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 (parkson) ∆ « I hope you don't mind that i put down in words how wonderful life is while you're in the world. »

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(parkson) ∆ « I hope you don't mind that i put down in words how wonderful life is while you're in the world. » Empty
MessageSujet: (parkson) ∆ « I hope you don't mind that i put down in words how wonderful life is while you're in the world. »   (parkson) ∆ « I hope you don't mind that i put down in words how wonderful life is while you're in the world. » EmptyMer 8 Mai - 18:23




« When I first saw you, I saw love. And the first time you touched me, I felt love. And after all this time, you're still the one I love. Looks like we made it, look how far we've come my baby. We mighta took the long way, we knew we'd get there someday. You're still the one, you're still the one I run to, the one that I belong to. You're still the one I want for life, you're still the one that I love, the only one I dream of, you're still the one I kiss good night. »

J'ai les mains tremblantes, je sens que je vais bientôt faire un malaise, m'écrouler à terre si je ne finis pas rapidement le travail. Je suis tellement perturbé depuis près de deux semaines que de nombreux gobelets sont tombés à terre, laissant derrière eux une flaque de café que je devais chaque fois nettoyer. Ce n'était pas une question de maladresse, j'étais juste sans cesse dans mes pensées, c'était plutôt lié à un problème d'attention. Parfois les clients râlaient et ne supportaient pas ma lenteur selon mes collègues, seulement je ne les apercevais pas, ne les entendais pas non plus. J'étais tout simplement obnubilé par mes réflexions, trop concentré et trop préoccupé. Je ne parvenais même pas à être angoissé ou encore effrayé par les réactions futures de mon patron, car c'était très gênant d'avoir un serveur qui ne sait plus faire son boulot. J'avais la nette impression de ne plus faire partie de ce monde, de n'être qu'une loque sur qui on pourrait facilement marcher dessus. Je ne sais pour quelle raison cette décision me rend ainsi, certainement car elle jouera un impact important sur ma vie et mon avenir. Je ne sais pas non plus à quoi je pense réellement tout ce temps, mais en tout cas, ça a le don de me tracasser au plus haut point. Je ne dors plus, fume souvent pour me retrouver seul ; ce n'est pas qu'Aaron ou mon fils Eliott m'embêtent, ça n'a rien contre eux, j'ai juste besoin de me couper du monde, besoin de ne plus discuter et de me retrouver face à mes pensées. Je ne sors même plus, ça pourrait pourtant m'aérer l'esprit mais je n'en ressens pas envie, il n'y a que mes pensées et moi en ce moment. Quant à mon couple, je me comporte différent, je suis distant ; je crois même que nous n'avons pas fait l'amour depuis tout ce temps. Je prétends toujours être fatigué, mais au fond je n'en ai simplement pas envie. Pas qu'il ne m'attire ou ne m'excite plus, juste que je serais encore trop dans mes réflexions et le plaisir ne me submergerait aucunement. Ce qui étrange, c'est que je n'aie encore jamais été stressé, j'ai toujours eu de la facilité à m'adapter à une situation, à m'habituer aux changements, à faire face aux problèmes et aux choix à faire, sans jamais angoisser, sans jamais m'en miner le moral. J'ai arrêté rapidement l'école car l'univers angoissant n'était pas pour moi, j'ai toujours fait ce que je désirais sans avoir besoin de me préoccuper du reste, ma vie s'est toujours reposée sur un climat calme, reposant et tranquille. Pourtant, dans ce cas-là, j'ai la sensation de ne pas en arriver au bout, de ne pas parvenir à trouver quoi faire, de ne jamais pouvoir faire un choix car la difficulté est considérable et le stress m’oppresse, s'empare de moi. J'ai cette boule dans ma gorge, cette envie de vomir, ces pensées qui me tourmentent, une douleur insupportable au niveau du ventre constamment. Je n'en peux plus, j'ai la sensation de suffoquer. J'aimerais que ça se termine, j'aimerais parvenir à prendre une décision comme un vrai adulte. J'aimerais également pouvoir en discuter avec mon petit-ami Aaron, comme je l'entreprends chaque fois que j'aie un problème, chaque fois qu'il m'arrive quelque chose d'important ou non. Seulement, je ne peux pas, je n'en ai pas non plus le droit étant donné qu'il est le principal concerné sur le sujet qui m'obsède. Je pourrais en parler à mon frère, néanmoins il est assez occupé avec Nemo et son opération pour que je lui donne ce poids supplémentaire qu'est de m'écouter. Alors je suis contraint de m'en sortir seul, de m'emmêler les pinceaux avec mes pensées qui s’embrouillent. De plus, je ne suis pas quelqu'un qui pense, qui réfléchit beaucoup, j'ai souvent la tête vide, ce qui rend la tâche davantage impossible pour moi. J'attends alors impatiemment la fin de mon service pour pouvoir enfin en finir avec ce mal de crâne constant, pour donner un aboutissement à toute cette réflexion.

