et si elle veille aussi sur salem. mon ange. - je crois que si on prend le bus, on va y être d'ici vingt minutes tout ou plus. je dois admettre que j'ai du mal sur comment deviner le temps que ça va prendre. - je t'ai déjà parlé d'anna, salem ? je la regarde en souriant.

vingt minutes de transports en commun, ça me semble raisonnable. j'hoche doucement la tête et je m'arrête près de l'abris bus pour rester en dehors. la nuit est belle, la nuit, elle est toujours belle. je fronce les sourcils quand il me pose la question sur anna. il avait vaguement évoqué des souvenirs de la jeune femme, une fois, mais jamais je n'avais osé questionner. on a tous droit à son jardin secret. - juste un peu. que je répond alors. il est beau, thad, quand il sourit. non. il est toujours beau. j'essaie de lui rendre son sourire, ça fait étrange, de solliciter ces muscles-là.

je la vois sourire, donc ça me fait encore plus sourire. - tu me fais beaucoup penser à anna à certains moments. c'est pour ça que je tiens tends à t'aider, c'est pour cette raison que je m'attache à toi peu à peu, je ne veux pas que tu la remplaces, tu n'es pas ça dans mon coeur, je veux seulement que tu sois heureuse salem. le bus arrive, on rentre tous les deux pour aller prendre place un peu au fond. - j'ai pas connu de grande mort dans ma vie tu vois, sauf celle de anna, c'était mon amoureuse. je l'aimais tellement, et je vais l'aimer le restant de ma vie, comme mon premier amour.

je ne sais pas quoi dire à ça, alors je reste silencieuse, baissant la tête pour observer mes vieilles bottes noires toutes amochées. j'essaie de chercher ce que je pourrais bien lui répondre, mais au même moment, le bus arrive. sauvée par le gong. on entre et on se dirige vers le fond. je l'observe encore quand il reprend la parole. oh. elle est morte. et elle devait être bien merveilleuse pour être sa petite amie. mon petit coeur se sert dans ma poitrine. - je suis sûre qu'elle veille sur toi. je dépose maladroitement ma main sur l'avant-bras de thad. - elle devait être bien merveilleuse, je ne comprend pas pourquoi je te ferais penser à elle... je marmonne, piétinant le sol de la pointe de mes bottes. je ne suis pas exceptionnelle. je ne suis rien.

je prends un temps de réflexion. - je ne sais pas si elle veille sur moi, j'espère seulement qu'elle n'est pas triste. je regarde ses bottes et sa manière dont elle a de cogner le bout contre le sol. - parce qu'elle avait un petit côté sombre, tu vois.

je secoue la tête. - on ne peut pas être triste, de là-haut. on est dans un monde meilleur. il m'arrive souvent de vouloir rejoindre mon père, de rejoindre les morts, de ne plus respirer. mais je ne suis jamais complètement au bord du précipice. - oh, alors là, le côté sombre, je le partage avec elle. si elle avait été encore en vie, est-ce qu'elle et moi, on aurait été amies ? est-ce que je serais aussi proche de thad que je le suis maintenant ? je sais pas, et c'est étrange.

je la regarde. - je l'espère vraiment, mais je ne sais pas ce qu'on retrouve en haut, c'est peut-être un gros désert ou le néant total. j'espère un jour mourir et la revoir, sinon, ça me ferait terriblement mal, surtout à mon coeur, elle m'a dit qu'elle allait m'attendre. - tu vois, t'es pas toute seule au fond, on est jamais seul dans la vie. puis je remarque sa main contre mon bras. - c'est la première fois que tu me touches de cette façon salem. je me mets à rire légèrement.

je ferme les yeux un moment. - je suis sûre que c'est bien plus beau qu'ici. je dis cela avec tellement de conviction... soupirant, j'ouvre les yeux et je regarde thad. - j'aurais bien aimé la rencontrer... je soupire et je remarque que j'ai toujours la main sur son avant-bras. il le remarque aussi et son commentaire me fait rougir, me faisant retirer ma main par la même occasion. - pardon, je, oui. je sais plus quoi dire et mes mots n'ont juste aucun sens, alors je change de sujet. - tu sais ce qu'il y a comme film ce soir ?