licorne. (s&s)

y'a plus rien, autour. y'a que moi, et ce sale type. j'entends vaguement la voix de sid, qui me dit d'arrêter. j'continue, sans cesse. même que j'ai pris le dessus. puis, j'sens quelqu'un entre nous, que je repousse inconsciemment. puis, cette personne tombe au sol. puis, cette personne, c'est sid. le mec est par terre. moi, j'fais plus rien. j'bouge plus. j'crois que mon coeur a arrêté de battre. j'crois que j'parviens plus à respirer. reste pas là, comme un con, shane. il y a déjà des gens, autour de sid. je m'accroupis à côté d'elle. « sid.. » j'voudrais lui dire que j'suis désolé, mais j'parviens pas à dire plus. puis, j'pense à callie. j'crois que, actuellement, je veux mourir.

c'est un liquide qui coule entre mes jambes, c'est un liquide rouge qui imbibe mon shirt. les gens crient d'appeler une ambulance, je tiens seulement mon ventre entre mes mains, ce ventre qui me fait mal. je fixe la sang qui commence à se répandre sur le sol lentement. - callie ... CALLIE ! je passe mes mains rapidement sur mon ventre, j'essaie de me lever.

tout s'écroule. tout s'passe au ralenti, dans ma tête. je n'entends plus grand chose, aussi. sauf sid, qui crie callie. j'vois du sang. j'vois un ami qui appelle l'ambulance. j'vois sid qui tente de se lever, puis quelqu'un qui l'oblige à se rassoir. puis moi, j'suis là. bouche-bée. incapable de faire quoi que ce soit. comme si j'avais perdu le contrôle de mon corps. les yeux dans le vide. jusqu'à ce que je croise le regard de sid. mes yeux se mouillent, puis j'détourne le regard. il y a le type, toujours par terre. je regarde ailleurs. cette fois-ci, c'est de ta faute, shane. c'est de ta faute.

c'est le noir, je me sens vaciller, je me sens tomber vers l'arrière, je sens quelqu'un me soutenir. je vois les gens au tour, je vois shane avec les larmes aux yeux, je vois les ambulanciers et je ferme les yeux. quand ils s'ouvrent, je ne dis rien, je sais qu'elle n'est plus là, je sais qu'elle est partie vers le ciel. le médecin arrive, je commence à pleurer en silence, mon ventre me fait mal, il y a des points de sutures. je cherche shane du regard.

tout s'déroule trop vite. sid est dans l'ambulance, j'sens la main d'un ami sur mon épaule. j'rejoins sid à l'intérieur du véhicule. j'regarde personne. j'fais juste avancer. shame. le temps avance. le médecin m'annonce qu'elle l'a perdu alors que j'attends à l'extérieur de la chambre. le sentiment qui m'hante, il est inhumain. insurmontable. j'serre tellement la mâchoire que j'en ai mal. j'suis détruit. je n'existe plus. c'est tout. j'veux juste plus exister. le médecin me suggère d'aller la voir. sauf que j'suis incapable de l'affronter. d'affronter sa tristesse. sa colère, aussi, probablement. d'affronter ma honte. de m'affronter. j'mets une vingtaine de minutes avant de me lever, et de me pointer dans le cadre de la porte, en regardant au sol. incapable de la regarder. j'ouvre la bouche pour dire quelque chose, puis la referme aussitôt. il y a ce noeud, dans ma gorge, qui m'empêche de parler.

- ... je t'aime ...

j'me mets à littéralement pleurer toutes les larmes de mon corps. j'hoche la tête négativement. « c'est pas possible. pas après ça. » j'cherche mon air. j'regarde partout, sauf en sa direction.

je lui répète. - je t'aime. j'ouvre les bras lentement, j'ai besoin de le sentir.

« sid, je peux pas.. je peux pas.. » j'voudrais courir. très loin. pourtant, c'est simple. elle m'demande simplement de la prendre dans ses bras. mais j'peux pas. j'y arrive pas. je m'avance de quelques pas, c'est déjà beaucoup. « tu vas m'laisser.. »

non, je ne vais pas te laisser, je t'aime, tu n'écoutes pas ? - je veux la voir.

le fait qu'elle ne réponde pas m'angoisse davantage. puis, elle dit ce truc.. qui m'donne juste envie d'mourir encore plus. elle n'est plus dans le ventre de sa mère, mais elle est quelque part, dans cette hôpital. morte. par ma faute. elle aurait ressemblé à qui? elle aurait eu mon caractère, ou celui de sa mère? petite, ou grande? elle aurait aimé le hockey, peut-être? et, elle aurait assurément porté le petit chandail des blackhawks. elle allait vivre. mais tu l'as tué. c'est alors que j'étouffe un « j'suis désolé », quasiment incompréhensible entre deux larmes.