Je regarde fréquemment ma montre, notamment les dernières minutes de mon service. Je ne tiens plus en place, je dois terminer et rapidement. Une fois mes horaires dépassées, je retire le vêtement imposé par Starbucks et qui m'habille chaque jour, puis je me précipite jusqu'à ma voiture garée proche de mon lieu de travail, courant presque. A l'intérieur, je me sens soulagé, je pousse même un soupir d'apaisement, mon cœur est tout de suite plus léger. Être avec cette foule de clients et devoir leur demander ce qu'ils souhaitent depuis ces deux semaines me rend malade, c'est toujours un bonheur de me retrouver seul. Les rares fois où je me concentre sur ce qui m'entoure et où je me force à ne plus penser, sont pendant que je conduis. Je ne voudrais pas provoquer un accident de voiture, ni mettre ma santé et vie en danger à cause de ça. Alors je fais toujours attention de ne pas laisser mes pensées prendre trop de place lorsqu'il est temps qu'elles arrêtent de m'envahir. Je me rends donc jusque chez moi, convaincu de ma décision, prêt à la réaliser enfin. Je descends de mon Audi A3 troisième génération et monte lentement les marches du bâtiment. Je reste un instant devant la porte de mon appartement, me posant une nouvelle fois quelques questions puis je prends finalement mon courage à deux mains. J'ouvre la porte sans la fermer, j'embrasse rapidement mon petit-ami sans prendre le temps de lui dire un mot, sans prendre le temps de lui demander comment il se sent. Je pose un baiser sur la joue de mon fils et le prends dans mes bras pour marcher à nouveau jusqu'à l'entrée et le déposer chez mon frère qui habite à l'étage d'en-dessous. Je reviens finalement et toujours sans un mot, j'attrape la main de mon petit-ami pour l'attirer dehors avec moi. Je ferme la porte et monte l'étage restant qui nous sépare du toit. Une fois dessus, je me rends jusqu'au rebord afin de m'assoir dessus et d'obtenir Aaron entre mes jambes. Je le regarde, j'angoisse. Je me demande pourquoi j'ai fait ça, je commence à regretter. Dans le but de trouver quoi lui dire pour après, de me laisser un peu de temps de réflexion - comme si j'en avais pas eu assez - je lui pose une question que j'aurais dû poser dès que je l'avais vu. Il doit me prendre pour un taré, doit certainement se demander ce qu'il se passe - comme s'il ne s'inquiétait pas suffisamment ces derniers temps. « Comment s'est passée ta journée ? » tentais-je difficilement d'articuler, sans le moindre sourire, plutôt accompagné d'un visage traduisant l'anxiété. Je panique, mes mains tremblent et deviennent rapidement moites, je me surprends à jouer avec elles. Je ne me concentre même pas sur ce que peut répondre mon petit-ami, je suis plutôt occupé à trouver par quoi débuter mon monologue. Je l'entends parler malgré tout, seulement je ne pourrais pas retranscrire ses paroles étant donné que je n'aie pas fait attention à ce qu'il disait. J'entendais uniquement sa voix, mais il pose finalement sa main sur la mienne en me demandant si tout va bien. Je le fixe avec un regard quelque peu étonné, toutefois je suis avant tout embêté du fait qu'il ait remarqué mon angoisse. Je ne sais pas quoi faire, alors je prends la décision de commencer.

