NO (KOFFLO)

- oh arrête, je suis pas si pire que ça. je passe ma main dans mes cheveux. non, j'suis pas si pire. j'ai seulement un peu de chance d'être encore vivant et d'avoir mon pénis. une des filles au comptoir dit que c'est à notre tour. je me lève, je prends mon sac et je donne mon billet avec mon passeport. j'attends florence de l'autre côté.

si, koffi, t'es si pire que ça. je ris un peu puis je me lève aussi pour aller mener mon billet et mon passeport. bon. c'est le grand décollage, alors. et j'stresse beaucoup. vraiment beaucoup. j'vais devoir prendre l'avion. j'ai peur. koffi, aide-moi?

aller, je vois dans tes yeux que ça va pas du tout, viens prendre la main de grand frère koffi, comme que tu faisais quand t'étais plus jeune et que t'avais peur. je me suis toujours donné le rôle de protecteur envers florence, peut-être parce que c'était le plus jeune, le plus petit de nous trois, je sais pas du tout. je prends sa main et je le tire jusqu'à dans l'avion.

je suis tellement stressé que je crois que j'pourrais rester planté sur place et ne plus bouger. ou faire demi-tour et rentrer chez mes parents et ne plus jamais mettre les pieds dans un aéroport. jamais jamais. mais koffi me prend la main et me tire. je me sens comme un enfant, comme quand on était plus jeunes. j'prends une grande inspiration et le suis tranquillement. « t'es sûr qu'on va pas mourir hein? »

- florence, il y a je ne sais combien de vols par jour dans le monde. des milliers de gens arrivent bien vivant à leur destination, alors, tu vas pas mourir, je te le promets, au pire, tu me tueras lorsqu'on sera mort, c'est pas grave. c'est ici que ça devient plus complexe pour nous deux. - vieux, faut se décider maintenant pour notre plan des sièges. parce que faudra pendre nos place et ça risque d'être la merde.

« et les avions qui se perdent, comme ceux de la malaysia airlines, t'y penses? » hm. je commence à devenir parano. « hm. ouais. j'sais pas, on fait comment? »

- oh arrête flo, je te dis que ça va bien aller. je pense très fort à un plan. - tiens encore ma main et fais comme si t'étais un peu retardé. t'es bon là-dedans. je ris pas trop fort, pour pas apporter des regards et pis des doutes sur nous.

moi, un retardé? « connard. » je lui chuchote. j'ai envie de rire, aussi un peu. mais je fais comme il me dit, je le suis et puis je regarde mes pieds. ça devrait le faire, normalement.

j'approche de l'hôtesse de l'air de tout à l'heure. je lui explique que mon petit frère a un léger retard mental, que je devais aller tout seul, mais que j'ai décidé qu'il allait m'accompagner alors on se retrouve tous les deux à deux sièges différents dans l'avion et que ça serait bien qu'on soit ensemble tous les deux. je lui fais un peu de charme et le tour est joué, on se retrouve les deux au même endroit. - t'as vu, c'est de la magie.

je l'écoute faire son speech à l'hôtesse et j'ai très, très envie de rire. je me retiens, je regarde juste mes pieds comme si c'était super intéressant. et ça marche, elle nous place à côté. « ton petit frère retardé.. t'aurais pu trouver mieux quand même, un peu plus sexy. y a peut-être l'amour de ma vie dans l'avion, et maintenant elle va croire que j'suis retardé. » mais je ris, maintenant. beaucoup, de tout ce que je me suis retenu.

- l'amour de ta vie va t'aimer même si t'es un attardé, crois-moi. pauvre florence, il va finir sa vie dans un rôle de mec retardé. ça sera le gros love, je le sens. j'envoie quelques sms à juice avant qu'on me demande le mettre en mode avion. - tu sais combien de temps ça va nous rendre nous rendre là-bas ? ouais, parce que sinon, faudra se trouver des petits jeux lui et moi.

comme il est horrible avec moi. j'suis pas un attardé voyons. mais ça me fait rire, au moins. c'est déjà ça. « hm un truc comme six heures j'crois. » j'hausse les épaules. on n'aura qu'à dormir, au pire. « t'envoies des SMS à juice? vous en êtes où? » ouais je l'espionne.

six heures, eh merde. va avoir le dîner, c'est pas si mal. - j'ai apporté ma tablette, on jouera à des jeux de merde si t'as envie. pas candy crush, ça non. il me demande pour juice, j'hausse les épaules. - je sais pas, elle sait que je l'aime et que je suis amoureux. elle veut pas d'un autre, mais elle me veut pas moi, elle veut pas être en couple, mais elle veut que je sois avec elle,. p'tain, moi qui me disait que c'était la fille la moins compliqué, c'est loin d'être le cas. je soupire.

des jeux, c'est une bonne idée. j'acquiesce de la tête. j'aurais dû prendre un sac à dos avec mon pc pour regarder des films au lieu de le laisser dans ma valise. tant pis. j'ris un peu. elle est compliquée, sa française. « ouais. enfin, tu lui as quand même dit que tu l'aimais et elle est pas partie. et elle continue de te voir et de voir personne d'autre, alors.. vous êtes un peu ensemble pas officiellement quand même. » koffi en couple. koffi amoureux. c'est inattendu, quand même.

