licorne. (s&s)

j'enlace mes doigts aux siens, je tourne la tête vers lui, je le regarde dans le noir, je dessine ses traits, je dessine son corps et je vois sa tristesse entière. - ne t'éloigne pas, s'il te plait. reste près, ne meurt pas.

j'réfléchis. encore et encore. sa main rejoint la mienne, je ne proteste pas. « j'sais plus comment je dois vivre. j'sais pas ce que je dois faire. » mes pensées étaient trop confuses pour être exprimées. « j'ai été le pire imbécile qui puisse exister. » oh, ça oui. « tu voulais partir, toi. et si j't'avais écouté, plutôt que d'insister, on en serait pas là. »

- shane ... tu ne l'as pas tué.

« j'ai décidé de me battre. je t'ai poussé. elle est morte. »

- j'ai décidé d'intervenir, je savais que je n'étais pas en sécurité et que je risquais la vie de callie dans tout ça, mais je l'ai fais, tu n'as rien à voir là-dedans shane, tu croyais que c'était quelqu'un d'autre, ce n'est pas de ta faute.

« dans tous les cas, elle n'est plus là. c'est tout. » non. je ne lui donnais pas raison. je me tourne sur le côté, de sorte à être face au mur.

- est-ce que c'est la fin de nous ?

« non. »

je prends l'oreiller, je prends un drap, je sors de la chambre prenant soin de fermer la porte derrière moi tout doucement et je vais me coucher sur le canapé en flattant tout doucement mon ventre.

j'voudrais la coller. j'voudrais l'embrasser, lui dire que je l'aime. qu'on va traverser ce truc ensemble. pourtant, mon cerveau ne contrôle plus mon corps. alors, j'la laisse sortir de la chambre. j'bouge pas. j'culpabilise, sans cesse.

je casse un verre au sol, puis deux, une, deux, trois assiettes contre le mur. je lance tout.

fracassement. j'sais ce qu'elle fait. mais rien de tout ça ne me fait réagir. j'commence juste à pleurer, doucement. comme un enfant. puis j'mets l'oreiller contre mon visage. puis, j'gueule. « ARRÊTE! »

- QU'EST-CE QUE JE DOIS FAIRE POUR QUE TU RÉAGISSES, QUE JE ME SUICIDE, QUE JE PRENNE TOUTES MES PILULES EN MÊME TEMPS, QUE JE TE QUITTE MÊME SI JE LE VEUX PAS, QUE JE DISE QUE JE TE DÉTESTE MÊME SI C'EST FAUX ? TU VEUX QUOI ?

« JE VEUX LE SILENCE, JUSTE LE SILENCE! »

je m'appuie contre la porte. - je veux seulement que tu me prennes dans tes bras ... et je pleure en silence.

je me lève. lentement mais surement. j'ouvre la porte. j'suis juste complètement dévasté. puis, j'la serre contre moi. j'me sens si coupable, et ce sentiment s'accentue lorsque j'suis en sa présence. même si elle répète sans cesse que ce n'est pas de ma faute. j'lui ai fait du mal. et je m'en voudrai pour le restant de mes jours. « pardonne-moi. »

son t-shirt entre mes doigts, mon visage enfouie sur son torse je lui chuchote. - arrête.

« ça va me prendre du temps. » beaucoup, beaucoup de temps.

- moi qui ne voulait pas te laisser seul avec un enfant au départ ...

« il n'y aura donc pas de mini-toi. de mini-nous. à tout jamais. »

- je veux un petit nous.

j'hoche tranquillement la tête. « non.. »

- je veux un petit nous de toi, je veux élever un enfant avec toi, je veux revivre une grossesse avec toi.

je soupire. devrais-je argumenter? j'sais pas. je veux pas, c'est tout. je me défais d'elle, puis je me dirige vers la cuisine pour constater les dégâts. j'prends un sac, puis je commence à ramasser. un morceau à la fois. « j'crois pas que ce soit le bon moment pour en parler.. ou plutôt, pour me convaincre. »

je le regarde ramasser les morceaux de vitre sur le sol. - shane ... je vais aller chez moi ...