Je me lance sans plus réfléchir une seconde. Je dis ce qui me vient par la tête, au naturel, « avec le cœur » comme on dit, c'est toujours ce qu'il y a de mieux. « Ecoute Aaron, je t'ai fait venir là pour une raison précise, je vais enfin t'expliquer pourquoi j'étais si distant et pourquoi je pensais autant ces derniers temps. » Oui, je n'avais pas pu lui expliquer comme je l'aurais voulu, je l'avais donc inquiété et tracassé pour rien, il en était même arrivé à la conclusion que j'étais tombé amoureux de quelqu'un d'autre. Tout l'inverse de ce que j'avais prévu. « Je sais pas par quoi commencer, ahahah. » commençais-je en riant nerveusement, un drôle de début en soit. « Peut-être par notre rencontre. J'aurais certainement jamais pensé que quelques commentaires sur facebook nous aurait amené à une telle relation, mais je dois dire que j'en suis heureux, même fier. Oui, j'ai cette putain de fierté de t'avoir, cette putain de fierté de me dire que tu es toujours là après tout ce temps. Pourtant, ça n'a pas été facile tous les jours. On s'est longtemps tournés autour, tu m'as rendu dingue de ne pas me donner de réponse quant à nous deux, parce qu'il y avait ce fameux Cassandre. Je me rappelle quand tu es parti à Londres pour soit disant te ressourcer, je me souviens que déjà, tu m'avais rendu fou de toi. » déclarais-je avec un sourire triste, me souvenant alors de certains passages de notre histoire qui n'ont pas été toujours roses. J'avais souffert une semaine durant uniquement parce que je supposais qu'il ne me choisirait pas moi, un autre exemple qui m'avait donné un mal de crâne tant j'avais réfléchi aux solutions possibles. « Tu te souviens de notre voyage à Hawaii offert par Nemo ? Celui qui t'avais permis de te reposer tellement tu t'étais lessivé avec ton travail. J’ai pas arrêté de m’occuper de toi, je crois même que c’était la première fois qu’on avait échangé les rôles. J’essayais de te rendre heureux et en bonne santé. Tu sais ce que je me suis dit à ce moment-là ? Que j’avais envie de faire ça toute ma vie. » continuais-je avec le plus grand sourire, faisant la transition entre un moment heureux et des choses plus tristes. « Je sais que j’ai échoué… J’ai été le plus idiot possible, le plus con, le plus égoïste. Beaucoup de choses nous ont constamment éloignés. J'ai commencé par t'interdire de t'approcher de mon fils, chose idiote en vue de votre relation aujourd'hui, j'ai un peu l'impression que tu es son deuxième papa. Mais aussi, mes sorties qui nous ont bien séparés, surtout ma consommation de cocaïne qui a presque fait en sorte que ça se termine. J'ai eu peur d'ailleurs que tu me quittes. Même quand tu es parti en Inde, j'ai eu la sensation d'étouffer durant tout ce temps, de ne pas avoir la force de continuer sans toi. Je crois que j'ai surtout réalisé avec ton voyage, à quel point tu comptais pour moi, à quel point tu m'étais indispensable et à quel point je t'aimais. Mais maintenant on est passé au-dessus de tout ça, maintenant il me semble que tout va pour le mieux. J'ai fait le con, je me suis bien amusé, je t'ai fait tellement souffrir que maintenant je pense être prêt à avoir une vie plus sérieuse, plus stable avec toi et mon fils. » prononçais-je sincèrement, toujours en tentant le moins possible de le regarder ou observer ses réactions, au risque de me déstabiliser. Je préfère tout sortir sans prêter attention à ce qu'il peut bien penser à l'intérieur de son crâne - parce que s'il s'agit de négatif, je préfère l'apprendre qu'une fois avoir terminé. « On a eu tellement de merveilleux moments ensemble, tellement de peines, tellement de soutien... tout ça nous a rapproché, renforcé, ça nous a appris à se connaître à travers les épreuves endurées. Je pense