je débranche les fils qui m’encombrent, je me lève et marche vers lui. shane. je ne t'en veux pas, tu n'as pas tué callie, c'est la vie, c'est moi, c'est tout. elle est partie pour veiller sur nous, pour veiller sur toi. je le sers dans mes bras, si fort que j'étouffe un crie de douleur entre mes lèvres. - je t'aime. puis je pleure, je pleure des océans.

elle s'débranche, mais j'arrive même pas à contester. elle m'serre. fort. alors j'passe mes bras autour d'elle puis j'fais de même, mais pas trop, pour pas la blesser. j'crois que je n'oserai plus jamais la serrer fort. elle pleure. moi aussi. « j'sais pas.. j'sais pas comment j'vais faire.. » pause. « .. pour vivre avec ça. »

je prends son visage entre mes mains, je le force à me regarder dans les yeux. - tu n'as pas à prendre le blâme pour la perte de callie, tu ne savais pas que c'était moi, tu ne savais pas que ça l'allait arriver, tu n'as pas fait exprès shane. je ne vais pas te quitter, je ne vais pas te laisser, je vais pas renoncer à nous. je m'éloigne et je sors de cette chambre, je supplie le médecin de m'emmener à elle et je le suis.

la regarder dans les yeux à l'heure actuelle est quelque chose d'encore plus difficile que je ne l'aurais imaginé. j'baisse le regard à quelques reprises, même. tout c'qu'elle me dit devrait me rassurer, pourtant, rien ne change à l'intérieur de moi. la même tornade est toujours présente. j'ai bien peur qu'elle ne me quittera jamais. j'dis rien, sid s'éloigne. j'la suis, jusqu'à ce que je constate qu'elle veut voir callie. je la regarder aller, mais je ne suis plus, cette fois. je ne veux rien voir. rien du tout.

shane ne suit plus, je suis continue mon chemin. je dépose mes yeux enfin sur le petit corps de callie, ce bébé qui était dans mon ventre hier encore. je passe par toutes les couleurs, je passe par tout les sentiments, pourtant, je ne fais rien, je reste en silence. quelques minutes s'écoulent et je retourne à ma chambre, je ne sais pas où est shane, je prends mes choses et je vais vers la sortie. je veux seulement rentrer à la maison, je veux seulement mourir en silence.

j'attends, encore et encore. puis, j'bouge. parce que je dois bouger. j'me promène, dans le couloir. de toute évidence, je ne tente même pas de me changer les idées. j'sais que ce serait une perte de temps. puis, j'vois sid, avec ses affaires, se diriger vers la sortie. « tu fais quoi.. ? »

- je rentre ...

« mais.. t'es pas.. en état de rentrer.. non? »

je ne réponds rien, je continue de marcher. j'attends à l'entrée qu'un taxi arrive. je me retourne vers shane. - tu rentres avec moi ?

j'sais que ce n'est pas le temps d'argumenter. alors, je ne dis rien. elle m'demande si je rentre avec elle. « j'crois que.. j'vais marcher. »

- je vais aller ranger sa chambre ...

sa chambre. sa chambre. comme c'est douloureux que de l'entendre. j'crois que mon visage en témoigne à l'instant présent. « d'accord.. » j'ai un mal de coeur terrible. « à tout à l'heure. »

je rentre dans le taxi sans dire un seul mot à shane. je le laisse marcher, je le laisse être seul, je le connais. l'appartement semble si vide tout d'un coup, ça semble si noir. je rentre dans la chambre de callie, aucune émotion, je prends des sacs, je sers ses vêtements, ses jouets, tout et tout disparais dans la rue, tout va être enfouie. je ferme la porte de la chambre derrière moi, je vais me coucher dans le lit et j'attends.

je marche. seul. l'appartement est loin, mais j'marcherais à l'infini. m'passe plusieurs fois par la tête l'idée de me jeter devant une voiture. mais j'sais que je dois me tenir debout. j'sais que je dois continuer. j'sais que j'dois passer par dessus. ce n'est pas un choix. je dois le faire. c'est tout. après une heure ou deux, j'arrive à l'appartement. j'entre. je pousse tranquillement la porte de la chambre de callie. whisky miaule, puis s'frotte sur mes jambes. vide. je la referme tout aussi tranquillement. j'sais pas pourquoi j'ai fait ça. ça fait juste davantage mal. très mal. j'ouvre la porte de notre chambre, j'regarde sid un moment. vas-y. va te coucher. j'entre, après un long moment. je garde mes vêtements, puis je me couche sur les couvertures plutôt que dessous. j'regarde le plafond en jouant avec mes mains.