siberia (isamba)

un. deux. trois. je cogne. je cogne de nouveau, car il y a aucun signe de vie, et j'ouvre, la porte n'est pas barrée et c'est logique car je viens de l'ouvrir. - isa, tu es là ? peut-être qu'il dort, j'entends de l'eau couler dans l’appartement. - c'est coumba le chat. j'avance et puis, il est là, couché dans son lit, il dort. je souris et je vais fermer le robinet dans la salle de bain, revenant pour me coucher avec lui.

j'dors jamais, moi, d'habitude. cinq heures dans une nuit, ça me suffit. et là, j'ai passé la journée entière dans ce lit. à m'réveiller. à espérer me rendormir. à me rendormir. à m'réveiller. et à encore espérer me rendormir. puis, j'entends la porte ouvrir. coumba le chat. j'ferme les yeux. la voilà qui est dans mon lit. j'bouge pas. même pas d'un poil. « salut. » je baille. « t'es venu voir ton amoureux? » lol. tu peux toujours rêver, isa.

il a de ses petits yeux, s'il n'était pas couché, je serais porté à croire qu'il vient de fumer. - oui, parce que mon amoureux ne donnait plus signe de vie depuis quelques jours, et que donc, son amoureuse commençait à s'inquiéter un peu. je me sens mal avec tous ces vêtements, j'enlève ma chemise ne restant qu'en camisole, mes chaussures et puis mes bas. - t'as fait dodo toute la journée ?

j'souris, malgré tout. « j'travaillais sur le plan de ma future maison. tu sais, quand je serai riche et célèbre. » j'travaille toujours sur ce plan. jour et nuit. on n'peut pas vraiment dire que c'était pour ça que je ne donnais plus signe de vie, mais on va faire semblant. j'hoche positivement de la tête à sa deuxième question. « mouais. quand on ne dort quasiment jamais, ça fini par nous rattraper. » deuxième petit mensonge. « et toi, t'as fait quoi aujourd'hui? »

sa future maison, je sais qu'elle va exister. - tu m'as jamais montré les plans, il faudrait un jour, peut-être qu'on va se marier et je dois te dire ce que je désire. et puis quand il me dit qu'il essaie de rattraper son sommeil manquer, je sais bien que c'est un mensonge, encore une fois, il croit que je ne le connais, qu'on est amis, mais qu'on ne sait rien l'un de l'autre. pourtant, je ne dis rien, je laisse passer. - je suis allée faire du surf et je suis revenue pour manger, et maintenant, je suis avec toi.

« tu peux regarder si tu veux. ils sont sur ma table à dessin. juste à côté. » on va jamais se marier. j'ai quelque chose en trop, pour toi. un nispé. u know. « j'vais te faire une grande salle de bain et un walk-in. mais pour l'instant il n'y a que l'extérieur. » ça fait cinquante fois que je recommence. cette maison va forcément être à mon goût. « oh. cool. tes parents, ils ont dit quoi, d'ailleurs? de moi? »

je me lève pour aller voir et regarde les détails attentivement, je dois avouer que je ne suis pas impressionnée, car je m'entendais pas à moins d'isa, je sais que ça va être quelque chose de grandiose. - c'est parfait, elle est simple, mais les détails font qu'elle va être unique, wow. je me retourne et viens me coucher près, de lui, en fait, je me colle à lui. - t'es réellement mon ami ou tu fais semblant de l'être ? parce que je veux pas d'une grosse salle de bain ou d'un walk-in, moi j'ai envie que tu fasses une cuisine avec DEUX réfrigérateurs. mon menton contre son torse, je plisse le nez, réfléchissant sa question pour lui donner une bonne réponse. - ils te voient comme le père de mes enfants, c'est bien hm ? non, en fait, ils sont heureux, ils t'aiment bien et ils trouvent que tu me mérites, que peut-être tes anneaux étaient de trop, mais qu'ils te jugeaient pas pour ça.

je souris un peu à ses commentaires. « heureux qu'elle te plaise, donc. c'est loin d'être terminé. j'recommence tout le temps. j'suis un éternel insatisfait. » et ça commence à m'déranger profondément. j'me dérange. très fort. mais d'habitude j'le vis bien. « deux réfrigérateurs, alors. mais c'est pas moi qui les dessine, ceux-là. » elle vient s'coller. peut-être bien un peu trop près pour mon petit coeur. « cool. j'aurais dû devenir acteur. » '''acteur'''.