tout savoir de toi, tant de ta vie que de ton caractère. Je pense être capable mais surtout avoir le droit de te dire que je t’aime tellement Aaron, j’ai la sensation que je pourrais jamais me passer de toi, tu vois comme une putain de dépendance ? Sauf que j’aime bien le fait que tu sois mon addiction. » C'est étrange, on dirait un grand bavard alors qu'habituellement je parle assez peu. Je m'ouvre enfin - il était temps. Il mérite tout un grand discours pour l'occasion, il mérite que je m'exprime sur tout et n'importe quoi. Il doit se demander où je veux en venir, doit être inquiet, mais je poursuis. « Je tiens à toi comme c'est inimaginable, je t'aime comme c'est indescriptible, je suis fier de t'avoir comme une fillette serait fière d'obtenir la plus magnifique des barbies, je serais prêt à faire n'importe quoi. Tout ça doit te paraître peut-être fou ou encore très niais, mais c'est clairement ce que je ressens là-dedans. » dis-je en posant mes mains sur mon cœur. « Je vais pas me mettre à genou, parce que je trouve que ça fait assez ringard dans les films, je vais juste me contenter de rester debout. » Soudainement, je quitte mon muret, me mets alors à nouveau sur mes jambes et en face de lui, car je présume que la question fatidique va arriver. « Noah Aaron Parker, veux-tu m'épouser ? » demandais-je innocemment, les mains liées aux siennes, ayant pris le soin de prononcer son vrai prénom en premier. Et comme je l'avais prévu, derrière moi, se tenait le sublime coucher de soleil.
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MessageSujet: Re: (parkson) ∆ « I hope you don't mind that i put down in words how wonderful life is while you're in the world. »   (parkson) ∆ « I hope you don't mind that i put down in words how wonderful life is while you're in the world. » EmptyLun 13 Mai - 12:38


j’aurais jamais su qu’un rire pouvait arrêter la terre de tourner


(may, 9th.)

Je détestais les jours fériés, c’était officiel. Je ne supportais pas cette impression de perdre mon temps, de ne rien avoir à faire de ma journée alors que j’aurais pu être utile à l’hôpital, utile à mes patients. Je détestais ne pas travailler, ne pas pouvoir me réfugier dans ce cocon protecteur qu’était mon lieu de travail – surtout ces derniers temps. J’aurais préféré travailler aujourd’hui plutôt que de devoir rester à la maison toute la journée. J’avais la sensation de tourner en rond, de ne pas savoir quoi faire de mes dix doigts. C’était juste intolérable. Intolérable parce que je n’avais aucune occupation qui ferait taire mes pensées, qui arrêterait le bouillonnement incessant de mon cerveau. Insupportable parce que je ne voulais plus réfléchir, plus entendre ces petites voix à l’intérieur de mon crâne qui ne faisaient que me tuer le cœur un peu plus. Je n’en pouvais plus ; j’étais au bord de l’explosion. Et même faire le ménage de fond en comble dans l’appartement n’avait rien fait – rien fait du tout. Le calme était revenu pendant un temps, puis à nouveau les doutes, l’incompréhension m’avaient envahi. Les questions – toujours les mêmes – étaient revenues me hanter. Et cette envie de vomir qui ne me quittait pas depuis des semaines. Les seuls moments de paix, de calme que je pouvais avoir étaient lorsque je me retrouvais en salle d’opération, un patient entre mes mains. J’étais alors obligé de me concentrer, de tout oublier pour ne pas mettre la vie du malade en danger. Je ne pensais plus à rien, étais entièrement dévoué à mon travail de neurochirurgien. Je n’avais pas le droit à l’erreur ; je ne me permettais aucune erreur. Cependant il était difficile de se concentrer jusqu’à en oublier l’univers autour lorsqu’on était enfermé entre quatre murs, à faire les cent pas tel un lion en cage.
