NO (KOFFLO)

- tu vois, ce plan a plus de chance de fonctionner que si tu dragues l'hôtesse. je lui fais un petit clin d'oeil et je trouve enfin notre truc d'embarquement pour nos valises et tout le reste. - tiens, nous on est là-bas. je lui pointe et on se fou en ligne. - je vais devoir aller fumer avant d'embarquer, parce que je suis pas certain de survivre tout le vol sans une clope avant. je vais mourir.

j'souris et lui fais un doigt d'honneur plein d'amour en même temps. j'aurais très bien pu la draguer l'hôtesse si j'veux, même avec ma tête. j'pourrais la pécho dans les toilettes de l'avion, même. c'est juste que j'veux pas. on arrive, on dépose les valises et tout, et tout. « hm. bonne idée. une clope ou même deux, j'crois qu'on a du temps devant nous. »

on fait nos trucs, je fais des beaux sourires à la petite dame derrière le comptoir et on sort de la ligne. - deux, ça serait plus juste, questions que nous poumons crèvent un peu plus. je dis ça comme ça. j'ai mon sac sur le dos pour survivre et on sort à l'extérieur. j'allume la mienne et je passe mon briquet à florence. - j'espère juste un truc, c'est que tu vas revenir heureux de là-bas.

« nos poumons n'sont plus à ça près je crois, maintenant. » ouais, vraiment. avec tout ce qu'ils ont enduré, déjà. les pauvres. je laisse toutes mes affaires, je garde juste mon paquet de cigarettes et on va dehors. je prends son briquet pour allumer la mienne puis j'lui rends. « sincèrement, j'espère aussi. ou au moins pas plus malheureux que maintenant. » même si ça serait difficile vu mon état.

je sais pas pourquoi, mais je me dis que ça serait bien qu'il rencontre une fille là-bas et que ça soit le coup de foudre ou je sais pas en fait. tourner la page, déjà, ça serait bien et encore, je sais pas. le plus pire dans tout ça, c'est que je sais que loma et madd se fréquentent, alors je suis encore plus triste pour florence, mais bon, c'est différent, je crois. - je crois que tu pourras pas être plus pire, à moins que t'attrapes le sida. là, ça pourrait pas être pire.

je ris qu'il me parle d'attraper le sida. pourtant, j'devrais pas rire. mais ça me fait rire quand même. « t'en fais pas pour moi, j'couche pas sans capote. puis de toute façon, on n'en meurt plus vraiment du sida, maintenant. même si je l'ai, j'mourrais d'un cancer du poumon avant, ou d'un accident de moto, tu sais. » j'hausse les épaules.

- vieux, si t'as le sida, coucher avec une fille sera plus difficile, c'est un peu comme te retrouver seul au milieu d'un champ de bataille, entourer de cent ennemis et que le seul truc que t'as pour te défendre, c'est un couteau suisse. et mon bébé florence pourra pas faire des petits bébés, non, je veux être oncle moi et voir ses petits bouts courir partout et lui mener une vie pourrie. héhé.

je ris très, très, très fort. « un couteau suisse, putain t'es con. si c'est ça, si j'ai le sida, j'me ferais moine dans une église. » pis comme ça, pas de risque avec mon couteau suisse. tout le monde sera tranquille.

je ris aussi, un peu comme un attardé. - tu serais beaucoup trop malheureux si t'étais un moine. non, en fait, je sais rien du tout sur la vie d'un gars qui a le sida. ça doit juste être triste. - au fait, sur le coup, je croyais que l'indonésie c'était à côté de l'inde. je ris. je suis con.

« j'en sais rien non plus, et j'nous le souhaite pas de savoir un jour, t'sais. » ça doit vraiment être l'horreur. j'voudrais jamais vivre ça. « mais. noooon. c'est juste au-dessus de l'australie. t'es nul en géographie. » je ris. il va me manquer, mon bro.

- tu sais, je crois que le truc c'est de se caser avec une fille sans rien et puis voilà, pas de sida. moi et mes solutions intelligentes. faudrait seulement que juice soit d'accord pour rester qu'avec moi, ce que je crois impossible. - c'était pas ma meilleure matière à l'école, je le cache pas. tu vas dormir où, au fait ? toujours au fait.

« ouais.. encore faut-il trouver la fille pour se caser, hein... » loma, elle avait pas le sida, elle. on était casés, avec loma. hm. bref. « dans un genre de petit appartement dans un bâtiment pour les éducateurs, et je paye rien. vu les photos, ça a l'air sympa. mais vraiment petit. » on verra bien, au pire. de toute façon, j'vais y vivre seul, c'est pas important.