- peut-être qu'à un moment, tu vas te rendre compte que tout n'est pas parfait et que parfois, il faut bien s'arrêter et tu vas être heureux quand même. peut-être qu'à trop chercher la perfection, il va passer devant un truc qu'il va le rendre heureux. - je sais, mais tu peux faire un petit espace pour moi, pour les réfrigérateurs. je fais des dessins sur le bout de mes doigts contre son torse. - architecte te va mieux, en toute honnêteté.

« peut-être. ne sait-on jamais. » en même temps, ce n'est pas comme si j'allais pouvoir l'avoir maintenant. « d'aaaaccord. t'auras ton espace double-réfrigérateur. » qu'est-c'qu'on ne ferait pas pour une femme. elle dessine contre mon torse. j'ai envie de lui dire d'arrêter. parce que là, c'est mon cerveau qui n'arrête pas. parfois, j'ose croire que peut-être qu'elle n'est pas si lesbienne que ça. mais bon. j'me ramène vite sur terre. « tu trouves? moi aussi je trouve. »

- peut-être que moi, je devrais venir politicienne tu vois ? puisque je sais mentir et que j'arrête pas de mentir ? je ris tristement. - t'as envie de manger un truc ? j'arrête de dessiner pour le regarder attentivement lui aussi, comme son dessin.

« tu me mens, à moi? » j'souris. « j'ai pas faim. mais tu peux fouiller, si t'as faim. »

- non, à toi, je te mentirais jamais. je le regarde comme au souper, pour qu'il voit que je suis sincère, avant de me lever. - d'accord, je reviens. je pars dans la cuisine pour aller me faire une sandwiche aux bananes.

« c'est une bonne chose. » toi, par contre, tu lui mens tout l'temps. « va. » elle revient, au bout d'un moment, avec un genre de.. sandwiche. aux bananes. aaah, coumba. « alors, il s'passe quoi, avec la fille? »

je reprends ma place dans le lit, tentant de ne pas échapper une banane dans le lit. - tu veux savoir quoi en particulier ? je me liche le doigts plein de beurre d'arachide et mange comme si je n'avais jamais mangé de ma vie, c'est ... si bon.

j'tourne le couteau dans la plaie moi-même. j'suis tellement intelligent. « j'sais pas.. ça.. avance bien? j'veux dire.. vous vous voyez souvent? »

- pour être honnête, je ne sais pas où on s'en va, on laisse les choses aller. et oui, on se voit fréquemment, plusieurs fois par semaine, mais je crois qu'elle veut seulement une amitié. j'hausse les épaules.

d'une manière ou d'une autre, elle aime toujours que les filles, donc ça change rien pour toi. « elle.. aime les femmes elle aussi? »

- tu crois qu'elle me fréquenterait si elle n'aimait pas les femmes, isa ? je ris à sa question.

« c'est que j'vois pas comment c'est possible de ne vouloir qu'une amitié avec une fille comme toi. »

- et c'est ton cas ? est-ce que je viens de le coincer ?

« t'es lesbienne. »

- je dois prendre ça pour un oui, ou pour un non ? je termine mon sandwiche.

« j'ai jamais pensé à plus parce que j'savais que c'était inutile. » lol.

- ça serait bien que tu arrêtes de me mentir, tu vois, je te dis la vérité en tout temps, alors je vois pas pourquoi, toi, tu me caches des trucs. c'est comme ça que tu vois une amitié ? basée sur le mensonge ?

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