Gray allait me quitter. J’en étais presque certain désormais. J’étais persuadé qu’il allait rompre d’un jour à l’autre. Depuis quelques semaines déjà, je vivais avec cette angoisse au ventre, avec la peur qu’il ne mette fin à notre relation. Je le voyais devenir distant, s’éloigner. Il était comme absent, toujours dans la lune. Il m’écoutait à peine, me remarquait guère. Il ne me touchait même plus. Plus de deux semaines que nous n’avions pas fait l’amour, qu’il n’y avait pas eu de moment de tendresse et d’intimité entre lui et moi. Soudainement, j’étais redevenu invisible à ses yeux. Je lui avais pourtant demandé un jour s’il n’y avait pas quelqu’un d’autre, si ses sentiments pour moi ne commençaient pas à s’évanouir, disparaître pour mieux naître à l’égard de quelqu’un d’autre que moi. Il m’avait assuré qu’il n’y avait que ma personne et que je ne devais plus en douter – et je l’avais cru. Je devais cependant me rendre à l’évidence désormais – Gray allait me quitter. Cette seule idée me faisait suffoquer et je sentais alors mon corps trembler mais c’était là la seule explication possible à son attitude si distante de ces derniers temps. Seulement je ne comprenais pas pourquoi. J’avais beau retourner cette foutue situation dans tous les sens, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi il voudrait mettre fin à notre relation, ce qui avait pu changer entre nous pour qu’il en arrive à prendre une telle décision. S’était-il lassé de moi ? S’ennuyait-il avec moi ? Je savais bien que notre différence d’âge pouvait être parfois un handicap mais je l’avais toujours laissé vivre sa vie, profiter de sa jeunesse. Je n’avais pas été celui qui l’avait restreint à ne sortir que deux soirs par semaine, à rester à la maison le week-end. Alors je ne comprenais pas.
J’avais envie de vomir. Comme si j’espérais que cela fasse partir la nausée montant le long de mon œsophage, j’allais me passer un peu d’eau froide sur le visage dans la salle de bains. Je me mis alors à observer en détail le reflet que me renvoya le miroir. Je n’avais pas changé physiquement, si ? Était-ce parce qu’il me trouvait moins attirant ? Après tout, il connaissait tout de mon cœur – peut-être que le brun ne me trouvait alors plus autant désirable qu’avant. J’avais aussi quelques cernes sous les yeux, mon teint était un peu plus pâle que d’ordinaire certes mais je n’avais pourtant pas changé, il me semblait. Ni grossi, ni maigri – ou alors je ne l’avais pas remarqué. Je n’avais pas non plus le moindre cheveu blanc et j’étais toujours rasé de près – sauf quelques fois où j’arborais une barbe de quelques jours mais j’avais toujours pensé que cela lui plaisait. C’était sans doute moi le problème mais je ne savais pas en quoi. Peut-être devrais-je faire plus d’efforts, être un peu plus « jeune et insouciant », plus drôle et moins sérieux ? Peut-être que j’avais fini par l’ennuyer à force de ne lui parler pratiquement que de mon travail. Et surtout, j’avais dû l’effrayer avec mes folles envies de famille. J’avais dû lui paraître pressant, étouffant même. Il n’était pas du tout prêt pour ça et je lui mettais une adoption presque forcée sur les bras. Alors il prenait la fuite. Moi qui qui pensais que tout allait bien entre nous, que nous étions même plus proches que jamais lui et moi ; moi qui pensais notre couple solide après tout ce que nous avions vécu. Je m’étais trompé, semblerait-il. Un soupir las s’échappa de mes lèvres et je me traînais à nouveau jusqu’au salon. Affalé de façon disgracieuse sur notre canapé, je n’avais plus la force de rien sinon d’attendre que le tatoué rentre du travail. Peut-être que tout ça était un effet de mon imagination et qu’il serait normal quand il arriverait.