- t'avais ta fille, mais t'as été con. j'hausse les épaules, faut dire la vérité parfois. même si je suis heureux que madd fasse plus sa gueule de déprime, mais là, c'est au tour de florence. je pouvais pas avoir eu une petite soeur avec une jumelle ? non, je devais avoir que loma. loma et lama. je ris tout seul. - je vais m'acheter un sac de couchage pour le sol. je termine ma première cigarette et j'allume ma deuxième.

je lui réponds même pas. oui, j'ai été con, merci de me le rappeler pour la centième fois aujourd'hui, koffi. c'est si gentil. j'écrase ma cigarette pas finie, j'en veux plus. en fait, je me retiens de récupérer ma valise et retourner voir loma et lui demander de me pardonner. mais c'est trop tard, pas vrai? « tu vas pas vouloir dormir dans le même lit que moi? j'suis vexé. »

- t'as un lit simple ou t'as un lit double ?

« un lit double. quand même. »

- si c'était un lit simple, j'aurais dit oui pour dormir avec toi et coller mes pieds froids dans ton dos. je suis contorsionniste. j'me serais fait battre à mort pour avoir fait ça, mais je pense que ça vaut la peine que j'essaie. si c'est pas florence, c'est juice ou madd qui avoir droit à ça. les chanceux. j'écrase ma cigarette sur le sol et je me retourne vers florence. - il reste combien de temps ?

« si t'avais fait ça je t'aurais fait manger tes pieds froids, puisque t'es contorsionniste. » brrr, ses pieds froids dans le dos, ça va pas? je regarde ma montre. « hm. vingt minutes. juste assez pour s'occuper de l'hôtesse de l'air. »

- t'aurais pas pu, si tu me fais manger mes pieds, je peux plus marcher après. ouais, c'est logique mon truc. je le regarde regarder sa montre. - aller, c'est l'heure de partir et je vais te regarder à l'oeuvre, je t'ai jamais vu dragué. j'étais trop concentré à chasser de mon côté aussi.

« mais si, mais si. t'aurais juste fini dans un fauteuil roulant. » sexy koffi à roulettes. je ris un peu. je m'étire puis on commence à retourner dans l'aéroport. « oh, ça va être le moment où le grand koffi va m'dire si j'suis un bon chasseur ou pas. »

- OH, ouais, ça serait génial. je vais faire des cascades. bon, c'est décidé, j'vais mettre mes pieds dans ton dos. je lui fais un petit clin d'oeil et j'passe mon bras au tour de ses épaules. on marche collé tous les deux. un couple nous regarde vraiment étrange. je les fixe. - t'as vu, ça va être ton examen de ma part. le couple nous regarde encore. je me retourne. - eh oui, c'est mon copain, vous pouvez arrêter de lui regarder le cul. non mais ! je vais frencher florence.

j'ris un peu. il est vraiment con, celui-là. il met son bras autour de mes épaules et puis j'tiens un peu sa main avec la mienne. un couple gay, un joli couple gay. « j'ai intérêt à pas louper mon examen. » j'le vois se retourner, puis dire que j'suis son copain. je sais pas à qui il parle, alors j'comprends pas tout. et j'vois le couple au regard bizarre. puis il m'donne un french kiss. j'ai un peu envie de rire, mais j'fais juste lui rendre son baiser. « les gays sont partout, faites gaffe, votre fils le sera peut-être aussi! » vu la tête que fait la dame, ça doit pas lui plaire ce que j'viens de dire. ahah.

j'aime quand florence participe à mes trucs débiles que j'ai en tête. parce que sinon, ça serait pas drôle. - ah, coquin ! ce qu'il est drôle mon chéri ! je fais le truc de la main vers la dame et lui envoie un baiser soufflé avant de lui faire un beau doigt d'honneur et de marcher ailleurs sans lâcher florence, non, même que j'ose lui prendre une fesse. - je savais que t'étais gay au fond. je l'ai toujours su. même à son plus jeune âge. c'est pas grave aimer les pénis.

la pauvre dame, on la terrorise, on la martyrise presque. si ça se trouve, elle aime bien les gays mais nous on ferait un couple terriblement moche. je ris un peu qu'il attrape ma fesse. mais non, j'ai pas de tendance gay. tu racontes n'importe quoi. je ris un peu encore.

- moi qui pensait qu'on aurait pu, t'sais, aller faire des trucs dans une cabine. je fais comme si j'étais triste alors que c'était pas trop le cas. j'aime les fesses, ceux des filles, surtout celles de juice. je me mords la lèvre à cette pensée. abstinence pendant une semaine, c'est triste.

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