- ouais, je sais pas. elle m'a dit qu'elle restait pour moi, mais j'sais pas du tout comment le prendre. elle veut rien d'une vie de couple, alors j'me dis que c'est peut-être juste de passage tu vois. ah et pis merde, à la fin, pourquoi je m'embrouille l'esprit avec ça ? je fais la tête. c'était plus simple quand je chassais et puis c'était tout. mais je suis plus heureux qu'avec elle. l'amour, c'est con.

« elle reste pour toi? elle va pas rentrer en france? et tu crois encore que c'est que de passage, là? ooooh, koffi, t'es trop mignon. » je ris. j'me moque de lui un peu, parce qu'il est perdu. et puis j'le trouve adorable, vraiment. j'suis vraiment heureux pour lui. j'lui secoue les cheveux.

moi ? mignon ? je le regarde incrédule. - t'as vraiment dit que j'étais mignon ? ah non, je peux pas comprendre comment il a fait pour me dire que j'étais mignon. je tape sa main dans mes cheveux pour qu'il me fou un peu la paix avec ça. - je t'ouvre mon coeur et toi, tu te fous de moi. je fais la moue.

il me tape et je ris encore. j'y peux rien. je me moque qu'à moitié de lui. « allez, fais pas la tête, c'est pas méchant que je te dis ça. c'est juste que ouais, t'es mignon. elle te dit qu'elle veut que toi, qu'elle voit personne d'autre, qu'elle reste à l'autre bout du monde loin de sa famille juste pour toi, et t'arrives encore à t'imaginer qu'elle ressent rien pour toi. c'est naïf, c'est tout. » mais c'est mignon.

- je suis loin d'être naïf ! c'est seulement que tu vois, elle pourrait dire directement si elle ressent un truc pour moi au lieu de tourner au tour du pot, déjà que j'aime pas quand les gens font ça, mais en plus avec des sentiments et en plus que ça m'implique, y'a de quoi à me rendre fou. bon, l'agent de bord nous demande de mettre nos ceintures, d'éteindre tous nos appareils électroniques car nous allons décoller. je prends la main de florence dans la mienne et j’enlace mes doigts avec les siens. - t'prendras des grandes respirations et tu avaleras souvent, ta salive, pour déboucher tes oreilles. mode grand frère, on.

j'hausse les épaules. - ouais mais t'es bien placé pour savoir que c'est pas facile de dire ses sentiments.. j'sais pas quoi lui dire de plus. on nous dit de mettre nos ceintures qu'on va décoller et je commence à paniquer à l'intérieur. ça doit se voir parce que koffi me prend la main. j'ai l'impression d'avoir dix ans de moins ahah. j'aquiesce et puis je fais comme il dit, je prends de grandes respirations et j'avale beaucoup ma salive. mais bon, ça me calme pas vraiment.

il se calme pas. bon, l'heure est grave. une hôtesse s'approche lentement et me demande si ça va. je lui dit que non, et que j'aimerais avoir trois petites bouteilles d'alcool. petit sourire charmeur, elle part et revient avec les bouteilles. je les donne subtilement à florence. - tiens, pour toi. ça va le calmer un peu, le petit handicapé, haha.

j'entends à peine ce qu'il se passe entre koffi et l'hôtesse, je suis trop concentré pour ne pas paniquer, même si entre nous, ça marche pas super bien hein. finalement koffi me donne trois petites bouteilles d'alcool et j'hausse un sourcil. - tu veux m'assommer et que je dorme? j'sais pas si je serais mieux si je dormais en fait. j'aurais un réveil douloureux, mais tant pis. je prends la première bouteille et la bois cul sec.

- non, c'est pour te calmer. qu'il respire un peu et qu'il reprenne des couleurs, ça serait bien je crois. je continue de lui tenir la main et je me dis qu'une fois en-haut ça va mieux se passer, l'avion sera stable et florence un peu dans les vapes, ça va. je ris.

ça se tient ce qu'il dit. j'hausse les épaules et puis prends une autre bouteille et la vide cul sec aussi. ahah. ouais, ça calme un peu. - c'est un joint qu'il me faudrait pour me calmer pleinement.

bon petit, moi et madd ont t'a inculqué les bonnes valeurs. je lui tapote la tête avec ma main. - p'tit con, me parle pas d'un joint, je vais penser à ça jusqu'à la fin. voilà, j'y pense, et puis merde. ça serait si bon. on arrive enfin dans les airs et on peut se débarrasser de nos ceintures, parfait, bonne nouvelle !

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