Le silence qui régnait dans l’appartement devenait de plus en plus insupportable – même Eliott ne faisait pas un bruit. Il était facile de s’habituer à une présence, si facile de s’habituer aux rires, aux bruits, à la chaleur régnant dans un foyer. Ce chez nous semblait bien vide sans Grayson. Mais je supposais que j’allais devoir me faire à nouveau à ce silence et cette absence si le brun venait à me quitter. Ma cage thoracique sembla se refermer sur mes poumons, mon cœur à cette simple pensée. Est-ce que je serais capable de vivre sans eux ? « Pourquoi tu me fais ça, hein ? marmonnai-je pour moi-même, le regard fixé sur une photo de Langlois père et fils que j’avais prise voilà quelques mois maintenant alors que je les observais en train de jouer aux petites voitures. Pourquoi tu me fais attendre comme un idiot si ta décision est déjà prise ? Tu dis réfléchir, mais réfléchir à quoi ? Comment m’annoncer que tu ne veux plus de moi ? Pas besoin de long discours, dis-le tout simplement. Pas la peine d’entourer tout ça d’un paquet cadeau et d’un ruban. Dis-le et puis c’est tout, qu’on en finisse. Que cette torture finisse. » Je serrai les dents. Je ne demandais même pas qu’il m’explique en détail, tant pis pour les pourquoi et les comment – je voulais juste qu’il le fasse pour de bon. « ‘Ron ? » La petite bouille un peu inquiète d’Eliott émergea au-dessus de l’accoudoir du canapé et je souris automatiquement. Le petit rayon de soleil venait de réchauffer mon cœur en un seul regard. Me redressant, je tendis les bras en sa direction et il vint se lover tout contre moi. Je soupirai légèrement, sentant déjà la douleur devenir moins imposante, moins aigüe dans ma poitrine. Je le serrai contre moi, l’envie de pleurer toutes les larmes de mon corps me prenant violemment à la gorge.
Le petit bonhomme avait été un véritable soutien sans même le savoir pendant tous ces mois où je m’étais senti abandonné par son père. Naturellement, il adoucissait mes peines et me rendait le sourire en n’importe quelle occasion. Je l’aimais comme mon propre fils, je n’arrivais pas à croire que bientôt tout me serait arraché. Enlevé. Ma vie ne serait plus la même et je retrouverai alors le vide et la solitude qui avaient mes seuls compagnons de voyage des années durant. « Tu veux mettre un DVD ? demandai-je doucement avant de sentir la petite tête blonde se secouer positivement contre mon torse. » Et comme si j’espérais oublier enfin tous mes tracas en m’abrutissant devant la télévision, je laissai le petit prince mettre en route ‘Cars’ – que nous avions déjà vu une dizaine de fois déjà. Parfois, je m’amusai même à imiter la voix de Flash McQueen rien que pour le faire rire aux éclats. Et ça me faisait sourire avec chaleur aussi. J’en arrivais presque à oublier que j’attendais que Grayson rentre du travail. Seulement la réalité me rattrapa bien vite lorsque j’entendis la clef tourner dans la serrure de la porte d’entrée. Et puis, tout se passa alors très vite. Le tatoué déposa un baiser rapide au coin de mes lèvres, embrassa son fils avant de le prendre dans ses bras et de sortir de notre appartement pour y revenir quelques minutes plus tard. Sans Eliott. J’avais suivi toute la scène sans pouvoir bouger, sans comprendre ce qu’il se passait. Langlois n’avait pas même décroché un mot. Et moi, presque tétanisé, je n’avais pu ouvrir la bouche pour lui demander une quelconque explication. Pareil lorsqu’il empoigna ma main, je me laissai faire sans rien dire et, toujours sans comprendre pourquoi, je me retrouvai en sa compagnie sur le toit de notre immeuble. Il se posa, assis, sur le rebord en béton et m’attira entre ses jambes. J’avalai ma salive, une boule au ventre. J’avais soudain peur – peur de ce qui allait se passer maintenant. Je ne m’attendais même pas à ce qu’il me demande de lui raconter ma journée. Pourquoi me posait-il une telle question ? Pour noyer le poisson ?
