j'suis peut-être dans le couloir, mais j'entends très bien c'que le médecin dit. j'me laisse glisser le long du mur, pour finir assis par terre. j'suis figé. j'peux juste pas comprendre c'que j'ai fait à la vie pour tout vivre ainsi. et j'parle pas de choses positives. j'peux pas croire que sani va vivre tout ça. j'veux pas le croire. j'voudrais faire une pause sur ma vie, pour prendre le temps de comprendre, sauf que y'a rien à comprendre. j'respire comme il faut. autrement, j'crois que j'vais faire une crise de rage.

- qu'est-ce qu'on doit faire maintenant ... ? - pour aujourd'hui, vous pouvez retourner à la maison, je crois que ce n'est pas nécessaire de plus en parler, pas dans l'état que vous êtes, mais j'aimerais vous revoir demain pour vous parler des procédures en ce qui concerne l'opération que sani devra subir, des mois qui vont suivre et etc. je reste assis un moment à secouer la tête de haut, je me lève finalement de la chaise et sors de la salle avec sani entre les bras et je rejoins yann en déposant le petit sur ses deux jambes devant lui, tout en continuant de le tenir.

nemo arrive finalement, puis il met le petit debout devant moi, en le tenant. j'ose même pas le regarder tellement j'me sens pas bien. il est bien trop petit pour vivre ça. je me lève finalement, de peine et de misère. j'dis pas un mot. j'vais probablement craquer dans les minutes qui vont suivre. pour le moment, j'suis encore trop sous l'choc. je prends sani tranquillement, puis le mets dans sa poussette. j'prends le temps de l'attacher comme il le faut, puis j'lui donne un bisou sur le front avant de me relever.

je laisse yann déposer sani dans sa poussette, je sais qu'il se retient, alors je ne dis rien, je me contente seulement de marcher jusqu'à l'extérieur. - on va rentrer ... tout se passe dans le silence, même le retour jusqu'à la maison où je décide de conduire, une fois rendue à la maison, je prends le bébé dans mes bras et le sac et on monte dans l’appartement. je dépose sani dans son parc en lui mettant tous pleins de jouets et il commence à jouer. je me mets à pleurer et me retourne pour aller voir yann.

j'reste de glace tout le long du trajet. on sort, nemo s'occupe du petit et je l'apprécie. une fois à l'intérieur, je m'assois dans la cuisine, puis nemo met sani dans le parc, avec ses jouets. je joue avec mes mains nerveusement, puis j'vois nemo qui arrive .. en pleurant. je me mords la lèvre très fort, pour me retenir, mais c'plus possible, alors j'éclate.

yann éclate en larmes, encore plus fort que moi. je le tire doucement par le bras pour l'attirer dans mes bras et je le sers si fort contre moi en massant sa nuque. on reste dans le silence le plus complet, s'il a envie de frapper, qu'il me frappe, s'il veut crier, qu'il crie contre moi, s'il veut détester, qu'il me déteste.

j'reste dans les bras de nemo, puis j'finis par me calmer. je m'éloigne un peu, puis me passe un bras dans le visage. « à croire qu'il a mes gênes. » ha. ha.

je le laisse s'éloigner. - il va s'en sortir yann, il est fort sani et si ça se passe comme toi, ça va bien se passer son opération.

« même s'il s'en sort.. » et ma voix s'brise. « .. j'veux pas qu'il vive ça, nemo. »

je baisse le regard. - ... je sais ... mais on peut pas remplacer son coeur malade par un coeur en santé ...

j'me passe les mains dans le visage. « va falloir qu'il dorme avec nous .. »

- tu croyais vraiment qu'on allait le laisser dormir seul ... ? je le reprends de nouveau dans mes bras.

- surtout qu'il ne sait pas ce qu'il se passe ... je m'éloigne en me passant une main dans mes cheveux et je vais me verser un peu de vin dans un verre que je bois rapidement et ressers la bouteille. - on va devoir être fort pour lui ...

je regarde nemo se prendre un verre. j'fais aucun commentaire, mais j'suis perplexe. « en effet. » je monte les escaliers, puis vais m'écraser dans notre lit, aussi épuisé que notre fils. haha.

je regarde yann monter les escaliers puis je reste un moment dans la cuisine et finalement, je vais voir sani, il a besoin de prendre un bain, alors je l'emmène en haut, je passe par notre chambre. je prépare le bain et je dépose le petit tout doucement dedans.

j'entends le bain couler, puis je devine que sani y est, puisque je l'entends. je me lève, puis va rejoindre ma petite famille. je passe une main dans le dos de nemo, puis observe attentivement sani. j'me dis que ça peut arriver à tout moment. il peut partir à tout moment. je m'assois à côté du bain. p'tit homme rit et ça m'fend le coeur en deux. puis j'regarde nemo, avant de l'embrasser sur la tempe.

je souris tristement quand yann m'embrasse, puis je me concentre sur sani en lui versant un peu d'eau sur la tête, il continue de rire en tape sur l'eau avec ses mains et ça nous éclabousse tous les deux. - c'est dommage qu'il soit trop petit pour que je lui donne mon coeur ... je me pince les lèvres.

la phrase de nemo vient juste terriblement me tuer davantage. « arrête. » froid, très sec.

- c'est notre enfant yann ... tu serais pas prêt à faire ça pour lui ? à être prêt à tout lui donner pour qu'il ait toute la vie devant lui ?

« et tu penses qu'il serait heureux de savoir, en vieillissant, qu'il a perdu son père de cette manière? et tu crois qu'il serait heureux de te perdre tout court? et tu penses que ce serait facile pour moi? tu penses que j'le vivrais bien? que j'serais capable de faire ça tout seul, de passer par dessus cette épreuve-là? » je m'énerve. tranquillement, pour pas que sani s'en rende compte. « c'est pas aussi simple que de donner son coeur, et ensuite c'est réglé. c'est pas comme ça que ça fonctionne, nemo. j'aurais pas été capable de supporter cette idée si tu l'avais fait pour moi. »

je regrette tout d'un coup ce que j'ai dit, alors je baisse la tête sans rien dire. sani me donne un petite tape en souriant. - je suis désolé yann ...

sani est là, à sourire, et à jouer avec nemo. c'comme plein d'coups de couteau dans mon coeur. puis quand nemo m'dit qu'il est désolé, ça m'achève. je me retourne pour être de dos à sani, puis pose ma tête contre mes genoux. j'chuchote que ça va.

j'appuie une de mes mains contre son genoux tout doucement. - va te coucher ... je vais m'occuper de vous deux. j'essaie de lui faire un sourire rassurant.

je renifle, puis me lève lourdement. « occupe-toi de lui. j'vais survivre seul. »