Je haussai une seconde les sourcils, un peu étonné de le voir si nerveux. Tout son visage traduisait une anxiété telle qu’elle devait lui coller à la peau, le ronger de l’intérieur. Qu’est-ce qui le rendait si inquiet ? Encore une fois, l’idée de la rupture me traversa l’esprit et je serrai les mâchoires. Même si je n’aimais pas perdre du temps, je n’étais pas prêt non plus à l’entendre me dire que tout était terminé entre nous. Alors je décidai de répondre à sa question, malgré tout. « Eh bien, déjà j’ai tenté de faire a grasse matinée pour une fois mais ton fils est venu se glisser dans notre lit vers huit heures trente et m’a presque forcé à me lever une demi-heure plus tard parce que, je cite, son petit bidon faisait glouglou, commençai-je en riant légèrement, avec nervosité. Je lui ai donc préparé ses céréales et son jus de pomme avant de le laver et de l’habiller. Et pendant qu’il jouait tranquillement dans sa chambre, j’en ai profité pour ranger et nettoyer l’appartement de fond en comble. D’ailleurs, j’ai retrouvé le petit camion que cherchait Eliott depuis des semaines, il était sous le meuble de la télé finalement. Quand je le lui ai montré, il a sauté partout. » Il avait été si mignon à ce moment-là. « Quand je lui ai demandé ce qu’il voulait manger à midi, il a absolument tenu à m’aider pour la cuisine. Tu l’aurais vu, il a adoré la bataille de farine et puis… » Je m’arrêtai en plein milieu de ma phrase, conscient que depuis le début Grayson n’écoutait pas un seul mot de ce que je pouvais dire. Il avait l’air toujours aussi préoccupé, perdu dans ses pensées. Et je supposais que je ne pouvais plus vraiment faire semblant, remettre à plus tard ce que je redoutais tant. Alors je posai ma main doucement sur la sienne, comme pour le ramener à moi et attirer son attention – si seulement c’était aussi simple que ça. « Gray… l’appelai-je doucement. Est-ce que tout va bien ? » Et l’envie de vomir revint, plus forte que jamais. Je retins ma respiration.
Quand il commença à parler, quand il me dit qu’il allait enfin tout m’expliquer, j’eus la folle envie de hurler, de courir jusqu’à notre appartement et de m’enfermer dans notre chambre pour ne rien entendre de ce qu’il avait à me dire. Mais j’étais juste tétanisé, incapable de bouger. Obligé de l’écouter. Intérieurement, j’étais juste en train de perdre pieds. Comme de loin, je l’entendis me parler de notre rencontre sur Facebook, des premiers temps où l’on se cherchait sans jamais oser faire le premier pas vers l’autre. Il me parla de sa fierté de m’avoir pour petit-ami, malgré les difficultés que nous avions pu rencontrer. Et je me sentais encore plus perdu. Je ne comprenais pas pourquoi il me disait tout ça maintenant s’il avait l’intention de me quitter. Pourquoi il parlait de nos souvenirs communs, de tous ces moments passés ensemble, de nos hauts et de nos bas ; pourquoi il parlait d’avoir une vie sérieuse et stable. Worst break-up speech ever. Je ne comprenais plus rien et j’avais juste la furieuse envie de pleurer. Il me torturait avec ses mots, j’avais juste envie que tout se mette en place dans mon esprit. Tout ce qu’il disait me touchait en plein cœur, je ne pouvais m’empêcher de sentir mon estomac se renverser devant des paroles qui n’avaient rien d’un discours de rupture pourtant. Il me dévoilait au contraire combien il m’aimait, combien j’étais important à sa vie et dans celle de son fils. Pour la première fois depuis le début de notre relation, je voyais clairement quelle était ma place dans leur existence. Grayson me disait enfin tout ce que j’avais rêvé de l’entendre dire depuis des mois déjà. Mais tout ça n’expliquait rien de son comportement de ces dernières semaines ; tout ça ne m’aidait pas à comprendre ce qu’il se passait exactement. S’il ne voulait pas me quitter ; si nous, ce n’était pas encore fini, alors que voulait-il ? Pourquoi faisait-il tout ça ?
« Noah Aaron Parker, veux-tu m’épouser ? » Et j’eus la sensation que mon cœur s’arrêtait tout simplement de battre. Comme à l’hôpital, j’entendais presque le bip strident de l’électrocardiogramme d’un mort. Pétrifié, j’essayais d’accuser le choc. Je ne m’étais pas attendu à une telle décision de sa part, une telle initiative. J’avais probablement envisagé tous les scenarii possibles dans ma tête mais sûrement pas celui-là. Je n’arrivais pas à y croire. Langlois ne pouvait pas être là, face à moi, son regard plein d’innocence ancré au mien et ses mains lovées dans les miennes. Ce n’était pas possible, j’étais juste en train de rêver. Il ne pouvait pas me demander en mariage ; il ne pouvait pas m’offrir de lier nos vies à tout jamais. C’était juste trop beau – trop beau pour être vrai. J’avais l’impression que mon estomac allait juste se retourner dans la seconde. « Oui, m’entendis-je répondre presque à mi-voix sans même sentir que j’étais en train de pleurer. Oui, oui. Oui, oui, oui. » Je pris alors son visage en coupe entre mes mains et posai ma bouche sur la sienne un peu précipitamment, un peu maladroitement. Mon corps tout entier tremblait d’excitation, de bonheur. J’allais me marier. Avec l’homme que j’aimais. Des bouffées de chaleur m’envahissaient, me transperçaient la poitrine. C’était comme si la souffrance, la peur de ces derniers temps s’étaient évaporées en une fraction de seconde, ne laissant place qu’à une plénitude et un bien-être absolus. Était-il possible de ressentir une telle félicité sans en mourir sur le champ ? « Attends, fis-je tout à coup en me détachant de ses lèvres rougies par le baiser. Alors c’était ça ? C’était pour ça que tu étais si distant ces derniers temps, tout le temps dans la lune ? Parce que tu pensais à ta demande, parce que ça te rendait nerveux ? » Tout revenait petit à petit à sa place ; tout devenait alors clair.
Je me sentais un peu stupide, mais aussi tellement soulagé. Soulagé que tout ça ne soit au final qu’un effet stupide de mon imagination tordue. Soulagé d’enfin comprendre – comprendre que le tatoué m’aimait toujours autant. Je partis alors dans un éclat de rire nerveux, comme pour évacuer les restes d’angoisse qu’il restait au creux de mon estomac. Sans pouvoir le retenir, une ou deux larmes s’échappèrent de mes paupières pour venir s’échouer au coin de mes lèvres. « Tu sais que j’ai vraiment cru que tu allais me quitter ? repris-je entre rires et sanglots. J’ai passé toute la journée à essayer de comprendre pourquoi tu voudrais rompre. Depuis trois semaines, j’angoisse comme un malade parce que je sentais que tu m’échappais. Oh bordel… J’ai vraiment eu peur… Me refais plus jamais ça… » J’attrapai sa taille pour l’attirer à moi, collant son corps au mien et posai à nouveau ma bouche sur la sienne. Au travers de mon baiser, je murmurai doucement : « I love you… I love you so much… Yes, yes I wanna marry you… »

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